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"L'hypertension est une maladie chronique dont le traitement est souvent frustrant : les patients ne ressentent rien et si un traitement doit être initié, c'est pour prévenir les maladies cardiovasculaires qui ne se sont pas encore manifestées. Les patients doivent être motivés à prendre leur traitement médicamenteux et à changer leur style de vie, car à court terme, ils en ressentiront surtout les avantages sur le plan physique. " Il y a donc du pain sur la planche pour le généraliste, qui reste le médecin " le plus important " dans la prise en charge de l'hypertension.Il est de plus en plus clair qu'il est impossible d'évoquer la pression artérielle sans parler aussi de tabagisme, de poids corporel, d'exercice, d'alimentation saine, de cholestérol, etc. Les recommandations récentes insistent de manière plus explicite sur l'importance de la pression sanguine dans le risque cardiovasculaire global. Parvenir à une bonne pression artérielle n'est pas un but en soi, mais seulement un moyen - comme c'est le cas pour d'autres facteurs de risque - de contrer le risque de maladies cardiovasculaires." C'est dans ce cadre que le concept de santé cardiométabolique gagne en popularité. En résumé, il consiste à intégrer les facteurs de risque et à considérer davantage l'hypertension comme faisant partie intégrante de l'obésité, du prédiabète/diabète, de la résistance à l'insuline... À cet égard, les études avec les nouveaux antidiabétiques oraux - les inhibiteurs de SGLT2, ou gliflozines - s'avèrent intéressantes. Une classe de médicaments par voie orale qui améliorent le contrôle glycémique chez les patients diabétiques, mais qui, en agissant sur la réabsorption du sel et en présentant des effets diurétiques, réduit aussi la pression artérielle. Ils peuvent ainsi réduire le risque cardiovasculaire chez les patients diabétiques ", explique le Pr Vanassche.Elle n'est pas neuve, mais est de plus en plus utilisée lors des consultations " hypertension " à l'UZ Louvain - où elle peut être demandée par les médecins généralistes : c'est la mesure de la pression artérielle sur 24 heures. Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d'abord, une telle mesure aide souvent au diagnostic correct de l'hypertension, en éliminant l'effet " blouse blanche " qui pourrait être confondu avec une pression artérielle moyenne réellement plus élevée. Notons néanmoins que cet effet " blouse blanche " n'est pas un phénomène inoffensif. De plus, une mesure de 24 heures permet de mieux contrôler l'hypertension artérielle. Par exemple, chez les patients qui, en plus d'une hypertension, souffrent aussi de symptômes tels que des troubles orthostatiques, des étourdissements, des périodes d'hypotension, des patients chez qui on ne parvient pas à savoir si le traitement doit être augmenté ou diminué, une mesure de 24 heures peut donner un aperçu de la pression artérielle moyenne, ainsi que les moments où la pression artérielle augmente ou diminue, afin d'adapter au mieux le traitement.Un sujet a fait l'objet de bien des publications l'année dernière : la valeur-cible optimale à atteindre par le traitement. Depuis de longues années, on cherche à atteindre la même valeur*, mais l'étude SPRINT a jeté un pavé dans la mare. Dans cette étude, les chercheurs ont constaté moins de décès, moins de décès cardiovasculaires et moins d'autres événements cardiovasculaires chez les patients qui ont reçu un traitement plus fort - avec des valeurs cibles en-dessous de celles qui sont habituellement recherchées - par rapport à un traitement qui respectait les directives en vigueur. Certains médecins estiment que ces données prouvent que les valeurs-cibles devraient être abaissées davantage pour obtenir une pression artérielle optimale. D'autres soulignent que la poursuite de valeurs de pression artérielle plus basse s'accompagne d'effets secondaires et que la tension artérielle mesurée dans l'étude - réalisée entièrement automatiquement et en l'absence de médecin - donne des valeurs différentes de celles mesurées en consultation." Cette controverse ne retire rien à la preuve évidente qu'une pression artérielle bien contrôlée vaut mieux qu'une pression artérielle non contrôlée. En effet, de nombreux patients n'atteignent même pas les valeurs-cibles classiques. Le message est le suivant : si un patient a une bonne espérance de vie et si on peut abaisser sans trop de problèmes sa tension artérielle, il devrait en tirer des bénéfices supplémentaires. Chez certains patients fragiles ou ceux chez qui un traitement plus fort provoque des effets secondaires, il faut faire la balance individuellement entre les bénéfices supplémentaires et les risques, dont les effets secondaires possibles. Le premier objectif doit certainement être l'assurance de réaliser un bon contrôle chez le plus de patients possible. "L'utilisation précoce de combinaisons médicamenteuses permet de recourir à des doses plus faibles de substances actives. La théorie sous-jacente est que des doses plus faibles d'un produit provoquent moins d'effets secondaires, tout en étant tout de même très efficaces. Jusqu'il y a peu, l'inconvénient était que le patient devait prendre beaucoup de pilules pour y parvenir. Mais avec l'avènement des combinaisons de produits - à différentes doses - il est possible de contrôler sa pression artérielle, même avec peu de pilules." Cela nous amène à l'importance de l'observance. Moins le patient doit prendre de médicaments, plus la chance qu'il continue à les prendre est grande. Dans le cas des combinaisons, les médicaments sont pris en même temps : chez les personnes qui ont une pression artérielle basse dans les heures qui suivent l'ingestion d'une préparation combinée et dont la tension est moins contrôlée plus tard dans la journée, il peut être utile de séparer les médicaments ", estime le Pr Vanassche.De plus en plus de moyens sont disponibles pour aider le patient à maintenir un mode de vie sain et ce, d'une manière plus structurée, car il a beaucoup à y gagner.De nouvelles classes de médicaments antihypertenseurs ne sont pas prévues dans l'immédiat. Mais l'offre de médicaments antihypertenseurs bien connus, efficaces et peu coûteux a été élargie. Une bonne utilisation des thérapies disponibles est aussi essentielle. Bien qu'il existe, bien sûr, des patients souffrant d'hypertension résistante au traitement, on compte aussi un grand nombre de patients souffrant d'hypertension ignorée, non traitée ou mal contrôlée. Étant donné le risque cardiovasculaire global - et nous en revenons à notre point de départ - l'arrivée de nouveaux agents hypolipémiants, les nouveaux médicaments antidiabétiques ayant un effet sur la pression artérielle chez les patients éprouvant des difficultés à contrôler la pression artérielle, ou souffrant d'obésité ou de diabète, pourraient donner un petit coup de pouce au traitement antihypertenseur.* https://academic.oup.com/eurheartj/article/37/29/2315/1748952/2016-European-Guidelines-on-cardiovascular-disease