Toute guitare dehors, ce "One Man Band" se révèle un subtil mélange de pop-rock catchy et condensée, d'hymnes propulsés par les riffs rugissants et la voix assurée de Miles Kane. Le comparse d'Alex Turner - leader des Artic Monkeys - dans The Last Shadow Puppet, en revient sur cet album à ses racines liverpuldiennes, au fameux Merseybeat et à celles des premiers âges du rock. Sans oublier la référence à sa propre enfance et son premier héros, le footballeur italien Roberto Baggio.

Le journal du Médecin: " Baggio " est l'un des titres phare de l'album. Pourquoi cette référence au joueur de foot italien des années 90 ?

Miles Kane: C'est la première personne que j'ai adorée : j'avais huit ans et ce joueur de football avec quelque chose de particulier, non seulement dans son jeu, mais aussi dans son attitude sur le terrain, toujours pacifique, sans animosité envers les adversaires : il était différent, et ce fut mon premier héros, qui a déclenché en moi cette volonté de me démarquer, renforcée ensuite par les vidéos d'Oasis ou les films sur T-Rex... Cette chanson évoque en fait mon parcours et ce que je suis aujourd'hui à 37 ans.

Et vous saviez qu'il était bouddhiste...

(il rit) Non, pas à huit ans, mais je l'ai appris récemment ; quelqu'un m'a d'ailleurs transmis un livre sur le bouddhisme que je vais m'empresser de lire pour en savoir un peu plus...

" Trouble Son " parle de votre jeunesse ?

Oui, si l'on veut, mais tout le monde peut se reconnaître dans les paroles de cette chanson qui évoque les années d'adolescence, lesquelles comportent souvent des moments plus difficiles... Mais elles réfèrent également au fait que je suis un enfant unique, très proche de sa mère, et incapable d'avoir une relation de longue durée dans laquelle très vite je deviens claustrophobe.

Asthme

Le fait d'être asthmatique, comme Iggy Pop, vous a-t-il poussé à devenir musicien ?

J'ai d'ailleurs écrit une chanson qui s'intitule "Inhaler"! Mais bon, on n'associe pas vraiment le fait d'être une rockstar au fait d'être asthmatique (rires). Mais il est vrai que le fait de se sentir oppressé me donne l'envie de crier, de chanter, de me libérer...

Vous citez souvent T-Rex, The Jam et Paul Weller dans vos influences. Quand est-il des Yardbirds...

J'adore ! Et c'est vrai que j'oublie souvent de les citer : Jeff Beck reste un de mes guitaristes favoris

Vos chansons sont très pop et accrocheuses comme celles de Supergrass à l'époque...

Merci ! C'est vrai qu'il s'agit d'un groupe que j'aime et que j'écoute encore souvent... C'est d'ailleurs ce que je vais faire après cette interview...

Et pas les Pixies?

Je ne connais pas trop. Disons que je suis resté très insulaire, très british pop des années 90.

Votre guitare sonne un peu comme Johnny Marr...

Que je vénère, j'accepte le compliment. Mais je suis un grand fan de Link Wray, un guitariste des années 50, le premier à maîtriser la distorsion et le larsen.

"Never Take Me Alive" évoque d'ailleurs le rock des débuts, très années 50...

C'était le but. Je suis admiratif de cette période où tout était simple, condensé, sans fioritures, à l'image du jeu d'un guitariste comme Dick Dale, inventeur du surf rock : le genre de musique que Tarantino utilise dans tous ses films. Je voulais éviter les violons, le piano, un décor sonore élaboré pour en revenir à l'essence même du rock, de son début... Des morceaux qui seraient des hymnes.

Simples et courts?

Exactement. De trois minutes maximum. Je souhaitais composer des titres spontanés et honnêtes, réalistes. D'ailleurs, cet album de 11 chansons fait à peine une demi-heure !

A la "mod"

On sent que pour vous l'image est importante... Vous êtes toujours bien habillé...

Oui, cela fait partie intégrante de ma personnalité, j'ai toujours aimé les beaux vêtements, être bien habillé, même lorsque je traînais chez ma mère, de changer de style en fonction des jours, voire des heures. Là, je porte un costume, mais je peux très bien m'habiller à la manière de Marc Bolan de T-rex et mettre du eye-liner. C'est aussi très liverpuldien, où la moindre racaille se sapera comme un prince...

Vous ressemblez à un mod de la période "Quadrophonia"...

Je suis un mod qui vit au 21e siècle, et il est vrai que ma musique se réfère aussi beaucoup à cette période des années 60. L'époque justement des Yardbirds, des Kinks, des Beatles...

Pouvez-vous expliquer ce qu'est le Merseybeat?

C'est un truc que tous les rockers de Liverpool possèdent, qu'il s'agisse d'Echo and the Bunnymen, The Coral, Ian Broudie ou moi-même, qui fait partie intégrante de notre âme : un certain sens du rythme ou de la mélodie spécifique et qui fait référence au fleuve qui arrose Liverpool. Cela tient sans doute à la qualité de l'eau (rires)

Et qui n'aurait rien à voir avec les Beatles?

Si, certainement, mais qui je crois que cet aspect leur préexistait, notamment avec Gerry and the Pacemakers dont Brian Epstein, le cinquième Beatles, fut le manager. Ils sont d'ailleurs les auteurs du "You'll Never Walk Alone", hymne des supporters de Liverpool. Mais il est clair que les Beatles ont montré la voie...

J'ai lu d'ailleurs que supporter de Manchester United, vous avez changé pour devenir supporter des Reds de Liverpool...

Euh, oui, bon, j'étais jeune et mon père supportait Man U. Mais devenu adolescent, tous mes copains supportaient Liverpool, j'ai donc adopté leurs préférences... pour me faire adopter. (il sourit)

On parlait des Beatles, il y a quelques années vous avez composé en compagnie d'Andy Partridge de XTC, les héritiers des Beatles dans les années 80 qui ont totalement disparu...

Oui c'était dans le cadre de mon deuxième album solo. J'aimais beaucoup XTC pour leur sens pop et mélodique. Alors un jour, j'ai contacté Andy qui vit reclus dans son cabanon à Swindon. Il a bien voulu me recevoir et nous sommes rapidement devenus potes. J'y allais une fois par semaine et nous avons écrit ensemble des morceaux incroyables sur mon deuxième album solo. Vous faites bien de m'en parler: je vais le contacter de suite par mail pour voir comment il va.

Vous avez vécu à Los Angeles entre 2015 et 2019. Aviez-vous besoin de revenir en Angleterre pour retrouver l'inspiration...

Il y a de cela. Je me suis bien amusé à L.A., j'habitais à côté de chez Alex Turner avec qui j'ai formé The Last Shadow Puppet. Mais après un moment, mes amis, mon management, mes musiciens, tout cela me manquait... même la pluie ! (il rit) Je me sentais perdu. Sans rire, je crois que l'ambiance particulière et la British Pop telle que je la pratique me manquait et que j'avais besoin de revenir à Londres pour me ressourcer.

Alex Turner des Artic Monkeys vit toujours là-bas...

Il est plus malin : il est toujours entre Londres et Los Angeles... (rires)

Et quelque chose est-il bientôt prévu avec lui au sein de The Last Shadow Puppet ?

Pas dans l'immédiat, car je suis fort occupé par la promo de mon nouvel album et Alex par la tournée mondiale des Artic Monkeys. Donc, il n'y a rien de prévu pour l'instant ; bref, les Shadow Puppet sont vraiment... à l'ombre. (il rit)

Miles Kane. One Man Band. Virgin.

Toute guitare dehors, ce "One Man Band" se révèle un subtil mélange de pop-rock catchy et condensée, d'hymnes propulsés par les riffs rugissants et la voix assurée de Miles Kane. Le comparse d'Alex Turner - leader des Artic Monkeys - dans The Last Shadow Puppet, en revient sur cet album à ses racines liverpuldiennes, au fameux Merseybeat et à celles des premiers âges du rock. Sans oublier la référence à sa propre enfance et son premier héros, le footballeur italien Roberto Baggio.Le journal du Médecin: " Baggio " est l'un des titres phare de l'album. Pourquoi cette référence au joueur de foot italien des années 90 ?Miles Kane: C'est la première personne que j'ai adorée : j'avais huit ans et ce joueur de football avec quelque chose de particulier, non seulement dans son jeu, mais aussi dans son attitude sur le terrain, toujours pacifique, sans animosité envers les adversaires : il était différent, et ce fut mon premier héros, qui a déclenché en moi cette volonté de me démarquer, renforcée ensuite par les vidéos d'Oasis ou les films sur T-Rex... Cette chanson évoque en fait mon parcours et ce que je suis aujourd'hui à 37 ans.Et vous saviez qu'il était bouddhiste...(il rit) Non, pas à huit ans, mais je l'ai appris récemment ; quelqu'un m'a d'ailleurs transmis un livre sur le bouddhisme que je vais m'empresser de lire pour en savoir un peu plus..." Trouble Son " parle de votre jeunesse ?Oui, si l'on veut, mais tout le monde peut se reconnaître dans les paroles de cette chanson qui évoque les années d'adolescence, lesquelles comportent souvent des moments plus difficiles... Mais elles réfèrent également au fait que je suis un enfant unique, très proche de sa mère, et incapable d'avoir une relation de longue durée dans laquelle très vite je deviens claustrophobe.Le fait d'être asthmatique, comme Iggy Pop, vous a-t-il poussé à devenir musicien ?J'ai d'ailleurs écrit une chanson qui s'intitule "Inhaler"! Mais bon, on n'associe pas vraiment le fait d'être une rockstar au fait d'être asthmatique (rires). Mais il est vrai que le fait de se sentir oppressé me donne l'envie de crier, de chanter, de me libérer...Vous citez souvent T-Rex, The Jam et Paul Weller dans vos influences. Quand est-il des Yardbirds...J'adore ! Et c'est vrai que j'oublie souvent de les citer : Jeff Beck reste un de mes guitaristes favorisVos chansons sont très pop et accrocheuses comme celles de Supergrass à l'époque...Merci ! C'est vrai qu'il s'agit d'un groupe que j'aime et que j'écoute encore souvent... C'est d'ailleurs ce que je vais faire après cette interview...Et pas les Pixies?Je ne connais pas trop. Disons que je suis resté très insulaire, très british pop des années 90.Votre guitare sonne un peu comme Johnny Marr...Que je vénère, j'accepte le compliment. Mais je suis un grand fan de Link Wray, un guitariste des années 50, le premier à maîtriser la distorsion et le larsen."Never Take Me Alive" évoque d'ailleurs le rock des débuts, très années 50...C'était le but. Je suis admiratif de cette période où tout était simple, condensé, sans fioritures, à l'image du jeu d'un guitariste comme Dick Dale, inventeur du surf rock : le genre de musique que Tarantino utilise dans tous ses films. Je voulais éviter les violons, le piano, un décor sonore élaboré pour en revenir à l'essence même du rock, de son début... Des morceaux qui seraient des hymnes.Simples et courts?Exactement. De trois minutes maximum. Je souhaitais composer des titres spontanés et honnêtes, réalistes. D'ailleurs, cet album de 11 chansons fait à peine une demi-heure !On sent que pour vous l'image est importante... Vous êtes toujours bien habillé...Oui, cela fait partie intégrante de ma personnalité, j'ai toujours aimé les beaux vêtements, être bien habillé, même lorsque je traînais chez ma mère, de changer de style en fonction des jours, voire des heures. Là, je porte un costume, mais je peux très bien m'habiller à la manière de Marc Bolan de T-rex et mettre du eye-liner. C'est aussi très liverpuldien, où la moindre racaille se sapera comme un prince...Vous ressemblez à un mod de la période "Quadrophonia"...Je suis un mod qui vit au 21e siècle, et il est vrai que ma musique se réfère aussi beaucoup à cette période des années 60. L'époque justement des Yardbirds, des Kinks, des Beatles... Pouvez-vous expliquer ce qu'est le Merseybeat?C'est un truc que tous les rockers de Liverpool possèdent, qu'il s'agisse d'Echo and the Bunnymen, The Coral, Ian Broudie ou moi-même, qui fait partie intégrante de notre âme : un certain sens du rythme ou de la mélodie spécifique et qui fait référence au fleuve qui arrose Liverpool. Cela tient sans doute à la qualité de l'eau (rires)Et qui n'aurait rien à voir avec les Beatles?Si, certainement, mais qui je crois que cet aspect leur préexistait, notamment avec Gerry and the Pacemakers dont Brian Epstein, le cinquième Beatles, fut le manager. Ils sont d'ailleurs les auteurs du "You'll Never Walk Alone", hymne des supporters de Liverpool. Mais il est clair que les Beatles ont montré la voie...J'ai lu d'ailleurs que supporter de Manchester United, vous avez changé pour devenir supporter des Reds de Liverpool...Euh, oui, bon, j'étais jeune et mon père supportait Man U. Mais devenu adolescent, tous mes copains supportaient Liverpool, j'ai donc adopté leurs préférences... pour me faire adopter. (il sourit)On parlait des Beatles, il y a quelques années vous avez composé en compagnie d'Andy Partridge de XTC, les héritiers des Beatles dans les années 80 qui ont totalement disparu...Oui c'était dans le cadre de mon deuxième album solo. J'aimais beaucoup XTC pour leur sens pop et mélodique. Alors un jour, j'ai contacté Andy qui vit reclus dans son cabanon à Swindon. Il a bien voulu me recevoir et nous sommes rapidement devenus potes. J'y allais une fois par semaine et nous avons écrit ensemble des morceaux incroyables sur mon deuxième album solo. Vous faites bien de m'en parler: je vais le contacter de suite par mail pour voir comment il va.Vous avez vécu à Los Angeles entre 2015 et 2019. Aviez-vous besoin de revenir en Angleterre pour retrouver l'inspiration...Il y a de cela. Je me suis bien amusé à L.A., j'habitais à côté de chez Alex Turner avec qui j'ai formé The Last Shadow Puppet. Mais après un moment, mes amis, mon management, mes musiciens, tout cela me manquait... même la pluie ! (il rit) Je me sentais perdu. Sans rire, je crois que l'ambiance particulière et la British Pop telle que je la pratique me manquait et que j'avais besoin de revenir à Londres pour me ressourcer.Alex Turner des Artic Monkeys vit toujours là-bas...Il est plus malin : il est toujours entre Londres et Los Angeles... (rires)Et quelque chose est-il bientôt prévu avec lui au sein de The Last Shadow Puppet ?Pas dans l'immédiat, car je suis fort occupé par la promo de mon nouvel album et Alex par la tournée mondiale des Artic Monkeys. Donc, il n'y a rien de prévu pour l'instant ; bref, les Shadow Puppet sont vraiment... à l'ombre. (il rit)