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Sur la pochette, l'un, Patrick Carney en costume de cuisinier a la cuillère en bois plongée dans une casserole ; l'autre, Dan Auerbach, en bleu de travail, manie la burette tel un mécano, tous deux fumant le cigare. Le nouveau Black Keys n'est pourtant pas de la fumisterie, mais leur propos résulte quand même en une tambouille de blues rock bien graissé et bien graisseux. Après un album de reprises l'an dernier, le duo a repris la route, El Camino (leur meilleur album, paru en 2011) ; mais, s'ils ne se sont pas trompés de chemin, l'itinéraire sur la voie qui mène à l'inspiration a un air connu, voire resucé. Même lorsqu'il emprunte le Delta du Mississippi comme sur Baby, I'm Coming Home , aux allures de blues des origines mâtiné de solos à la Allman Brothers, l'on reste un peu sur sa faim. La formule reste identique: un gimmick de guitares rutilantes enjolivées, voire chromées qui customise un refrain simplissime (Wild Child évoquant le Wild Thing popularisé par les Troggs). Pourtant, la variété ne fait pas défaut entre le slidé For The Love of Money et le refrain pop de It Ain't Over, mais le moteur semble usé par les kilomètres et les années: Didn't I Love You ressemble à une longue cavalcade sans but de Neil Young à son moins bon, chevauchant son Crazy Horse. Tout de même, la Ford modèle B V8 de Billy Gibbons vient les remorquer sur Good Love, aux accents d'un TV Dinners sur Eliminator. À croire que les Black Keys ont vraiment le blues...