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Dans Le Soir (3/08/2022), un des plus grands spécialistes du sida, l'infectiologue Nathan Clumeck (CHU Saint-Pierre), n'y va pas par quatre chemins. Pour lui "le virus profite des comportements à risque, comme la multiplicité des partenaires sexuels (...). La faille dans laquelle [le virus] s'engouffre, c'est clairement la multiplicité des partenaires dans le groupe des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Je comprends les gens qui redoutent la stigmatisation. Mais pour moi donner une information qui est scientifiquement correcte et en parler franchement, ce n'est pas de la stigmatisation, c'est une manière d'appeler un chat un chat (...) Le virus est lié à une banalisation des rapports sexuels. On retrouve actuellement les mêmes comportements à risque qu'au début de la pandémie de sida. Les traitements prophylactiques pré- exposition pour le VIH (PrEP) donnent aujourd'hui l'illusion que l'on est protégé de toutes les infections sexuellement transmissibles (...) En France, les personnes sous PrEP sont prioritaires parce qu'on a constaté que ce traitement a donné l'impression de pouvoir pratiquer le sexe sans danger et donc sans limite et de manière addictive. On parle de gens qui ne sont pas dans le relationnel, mais dans la consommation pure. Dans ces cas de dépendance sexuelle, l'abstinence est très difficile..."Ex-Aequo, "le partenaire santé des hommes qui aiment les hommes", dénonce par communiqué ce 5 août les propos tenus par le Pr Nathan Clumeck. Ex-Aequo "exprime sa solidarité avec les hommes gays et bisexuels qui sont injustement stigmatisés en raison de leurs pratiques sexuelles. Fort heureusement, ces propos jugeants ne sont pas partagés par les nombreux médecins, notamment au CHU Saint-Pierre, qui oeuvrent à nos côtés et que nous remercions pour la qualité de la collaboration que nous construisons depuis de nombreuses années, et tout particulièrement ces dernières semaines sur la variole du singe.". "Les propos tenus par le Pr Nathan Clumeck, dont "Le Soir" a choisi de se faire l'écho, sont irresponsables et risquent d'avoir des effets délétères sur l'accès aux informations et aux services de soins pour les personnes visées."Ex-Aequo appelle à une information sans stigmatisation visant à rappeler que seuls les comportements sont à risque pas les personnes. "Nous tenons à affirmer qu'il n'y a rien d'intrinsèquement mal ou honteux dans la multiplicité des relations sexuelles et les changements de partenaires. Ce ne sont pas ces comportements qu'il convient de prévenir ou d'éviter de banaliser, mais bien les risques qui y sont associés. Les associations et les médecins qui travaillent sur la variole du singe n'ont jamais caché le lien qui existe entre la sexualité et la variole du singe (lire également article en pages 16 et 17) ou les infections sexuellement transmissibles (IST). S'il est vrai que les hommes gays et bisexuels font partie des groupes les plus exposés au risque de contracter le VIH et d'autres IST, nous faisons aussi partie des groupes les mieux informés et le plus régulièrement dépistés. Cela est particulièrement vrai pour ceux d'entre nous qui ont choisi de prendre la PrEP pour vivre une sexualité épanouie sans la crainte du VIH. L'engouement que la PrEP rencontre au sein de notre communauté prouve notre capacité à nous emparer des moyens de prévention lorsqu'ils sont disponibles. La PrEP ne "banalise" pas les relations sexuelles, la PrEP protège du VIH, la PrEP donne un moyen aux PrEPeurs de prendre soin d'eux, d'accéder à des dépistages réguliers et au traitement des IST."A l'argument de Nathan Clumeck selon lequel "comme pour le sida, il suffit qu'un bisexuel soit infecté pour que le virus sorte de la communauté homosexuelle", Ex-Aequo répond: "Il est honteux de faire porter aux hommes bisexuels la responsabilité du risque d'un élargissement de l'épidémie aux hétérosexuels, rhétorique biphobe qui a déjà été invalidée dans le cas du VIH. Cet argument est d'autant plus absurde que les modes de transmission ne se limitent pas uniquement aux relations sexuelles."La stigmatisation risque de détourner les homos et les bis de la vaccination et des traitements prophylactiques éventuels, conclut Ex-Aequo.