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Cela fait des semaines que le journal du Médecin en parle, que des députés questionnent la Commission santé fédérale. Pourtant, sur le terrain, la situation ne s'arrange pas. " Il y a des problèmes aigus qui persistent et des problèmes structurels pour lesquels il n'y a pas de solution ", explique le Dr Guy Delrée, entouré d'un panel de médecins représentants les postes de garde wallons. Car l'ire est collective. Tous sont d'accord pour dire que le 1733 est une plus-value pour la médecine générale. Mais la circulaire du 21 novembre et les nombreuses mises au rouge agacent. " Le 21 novembre, nous avons reçu une circulaire qui nous impose une nouvelle organisation. Cela s'est fait sans concertation. Pourtant, cette réorganisation nous impose des coûts qui ne sont pas pris en charge par l'Inami. Or, les PMG sont exclusivement financés par l'Inami. Nous ne pouvons engager aucun coût sans son autorisation ", détaille Guy Delrée. " Surtout, cette circulaire met quelques coups de canif dans le projet 1733 puisque, notamment, nous devions accepter les patients sans tri, donc sans xml (fichier informatique qui reprend les informations du tri réalisé par le 1733, NdlR) et rendre les numéros des PMG publics, ce qui est un non-sens. Ces deux éléments permettraient aux patients de passer outre le tri, et rendraient de facto le 1733 obsolète. "" Le pire ", enchérit le médecin marchois, " c'est que, dès le 1er mars, date d'entrée en vigueur de la circulaire, le SPF Santé publique a envoyé à certains responsables des PMG un e-mail expliquant qu'il n'avait pas reçu de réponse en fonction de l'ajustement prévu par la circulaire. " Cela a forcé les PMG concernés à retourner en phase O, soit à une absence de tri. " Cette manière de procéder est absolument scandaleuse. Le SPF Santé publique ne s'inquiète pas de savoir s'il y a un plan B, de comment les citoyens peuvent trouver un médecin ou de comment ces derniers vont pouvoir s'organiser. C'est d'autant plus scandaleux que, par exemple, les sept PMG de la province de Luxembourg et de l'arrondissement de Dinant ont reçu ce mail alors que tous les ajustements demandés avaient été réalisés et que cela a été signifié. Ce mail a donc été envoyé par erreur. Le 1733 a donc été coupé, le jour même, par erreur. Il faut reconnaître que très vite, l'erreur a été remarquée et une solution a pu être trouvée. Mais ce n'est pas la première fois que le 1733 est coupé de manière sauvage, ou que des répondeurs sont réalisés de manière erronées. "Le 1733 a vécu des mises au rouge par manque de personnel à de nombreuses reprises ces derniers temps, exclusivement dans l'Est de la Wallonie (voir carte). " Je compatis avec le personnel du 1733. À la centrale d'Arlon, ils étaient 19 préposés sur un cadre qui doit en compter 38. On ne peut donc pas les blâmer ", reconnaît le Dr Delrée. " Mais les mises au rouge étaient fréquentes et imprévisibles. Parfois, nous étions avertis. Parfois pas. Il n'y avait pas de plan B. Des soins ont donc dû être différés. "De plus, lorsque le 1733 est au vert, il est, la plupart du temps, " pseudo au vert ". " Trop souvent, un seul opérateur est présent pour décrocher le 1773 sur l'Est de la Wallonie. Cela provoque des délais d'attente parfois énormes. Cela ne permet pas un tri de qualité. "" Il y a un manque de vision globale, partagée, concertée ", conclut le Dr Delrée. " Il faut réfléchir ensemble. 1733 et PMG sont les maillons d'une même chaîne. De plus, le 1733 et la gestion de la garde ont un impact sur l'attractivité et la rétention des médecins généralistes. Enfin, tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut une garde pertinente, qui offre de la sécurité, de la qualité et une rémunération digne pour les médecins. Force est de constater qu'on ne se dirige pourtant pas vers cela. On s'en éloigne. "En médico-mut, le lundi 6 mars, suite à la pression des syndicats, il a été décidé de débloquer un budget (de 500.000 à 750.000 euros, à préciser) pour pallier les manquements du 1733 et ce, par deux options possibles : soit recours à un opérateur extérieur comme Captel ou Allô Santé (demandes de plusieurs PMG liégeois), soit via le financement d'un accueillant pour plusieurs PMG (préfigurant les futures coopérations fonctionnelles), comme le souhaitent certains PMG dans d'autres parties de la Wallonie.