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Pour favoriser la cicatrisation des tissus mous dans le corps après une chirurgie, par exemple lors de la réparation d'une hernie, des mailles chirurgicales implantées dans le corps sont fréquemment utilisées. Malheureusement, elles fournissent également une surface idéale pour la croissance des bactéries et une fois que ces dernières ont formé un biofilm, il devient très difficile de traiter l'infection qui nécessite, en général, une ré-hospitalisation. A l'heure actuelle, ce genre de complication est traitée avec des antibiotiques, mais l'émergence de souches résistantes ou "superbactéries" appelle à la recherche de solutions de remplacement. Ce à quoi se sont attelés des chercheurs britanniques et italiens. Leur travail avait pour but de développer un dispositif médical permettant de traiter les infections des tissus mous tout en réduisant la quantité d'antimicrobiens libérée et en prévenant ainsi les effets secondaires systémiques liées aux médicaments, en redécouvrant les effets bénéfiques d'agents d'origine naturelle et en préservant les propriétés fonctionnelles du substrat.Pour y parvenir, l'équipe de scientifiques et d'ingénieurs a eu recours au potentiel du miel de Manuka en tant que polyélectrolyte naturel. Fabriqué par des abeilles dans des arbres de Manuka, en Australie et en Nouvelle-Zélande, ce miel est reconnu pour ses capacités antibactériennes et cicatrisantes. Outre du peroxyde d'hydrogène produit par la plupart des formes de miel, il contient un ingrédient unique, le méthylglyoxal, qui possède des propriétés antimicrobiennes spécifiques.Les auteurs ont "mis en sandwich" huit couches nanométriques de miel de Manuka chargé négativement, entre huit autres nano-couches d'un polymère biocompatible conventionnel chargé positivement, chaque couche ayant une épaisseur de seulement 10 à 20 nanomètres.L'idée est que, lorsque les couches de polymère se biodégradent de manière inoffensive dans le corps, les couches de miel sont exposées au fur et à mesure. Libéré lentement de manière contrôlée, le miel tue alors les bactéries qui pourraient se déposer sur les mailles, ce qui permet d'empêcher la croissance bactérienne et d'éviter l'infection.Lors de tests en laboratoire, il a été constaté que le nouveau nano-revêtement électrostatique protège les échantillons de mailles de polymère de la colonisation par plusieurs sortes de bactéries courantes nuisibles telles que le SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méticilline) et l'E. coli, pendant une période allant jusqu'à trois semaines. De quoi donner le temps aux plaies internes d'un patient de cicatriser tout en restant à l'abri d'une infection."Le miel est utilisé pour traiter des plaies infectées depuis des milliers d'années, mais c'est la première fois qu'il s'avère efficace pour lutter contre l'infection dans les cellules à l'intérieur du corps," déclare le Dr Piergiorgio Gentile, auteur principal. (référence : Properties Frontiers in Bioengineering and Biotechnology, 4 décembre 2019, doi : 10.3389/fbioe.2019.00344)