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Depuis toujours, Corinne Grégoire est passionnée par la lecture. Elle se plonge avec appétence dans tout style de livres, que ce soient des romans, des essais, des livres historiques ou encore philosophiques: tout l'intéresse. Si on se promène chez elle, on tombe sur des livres ouverts par-ci par-là. Étudiante, c'est en dévorant les romans de Robin Cook, et plus particulièrement celui intitulé "Virus", que la jeune femme se projette dans le personnage principal, une doctoresse oeuvrant au sein d'un organisme spécialisé dans la lutte contre les maladies contagieuses. L'idée de travailler dans des laboratoires de haute sécurité (P4), équipée en cosmonaute, lui semble grisant. Elle se lance alors dans des études de médecine, visant le doctorat qui lui permettrait d'accéder à cette profession. Comprendre comment les choses fonctionnent fait également partie de son ADN. L'orientation choisie au départ prend une nouvelle direction en cours de route. Lors de ses stages, Corinne Grégoire apprécie particulièrement le contact patient. L'idée d'être enfermée dans un laboratoire n'est donc plus du tout à l'ordre du jour. Aborder les gens n'a jamais été un problème pour elle, que du contraire! Durant ses études, elle enchaîne de nombreux jobs, tous axés sur le contact, tels que celui de serveuse, vendeuse, épicière, réceptionniste, etc. Au moment de s'orienter vers une spécialité, c'est la médecine interne qui l'emporte. Ce choix permet de se rapprocher des patients, d'établir des liens entre symptômes et intérieur du corps humain et enfin, d'assouvir une soif de tout comprendre. En deuxième année de formation, la stagiaire se retrouve dans un service d'oncologie. Aider des patients fauchés par la maladie sans l'avoir voulu, suscite en elle une grande empathie. Après s'être assurée d'être suffisamment forte sur le plan émotionnel, elle décide de s'orienter dans cette voie. "J'ai tout de suite senti que c'était ma place et depuis, je ne regrette jamais ce choix", confie l'oncologue. Au-delà de son métier, la jeune mère de famille consacre son temps à ses enfants, à la lecture, à la marche en pleine nature. "Je suis impressionnée par la force de la nature, son éveil à la sortie de l'hiver, ses couleurs changeantes au fil des saisons. J'en apprécie la beauté à tout instant", explique Corinne Grégoire. Un jour, elle décide d'associer son métier à son attrait pour la marche en pleine nature. Elle souhaite accompagner ses patients au-delà de leurs traitements. Elle cherche à les aider à se remettre sur pied, à aller de l'avant. Elle entend parler du challenge "10 femmes pour un 4.000", mené par une équipe médicale de Namur. "Certaines de mes patientes ont participé à l'ascension des 4.000 mètres. Elles en sont revenues en super forme, tant physiquement que moralement. Elles avaient franchi un cap. Pourquoi dès lors ne pas créer notre propre projet? Non pas escalader des sommets, mais lancer un challenge physique, comme marcher 100 kilomètres. Après quelques échanges avec mes collègues, nous avons opté pour un trek en Islande intitulé "le trek du bout du monde". Le projet s'est lancé, l'ASBL s'est fondée, les entraînements ont commencé...", nous explique l'oncologue enthousiaste à l'idée de toujours stimuler ses patient(e)s à se surpasser. Cet été 2023 aura lieu la troisième expédition. Une dizaine de patients encadrés par un staff de médecins, kinésithérapeutes et infirmières y participent. Cette fois, c'est la Norvège qui accueillera l'équipe de "100 km au-delà". Il y a différents critères pour faire partie du projet. Le premier est d'ordre médical. Ensuite, les candidats passent un entretien psychologique. Une condition est également l'obligation de participer à tous les entraînements. Petit à petit, le groupe se forme, les contacts se font et les liens se créent. Les candidats partagent leurs idées et organisent des activités ensemble pour récolter les fonds nécessaires, ce qui leur permet d'apprendre à mieux se connaître. Ils s'impliquent donc pleinement dans le projet dès le départ. "Chaque voyage nous réserve l'une ou l'autre surprise. C'est ce qui nous soude également. Un jour, nous croisons un jeune qui fait un choc anaphylactique sous nos yeux. En tant que médecins, nous sommes en première ligne pour gérer la situation avant l'arrivée de l'hélicoptère! Ce type d'aventure laisse des souvenirs mémorables... Être à cet endroit et à ce moment précis a probablement sauvé une vie humaine. Si c'est arrivé, c'est que c'était écrit", explique la médecin, convaincue de la force de l'univers. Corinne Grégoire est décidée à renouveler chaque année ce challenge, tant les retours sont positifs. Que ce soit l'équipe des accompagnateurs ou les patients, tout le monde en ressort boosté. "J'aime beaucoup de choses, mais si on me demande quelle est ma véritable passion, c'est exercer mon métier de médecin en m'y investissant pleinement. Construire des liens au-delà de la relation médecin-patient. Je considère la maladie comme une bataille que l'on mène ensemble, que l'on doit gagner ensemble. On partage une même histoire. Être proche tout en sachant garder ses distances, c'est, selon moi, tout l'art d'un bon médecin", précise l'oncologue, débordante d'énergie. Et d'ajouter: "Profitons de la vie comme elle est, car elle pourrait être mieux, mais elle pourrait être pire. En une seconde, elle peu basculer. Ne l'oublions pas!"