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" Ma patiente m'a dit qu'elle en avait marre de sa prothèse en silicone parce que chaque fois qu'elle l'enlevait, elle repensait à son cancer. (...) Elle m'a demandé, à moitié en rigolant, si je ne pouvais pas lui fabriquer une oreille ", a raconté le Dr Afshim Yousefpour. Une requête qui a d'abord paru saugrenue au chirurgien maxillo-facial mais qui l'a interpellé. Après mûre réflexion, il décida tout de même de tenter l'expérience. Comment ? En cultivant une prothèse bioartificielle personnalisée sous la peau du bras de la patiente. En réalité, il a mis au point un protocole consistant à effectuer un prélèvement au niveau du vaisseau radial, situé dans l'avant-bras, puis à implanter la prothèse d'oreille fabriquée en polyéthylène poreux. La peau de l'avant-bras étant très fine et bien vascularisée, comme celle de l'oreille, cela en fait un composant de choix pour la reconstruction d'organes. Le spécialiste a ainsi joué sur l'élasticité de la peau au moyen d'un ballonnet gonflé, introduit sous cette dernière. La prothèse a ensuite été placée temporairement sous la peau de l'avant-bras dans le but que celle-ci recouvre la structure en polyéthylène et s'y attache. Colonisé par les cellules de la patiente, au bout de six semaines, le dispositif était recouvert d'une peau très fine mais entièrement irriguée. Ne restait plus qu'à percer l'oreille bioartificielle pour la connecter au conduit auditif et à la greffer à sa place normale. Au total, la patiente a dû attendre six semaines avant que les chirurgiens ne prélèvent le nouvel organe et le lui greffe au bon endroit. L'opération s'est bien déroulée. Le Dr Yousefpour considère que tout n'est cependant pas parfait, la prothèse n'ayant pas été réalisée sur mesure, raison pour laquelle la jeune femme aura une oreille plus grande que l'autre. " Mais je pense que c'est une étape assez importante et je compte bien m'appuyer sur cette expérience pour affiner la technique ", assure-t-il. Après l'oreille, Afshim Yousefpour a l'intention de passer à l'étape supérieure : cultiver un nez dans un avant-bras, ce qui n'est pas sans rappeler une autre prouesse réalisée en 2013 par un médecin chinois qui avait élaboré un nouveau nez à un patient en lui glissant du cartilage sous la peau du front.