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Médecins, soignants et tous les citoyens, devraient s'intéresser à l'économie d'un point de vue d'utilisateurs, comme les malades à la médecine. Je vous invite à suivre la circulation de l'argent de la base au sommet du système médical belge (lire jdM n°2662: Le système B ou surréalisme belge: protection et liberté). Les gens choisissent sur base de la qualité technique, de la qualité relationnelle et du prix. Les plus serrés financièrement ne manquent pas d'options: aller aux urgences, s'inscrire dans une maison médicale, s'adresser à des institutions pratiquant les tarifs conventionnés ou à un prestaire compréhensif. Les plus soucieux de dialogue veulent une médecine personnalisée, souvent plus chère, mais pas toujours. L'argent de la santé afflue par de nombreux canaux pour aboutir dans de nombreuses poches. Le patient paie le médecin. Comment se forme le prix? D'un compromis entre la valeur perçue par le patient-client et la valeur estimée par le médecin. Cet exemple, caricatural, sert ici à analyser la négociation implicite entre les deux parties. Les caractères jouent un grand rôle quand il s'agit de payer ou de se faire payer. Le médecin peut abuser ou non de sa position. Certains n'hésitent pas à imposer des prix élevés à tous, d'autres ajustent leurs tarifs aux moyens du patient, non sans risque de se tromper, surtout au premier contact, d'autres considérant le métier comme un sacerdoce ou mal à l'aise avec les questions d'argent, ne demandent jamais très cher ou laissent des tiers percevoir leur dû (perception centrale) ou le leur verser (tiers payant). Dans des zones très pauvres, des médecins généralistes vont jusqu'à ne pas percevoir l'euro symbolique légal. Même diversité côté patients. De redoutables négociateurs vont jusqu'à marchander. Une irréductible ambiguïté complique la création de confiance entre un payeur et un payé. Pour y voir plus clair, certains s'informent sur les montants appliqués lors de prestations médicales identiques. Du côté des médecins, beaucoup se sentent mal récompensés pour leur travail intellectuel et se comparent à d'autres, mécaniciens, plombiers ou avocats.... Comme toujours lorsque des tensions apparaissent, c'est au politique d'établir des règles, un art en soi. Ces réflexions montrent combien la fonction de l'argent dépasse les individus, même s'ils en sont les animateurs. Les mutualités Le patient sort avec le "bon de mutuelle" donnant droit au remboursement. Les mutualités occupent une position centrale dans le système. Un pied dans l'état, au point que certains les voient comme des parastataux, et l'autre pied dans l'économie autoproclamée sociale, encadrées par la loi, elles jouissent néanmoins d'une grande autonomie et multiplient les services à leurs affiliés. Pas de profit, tel est le slogan de leurs leaders. Mais alors, d'où vient l'argent des mutualités? L'InamiL'administration de l'assurance maladie-invalidité redistribue aux mutualités l'argent destiné à leurs membres et aux hôpitaux. D'où vient l'argent de l'Inami? L'ONSS et l'InastiL'office national de la sécurité sociale a pour mission de percevoir les cotisations et de distribuer l'argent aux organismes responsables des différents secteurs de la sécu et donc, à l'Inami pour l'assurance maladie-invalidité. Dans notre système historiquement bismarckien, les employeurs et les salariés alimentent les fonds de l'ONSS. Les indépendants doivent s'y inscrire également, mais un autre organisme rassemble leurs cotisations: l'Institut national d'assurances sociales pour travailleurs indépendants (Inasti). Tout indépendant doit s'affilier à une Caisse libre d'assurances sociales pour travailleurs indépendants. Que d'organismes, que de flux financiers! Le parcours est loin d'être bouclé!