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Les jeunes de moins de 25 ans issus d'une famille ayant droit à une allocation majorée en raison de sa situation financière précaire n'auront plus à payer de ticket modérateur pour une consultation chez un médecin généraliste ou un spécialiste, si celui-ci est conventionné. Un médecin non conventionné peut toujours facturer des suppléments. Selon M. Vandenbroucke, plus de 400.000 jeunes de ce groupe cible consultent chaque année un médecin généraliste et plus de 315.000, un spécialiste. Le journal du Médecin: L'idée de Vandenbroucke est-elle bonne? Dr P.-L. Deudon: Les patients BIM ont déjà une consultation qui revient à 1 euro s'ils ont leur DMG chez moi. D'autant que je peux même laisser tomber l'euro s'ils n'ont pas les moyens du tout. On fait souvent du pro deo pour nos patients en difficulté. Le vrai problème, c'est l'accès à la prévention: c'est de plus en plus une question de temps dans l'agenda des gens, en réalité. De plus, la mesure du ministre ne touche pas les déconventionnés (le ministre a indiqué que des suppléments pourront toujours être demandés par des médecins déconventionnés bien que les suppléments sont théoriquement interdits pour les BIM, NdlR). Je suis donc mitigé: le principe est bon, l'impact sera limité. Coup de com' de la part de Vandenbroucke? On a l'impression qu'il fait le forcing avant la période d'affaires courantes qui débutera en janvier prochain... On en a un peu l'impression... D'une part, c'est un ministre qui veut faire des choses, qui n'a pas seulement une logique électorale. Mais bien qu'en fin de carrière politique (il n'a donc pas forcément un agenda politique), le ministre dépend d'un parti qui en a un. Donc il fait du bruit pour montrer qu'il prend des mesures en faveur de la population... Ce qui fait que je suis assez neutre quant à cette mesure. Dans votre consultation, beaucoup de patients sont dans le cas? Vous leur demandez un euro ou rien du tout? Si je prends les statistiques de la semaine dernière dans mon DMI, on est sur 17 contacts sur 50. Un bon 20%... Partagez-vous l'idée développée dans le serment d'Hippocrate d'origine recommandant au médecin de toujours faire payer une petite somme au patient (où l'augure d'un service rendu à l'avenir) pour donner une certaine valeur à l'acte médical? Je suis très ambivalent à ce sujet. D'un côté, il est sain que les gens se rendent compte que la médecine c'est un vrai travail et qu'il ne s'agit pas d'un rapport de consommation. D'un autre côté, l'accessibilité financière ne doit pas apparaître aux yeux du patient comme un frein au recours à la médecine. Que conclure? Ce qu'il nous faut, c'est une politique de prévention plus solide que celle que nous avons actuellement. Ce n'est pas uniquement l'accessibilité aux soins qui est importante, mais aussi l'éducation au recours aux soins. Donc, à mes yeux, cette mesure proposée par le ministre n'est pas réellement celle qu'il nous faut.