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Après cinq mois de fermeture cet hiver, la maison Rembrandt d'Amsterdam a rouvert ses portes, ajoutant quelques espaces, notamment au grenier de la demeure du peintre. Disons plutôt qu'il s'agit d'une reconstitution à l'endroit exact où vécut le génie hollandais, de sa maison, selon les canons du 17e siècle hollandais. Cette courte période de fermeture a notamment permis d'ajouter des objets retrouvés au fond du puits situé dans la cour intérieure, lesquels décorent désormais des vitrines dans divers espaces du logis. Notamment de la cuisine, où l'on retrouve des pipes telles que l'on peut en voir dans certaines compositions de l'artiste, lequel séjourna dans cette demeure de 1639 à 1658. Il y vécut avec Saskia, sa première femme, avec qui il formait une véritable entreprise commerciale, elle s'occupant des commandes et de la comptabilité, lui de l'aspect artistique et de l'atelier où s'affairaient des élèves - comprenez des assistants. Saskia décédée, un an après la naissance de Titus (son très beau portrait dessinant est en prêt au musée jusqu'au 11 juin par le Rijksmuseum), l'entreprise Rembrandt périclite et sa maison et ses biens sont mis en vente. La liste des objets vendus a été retrouvée dans les archives communales de la ville, ce qui a permis de reconstituer la maison selon l'époque, même si l'on n'a pu retrouver les ustensiles et meubles ayant appartenu à la famille de Rembrandt. La maison se décore toujours des oeuvres des prédécesseurs de Rembrandt dans le hall d'entrée, salle d'apparat et d'exposition à l'époque, dont des tableaux de Pieter Lastman, son maître et professeur. L'antichambre voisine foisonne de toiles d'élèves assistants produites dans la maison, lesquelles copient le maître avec application. Dans la chambre salon trône notamment une copie du portrait de Saskia prêté par le MSK d'Anvers, et un autre d'un notable anversois justement, peint par Lievens, jeune rival doué de Rembrandt qui ne connut pas la même gloire. À coté du cabinet de curiosités qui reprend les objets sources d'inspiration de Rembrandt, se trouve un cabinet de gravures et, également, à un autre étage, autour de l'escalier central qui distribue les petites pièces de la maison, un atelier de gravure. Un autre espace, plus grand, propose une explication du processus de peinture dans ce qui fut, exposé au nord, l'atelier personnel de l'artiste. Un étage plus haut, l'atelier des élèves illustre par l'entremise de petites alcôves les différents thèmes que ces jeunes assistants devaient traiter, comme la nature morte, le portrait notamment.... On le dit peu, mais Rembrandt, comme Rubens, fonctionnait selon un mode collectif, ajoutant sa patte dans des compositions préparées par ses employés, en tout cas durant l'époque florissante de sa vie avec Saskia. Deux nouvelles salles proposent des expos temporaires, celle jusqu'au 11 juin propose une collection privée américaine dédiée à l'art du dessin, qui comprend un sublime paysage de Rembrandt et d'autres dessins de sa main. Une autre, située au grenier, évoque en vidéo la chute de la "maison Rembrandt" après le décès de son épouse. Intéressant de constater que suite à cette disparition, l'approche de la peinture de Rembrandt évolue: il se libère non seulement des contingences matérielles puisqu'il n'a plus un sou, de l'aspect commandes, préférant exécuter les oeuvres de son choix, lesquelles suscitent l'intérêt de quelques collectionneurs avisés, convaincus de son génie. Se faisant, Rembrandt développe, dans cette deuxième partie de sa carrière, un style plus personnel encore, plus intime. Comme quoi, la liberté a un prix...