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Depuis deux ans, le Chirec a investi le site Delta à Bruxelles. A cette occasion, le service de sénologie s'est doté d'un appareil de mammographie numérique de General Electric, le sénographe Pristina 3D. Pourquoi avoir choisi cet appareil ? " D'une part, parce qu'il offre le plus de logiciels répondant aux besoins actuels en sénologie et, d'autre part, parce que GE dispose d'un département de recherche centré sur l'anxiété des patientes au moment de l'examen mammographique et dont l'objectif est d'améliorer leur bien-être ", précise Dr Véronica Mendez, responsable de l'imagerie du sein au Chirec.Une étude française récente montre que les patientes sont très satisfaites de cet appareil, conçu pour améliorer leur confort et faire le moins mal possible. Ainsi, après avoir été installée par le technologue, la femme peut déterminer elle-même le degré de compression grâce à une petite télécommande." Cela motive la patiente qui est mieux placée et plus détendue. Or, on sait qu'un sein bien comprimé et positionné améliore la qualité de l'image (et donc du diagnostic) et diminue l'irradiation du sein. Comme la patiente se sent responsable de son examen, elle le vit beaucoup mieux, ce qui favorise le retour au dépistage. Par contre, une expérience traumatisante peut complètement la dégoûter de revenir faire une mammographie. "Pour adoucir encore l'expérience, l'équipe du Chirec élabore un projet d'aménagement des locaux en intégrant un accompagnement musical et sensoriel... " Tout ce qui peut aiguiser les sens et mettre la patiente en confiance est intéressant. Cela n'est malheureusement pas pris en charge par l'Inami, mais n'a par contre aucun impact sur le coût imputé au patient. Nous tenons à adopter cette philosophie parce que cela contribue vraiment au bien-être des patientes, notre objectif premier ", commente la sénologue.En octobre dernier, le Chirec a été le premier hôpital dans le monde à réaliser une biopsie sous tomosynthèse isodose avec le sénographe Pristina 3D." Ceci, à nouveau, dans un souci de qualité de la prise en charge des patientes et avec la possibilité de pouvoir travailler à des doses réduites de rayons, par rapport à d'autres appareils. Les logiciels s'acquièrent au fur et à mesure des développements techniques sans que ces implémentations ne coûtent plus cher aux patients. Une nouvelle technique de biopsie sous angiomammographie est prévue prochainement ", explique le Dr Mendez.Début décembre, l'étude MYPeBs (My Personal Breast Screening), financée par l'Union européenne, démarre dans cinq pays : Belgique, France, Israël, Italie et Royaume-Uni. Sept centres belges y participent : Chirec, CHWapi, St Luc, UZ Brussel, UZ Leuven, Bordet et Ixelles. 85.000 patientes, âgées de 40 à 70 ans, seront incluses : la Belgique doit en recruter 10.000 et le Chirec environ 1.000." Il s'agit d'une étude prospective randomisée à deux bras : on va comparer le dépistage de masse tel qu'il est proposé aujourd'hui avec le dépistage stratifié en fonction du risque. Le recrutement débute le 9 décembre, il va durer deux ans et demi et les premiers résultats sont attendus pour 2024. La clôture de l'étude aura lieu après six ans et demi. "" C'est une étude passionnante, assez complexe, et qui va prendre beaucoup de temps, mais elle va enfin répondre aux questions qu'on se pose depuis bientôt 30 ans, se réjouit Véronica Mendez. "Quand le dépistage a démarré en Belgique, sous forme du mammotest, cela n'a pas fonctionné à Bruxelles et en Communauté française parce qu'il était mis en compétition avec le dépistage individuel, celui que nous proposons avec une présence médicale, un examen clinique, et une échographie si nécessaire. Nous avons créé le 'Club Séno' qui regroupe 350 sénologues dans le pays et qui soutient le dépistage individuel en concurrence avec le mammotest. Le dépistage pour tout le monde, de la même manière, n'est pas aussi efficace que s'il est adapté en fonction de la femme, de son âge, de la densité mammaire, des facteurs de risque personnels et familiaux, et enfin, de facteurs génétiques. Nous devons donc motiver les patientes et surtout les médecins prescripteurs (généralistes et gynécologues) pour les encourager à nous envoyer des participantes. Je m'y emploie depuis un an et demi, avec le Dr Nathalie Mouthuy (sénologue à Ste-Anne St-Remi et récemment diplômée en onco-génétique), en présentant cette étude aux glems et aux dodécagroupes des MGs, aux gynécologues et aux radiologues."Pour mener cette étude, la Belgique a reçu 600.000 euros de l'Union européenne. Un budget complété par la Fondation contre le cancer à hauteur de 300.000 euros. Par ailleurs, pour aider au recrutement des volontaires belges, la Fondation contre le Cancer met à disposition son callcenter Cancerinfo (0800 15 801).Le Dr Mendez et le Dr Mouthuy, soutenues par le Chirec Cancer Institute, fondent beaucoup d'espoir en l'étude MYPeBs qui devrait permettre d'identifier une stratégie de dépistage plus efficace et plus sûre que la stratégie en vigueur et parce qu'elle s'inscrit dans la perspective de la médecine personnalisée et adaptée à chaque patient en fonction de ses facteurs de risques.