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Mardi, à l'appel du front commun (CGSP, Setca, CNE, SLPF et CGSLB) 4.000 personnes ont défilé à Bruxelles contre la vaccination obligatoire du personnel soignant qui devrait être effective au 1er avril 2022. Les syndicats avaient annoncé une "grande journée d'action" et une grève, en front commun pour le secteur des soins de santé. Ils exigent "une réelle concertation" autour de la vaccination du personnel soignant et "des avancées significatives" dans les professions de la santé, "dont les conditions sont devenues intenables". Les manifestants ont exprimé leur ras-le-bol après 21 mois de lutte contre le Coronavirus. Ils réclament des mesures pour réduire la pénibilité de leur travail, alourdie encore par la crise sanitaire, et une revalorisation. L'action de grève a pris différentes formes dans les institutions de soins du pays. Plusieurs hôpitaux ont mis en place mardi un "service du dimanche", limitant l'activité au strict nécessaire. A plusieurs endroits, du personnel a été réquisitionné. Au CHU de Liège, une minute d'applaudissements a été organisée pour soutenir "celles et ceux qui prennent soin des autres". Ce mouvement de mécontentement s'inscrit dans un contexte particulièrement difficile pour le secteur hospitalier. Suite à la hausse des hospitalisations Covid, les hôpitaux généraux et universitaires ont dû le 30 novembre arrêter pour deux semaines les activités médicales non urgentes et non-essentielles (lire en page 10). "Nous sommes particulièrement préoccupés par le personnel soignant. Il nous parait nécessaire d'envisager sans délai une valorisation substantielle de l'investissement des équipes infirmières dans la prise en charge les patients Covid. En l'occurrence, il s'agirait à la fois d'une reconnaissance de leur travail lourd et spécifique mais également d'un incitant dans une période particulièrement difficile en matière de ressources humaines", ont écrit les directeurs médicaux du Réseau hospitalier namurois dans un courrier adressé aux autorités (lire en page 46). Ils demandent également des précisions sur la responsabilité juridique pour les choix éthiques qui doivent être posés actuellement par les médecins et sur les mesures financières d'accompagnement de la réduction de l'activité. " Outre la durée exceptionnelle de la crise et son intensité, il est des mesures qui ne facilitent pas sa gestion au quotidien et qui conduisent aujourd'hui la majorité des soignants et des non- soignants à l'épuisement, au sentiment d'abandon, basculant de l'incompréhension à la colère, à une perte majeure du sens de leur métier, du "prendre soin"", commentent les directeurs généraux des hôpitaux du réseau hospitalier Phare (lire leur tribune sur www.lejournaldumedecin.com). Et de regretter que "les trois réunions successives du Comité de concertation et les mesures prises - voire l'absence de mesures significatives - trahissent une non prise en compte des réalités de terrain du secteur hospitalier, pourtant largement relayées par les experts et le secteur lui-même." "La ligne politique hésitante des derniers jours et les ordres contradictoires font douter les plus motivés. Il faut réagir vite et fort car, d'une gestion de crise, on pourrait passer rapidement à une gestion du chaos", préviennent Thérèse Trotti (CHR Haute Senne), François Burhin (Epicura), Didier Delval (Chwapi) et Grégoire Lefebvre (CHMouscron).