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Mais attention, il ne faut pas s'y méprendre. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un nouvel organe que l'on aurait trouvé dans le corps humain. Repli long et fin, localisé dans le péritoine, la membrane qui tapisse la cavité abdominale, le mésentère est connu depuis des siècles. L'illustre Léonard de Vinci l'avait déjà identifié et décrit en 1508, mais, depuis, la communauté scientifique n'avait pas souhaité le qualifier d'organe. Et sa description au cours des cent dernières années a été erronée.Jusqu'à présent, le mésentère a en effet été considéré comme un banal assemblage de tissus conjonctifs discontinus et complexes faisant partie du système digestif de l'être humain. Rien à voir donc avec un organe qui doit avoir une indépendance structurelle et une fonction physiologique spécifique.Et pourtant, grâce aux observations microscopiques entamées en 2012 par le chirurgien John Clavin Coffey et ses collègues irlandais, on peut dire désormais qu'il s'agit d'une structure continue en forme d'éventail, reliant l'iléon et le jéjunum, deux parties de l'intestin grêle, aux parois abdominales et donc d'un organe à part entière. Il sera d'ailleurs classé comme tel dans la bible de l'anatomie humaine intitulée Anatomy of the Human Body d'Henri Gray.Maintenant que les scientifiques ont pu déterminer l'anatomie et la structure du mésentère et que ce "tube" assez étroit et serré a obtenu le statut de "79e organe du corps humain", d'autres études vont devoir déterminer s'il présente une ou plusieurs fonctions physiologiques bien précises, bref comprendre à quoi il sert exactement. Outre le fait qu'il permet de maintenir en place l'ensemble des organes de l'abdomen, le mésentère pourrait en effet jouer un rôle dans certaines pathologies abdominales ou digestives, comme la maladie de Crohn. Il pourrait également "tomber malade" : être atteint de fibrose, de lymphome, de cancer...Les auteurs expliquent aussi qu'en comprenant mieux l'utilité du mésentère dans l'organisme, il devrait être possible d'identifier ses éventuels dysfonctionnements mais encore d'imaginer des techniques chirurgicales moins invasives induisant moins de complications et permettant une convalescence des patients plus rapide."C'est la base d'une toute nouvelle discipline médicale : la science mésentérique", se réjouit le Pr Coffey.(référence : Lancet Gastroenterology & Hepatology, novembre 2016, DOI : 10.1016/S2468-1253(16)30026-7)