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Un film qu démarre en trombe, en voiture, dans les rues du Naples du milieu des années 80, ville grouillante, baroque, bling-bling qui a porté El Pibe del oro sur son capitole local avant de le précipiter sur la roche tarpéienne. Une ville volcanique, bouillante comme le Vésuve, déversant son amour incandescent comme sa boue meurtrière.Un Maradona transféré de Barcelone où il a échoué et qui va offrir au club de Napoli deux scudettos (titres de champion italiens) notamment, et une coupe d'Europe. Une ville sous l'emprise de la Camorra et qui fera de Diego, déjà sous celle de la Cocaïne, son otage de luxe en lui procurant une protection en tout genre.Une mafia napolitaine qui le lâchera en 1990 lorsque l'Argentine éliminera l'Italie en demi-finale de la Coupe du monde dont elle est l'organisatrice, dans le stade San Paolo.... de Naples !Un " crime " que l'organisation mafieuse ne lui pardonnera pas, déclenchant contre le capitaine de l'albiceleste une vengeance pénale, fiscale et... sportive....Le film révèle l'influence tentaculaire de la camorra sur la baie de Naples et ailleurs : il ne le mentionne pas, mais de fortes présomptions de corruption plane sur le match au sommet perdu par Napoli contre le Milan de Gullit et Van Vasten en 88 en fin de championnat et qui vit ensuite le Napoli, dominateur sur le plan sportif, étrangement s'écrouler, les mafieux devant payer 200 milliards de lires dans le Totonero en cas de victoire finale des Napolitains ; ou bien le fait qu'il y a quelques années la compagne de l'autre argentin, Higuain, se fit dérober ses bijoux par un petit malfrat, butin restitué miraculeusement deux jours plus tard sur ordre de l'organisation criminelle.Plus encore, le documentaire d'Asif Kapadia s'attache et rend attachant la personnalité de Diego prisonnier de l'image de Maradona, gamin des bidonvilles de Buenos Aires, propulsé star à 15 ans, et qui ne rêve que d'offrir une habitation décente à ses parents et ses quatre soeurs. Immature, Maradona n'est pas idiot ou irresponsable : c'est un garçon intelligent, victime du tropplein de responsabilités, énormes, qui pèsent sur ses épaules et se laisse peu à peu détruire par la presse, la gloire et toutes les tentations et les parasites qui gravitent autour. Un parcours à la Amy Winehouse le sujet précédent de Kapadia.Ce qui ne veut pas dire que le film soit seulement hagiographique et absout le footballeur de ses errements, notamment en ce qui concerne son addiction à la drogue et son refus de reconnaître la paternité d'un enfant napolitain.La phrase la plus frappante de ce film virtuose qui jongle, autant que Maradona balle au pied, avec les archives et témoignages de toutes sortes, est prononcée au début du film par le roi Pelé lui-même, adoubant Diego : " Maradona est un joueur d'exception, mais qui n'a pas été psychologiquement préparé à le devenir ".Droit au but...