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Né un 14 août 1948, le Dr Wery fait ses humanités à Saint-Boniface, à Bruxelles. C'est en 1969, que ce fils et beau-fils de colonel débute ses études de médecine à Leuven "par altruisme et l'envie de partager", confie-t-il. Un cursus qu'il poursuivra en chirurgie orthopédique "par intérêt pour la technique et par amour des gens". Un état d'esprit qui le mènera plus tard à écouter ses patients dans une discipline qui connaît peu de cancers. "J'ai soigné des traumatismes de la route ou du travail", précise-t-il. "J'ai toujours insisté sur l'importance du dialogue et de l'information éclairée. Un chirurgien reste à l'écoute de son patient."Diplômé en 1977, comme son épouse, de la dernière promotion francophone nommé dans les Halles universitaires de Leuven. Il se souvient d'une époque difficile mais heureuse. "Notre situation familiale n'était pas simple et nous avons assuré la fin de nos études grâce à quelques jobs", affirme-t-il. De 1977 à 1981, il entame sa formation de chirurgien orthopédiste à l'UCL Saint-Luc. Après quatre années passées à Woluwe, il part une année à Caen, en Normandie, puis une année à Montréal. S'il a en mémoire, mais sans s'en plaindre, un rythme soutenu à Saint-Luc avec des gardes une semaine sur deux, il retient une relation de travail exceptionnelle à Montréal. "Sur le continent américain, j'ai découvert un monde hospitalier où nous pouvions nous exprimer alors que l'ambiance était plus restrictive en Belgique.""Lorsque je suis revenu en Belgique, le professeur André Vincent (chirurgien orthopédiste) m'a demandé de superviser les jeunes assistants. J'ai eu l'opportunité de partir en Thaïlande-Cambodge une demie année", se rappelle-t-il. Une expérience internationale qui le marqua profondément. La secrétaire de son patron lui apprend qu'une place se libère au sein du Comité international de La Croix-Rouge à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge. Nommé médecin chef des camps de Khao I Dang et de Kab Cherng, il se retrouve chirurgien dans les suites de la guerre civile du Cambodge. "Nous étions quatre chirurgiens, autant d'anesthésistes et une vingtaine d'infirmières. Nous avons effectué au moins 2.000 opérations", se souvient le chirurgien qui travaillait alors aux côtés du Dr Georges Dallemagne, actuel député fédéral. "Il bossait alors pour le compte de MSF au sein de l'unité pédiatrique et de médecine générale", confie-t-il. Il se souvient d'une coexistence avec des praticiens traditionnels, présents dans les camps. Des personnalités qui soignaient au moyen de tatouages, d'amulettes et en crachant sur les plaies de la salive magique qui ne soignait pas forcément mais qui dans certains cas n'empirait pas la situation. Avec émotion, il raconte foule d'évènements qui l'amenèrent sur des camps bombardés où beaucoup de morts s'alignaient à côté de nombreux blessés. Des situations où le tri des vivants impose de faire un choix entre les blessés viables et ceux qui ne le sont pas. En quittant cette portion de l'Asie du Sud-Est, il publie un texte où il s'exprime en ces termes: "La charité, on la reçoit des plus pauvres. La haine ne cède qu'à l'amour".Impressionné, mais naturellement critique face aux médecines traditionnelles découvertes sur place, il revient en Belgique. Après une brève expérience à Virton, il part pour Charleroi où il exercera de 1986 à 2000 "dans un climat politique compliqué". Avec l'accord de son épouse, il décroche pour une opportunité à Bethune, en France, "dans une unité composée de cinq chirurgiens, quatre infirmières et cinq secrétaires" où il a redécouvert le travail d'équipe qu'il avait apprécié à Montréal et en Asie. "Cette petite unité m'a plu. Un chirurgien est un chef d'orchestre qui donne le ton en écoutant tout le monde", commente le chirurgien qui exerça en France jusqu'en 2017. Le Dr El Gariani, avec qui il fit ses études et participa à la création des urgences à Saint Luc, se rappelle de lui en ces termes: "Un jour, un camion s'était encastré dans une façade bruxelloise. Il s'est rendu sur place avec un anesthésiste et il a sorti le gars vivant de l'accident alors que ses jambes étaient apparemment condamnées. Cette personne marche sur ses deux jambes actuellement". A la fin de sa carrière, la relation avec une certaine patientèle exigeante, fruit de la génération Facebook, l'a particulièrement lassé: Il regagna son domicile bruxellois. "Je souhaiterais désormais reprendre la voie du travail. Non pas comme praticien mais comme consultant. Un job où je pourrais donner un avis global qui n'est pas celui d'un chirurgien qui a un bistouri entre les dents."Marié avec une dermatologue et fier papa de Pierre-Yves, infirmier en réanimation et en salle d'op à l'UCL Saint-Luc, il se consacre maintenant au dépistage du Covid-19 au sein de la commune de Woluwe-Saint-Pierre. Une maison communale où il a découvert "une ambiance formidable et des gens exceptionnels comme le bourgmestre Benoit Cerexhe ou encore Loïc et sa compagne, fonctionnaires communaux". Dans cette commune pilote par rapport aux tests Covid-19, il souhaiterait assumer la vaccination qui y est prévue en mars. En 2021, la commune de Woluwe-Saint-Pierre fera partie des dix communes bruxelloises où un centre de vaccination est prévu par la Cocom.