...

Pourtant une étude comportant un volet animal et des données humaines va à l'encontre de cette vision. Ainsi chez la souris, le traitement précoce par anti-inflammatoires soulage certes la douleur à court terme, mais la prolonge dans le temps, phénomène non observé en cas de traitement par des analgésiques sans effet anti-inflammatoire. D'autres expériences ont par ailleurs montré que les neutrophiles (cellules immunitaires impliquées dans l'inflammatoire précoce) jouaient un rôle dans la résolution de la douleur (disparition plus lente chez les souris dépourvues de neutrophiles et absence de développement de douleur chronique chez les souris traitées par anti-inflammatoires lorsqu'elles étaient renforcées en neutrophiles par injection) Chez l'homme, les niveaux d'expression génique dans les cellules immunitaires de 98 personnes souffrant de lombalgie aiguë ont été évalués, montrant que celles dont la douleur avait disparu en trois mois avaient des réponses inflammatoires neutrophiliques très actives ce qui n'était pas le cas des personnes développant des douleurs persistantes. Autant de résultats suggérant donc que les réponses inflammatoires aiguës, régulées par les neutrophiles et inhibées par les anti-inflammatoires, pourraient contribuer à éviter les douleurs chroniques. Une analyse de données de la UK Biobank va dans ce sens en montrant que les personnes souffrant de lombalgies utilisant des anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l'ibuprofène et l'aspirine avaient, deux à six ans plus tard, un risque 1,76 fois plus élevé de signaler des maux de dos que celles prenant des analgésiques sans effet anti-inflammatoire comme le paracétamol.