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L'image est rarement assez utilisée en consultation. L'information se transmet majoritairement oralement, que ce soit sur la nature du trouble, sur l'intervention ou sur la thérapie à prescrire. Dans le meilleur des cas, un dépliant accompagne le diagnostic. " Incompréhensible ! ", s'exclame Ralph Koppers, pneumologue au Medisch Centrum Leeuwarden. Avec son compagnon Edwin De Boer, l'intéressé a donc monté, il y a six ans, Indiveo.Indivéo, ce sont en fait des divi's, vidéos réalisées par Koppers et De Boer à l'attention des patients. Des films d'animation sur la maladie, les traitements, les interventions, dans une langue compréhensible pour chaque public cible. " Les prestataires de soins ne sont pas toujours formés à transmettre correctement les informations, à combler ce fossé qui sépare le patient du soignant ", explique le Dr Ralph Koppers." Nous disposons pourtant d'excellents instruments. Une vidéo d'animation constitue ainsi un outil redoutable pour faire comprendre des informations médicales et des termes de jargon obscures.Qui plus est, les gens sont stressés à l'idée de rentrer à l'hôpital pour une maladie grave. Les informations reçues à ce moment précis sont donc cruciales. Des études néerlandaises montrent que les patients ne retiennent que 20 à 40% de ce qui leur est annoncé au cours de la consultation. Cela vaut aussi pour la famille qui les accompagne. Une vidéo à revisionner à la maison permet au contraire d'assimiler toutes ces informations. "Indiveo fonctionne par abonnement. " Comme Netflix ", résume Ralph Koppers. " L'abonnement permet aux hôpitaux ou aux services de donner l'accès à l'ensemble de l'offre ou à certaines vidéos liées à une spécialisation précise. De nouvelles vidéos, sur un tout autre sujet, peuvent également voir le jour. Notre " bibliothèque " dispose aujourd'hui de quelque 300 vidéos, et nous continuons à en produire de nouvelles. Notre objectif est de couvrir au final toutes les maladies et traitements possibles. "Le système développé par Indiveo comprend deux sections : " d'une part les vidéos digitales elles-mêmes, des espaces d'e-learning composés d'une explication détaillée et d'une animation accompagnée d'une voix off sur un sujet particulier : une recherche, une malade ou une thérapie. " Le Dr Koppers cite pour exemple la bronchoscopie. " Des sous-titres, traduits dans toutes les langues, et une voix off accompagnent les vidéos. Chaque séquence peut également être reliée à d'autres, pour créer une sorte de trajet de soins. "Les vidéos contiennent également des cartes instructives modulables au gré des envies des utilisateurs, hôpitaux ou médecins. " Ces cartes permettent aux hôpitaux d'ajouter des informations utiles. Contacts, itinéraire vers un service, mais aussi des informations autour de la préparation d'un examen ou d'un suivi, adaptées aux directives propres à l'hôpital. Des images supplémentaires peuvent être créées à cet effet. " Indiveo constitue en outre une marque blanche. Les souscripteurs peuvent donc ajouter leurs propres logo, photos, adresses et signatures, et communiquer ainsi très précisément leur identité.De surcroît, il est possible d'établir des liens vers des sites ou des outils, et d'envoyer des notifications propres à chaque patient, comme des instructions courtes ou un rappel du prochain rendez-vous. " Une manière d'informer le patient de manière précise et sûre, au moment qui lui convient le mieux ", conclut Ralph Kopper.Il existe différentes manières de proposer les vidéos aux patients via la plateforme d'Indiveo : dossier patient électronique, liens internet sur le site de l'hôpital (vers des vidéos embedded) ou via le tableau de bord d'Indiveo. Le site permet également un couplage avec d'autres applications classiques.Les vidéos ne sont pour l'instant pas visionnables sur le territoire belge, " mais la situation va changer ", assure Ralph Koppers. " Pour l'instant, les généralistes n'ont pas accès à ces vidéos, mais cela devrait rapidement changer. Nos vidéos devraient leur bénéficier, à eux et à leurs patients d'ailleurs. Une vidéo sur le diabète ou sur l'hypertension artérielle a évidemment toute sa place dans un cabinet, tout comme les vidéos sur la prévention et les modes de vie saine, ou pour arrêter de fumer par exemple. Par ailleurs, il est également envisageable de créer du contenu spécifique à la première ligne, pour informer les patients, préparer aux examens et aux interventions du généraliste. "Une trentaine d'hôpitaux néerlandais travaillent pour l'instant avec les vidéos digitales d'Indiveo. " Nous avons déjà informé à peu près un demi-million de patients. Grâce à la fonction feedback, nous recevons quotidiennement des dizaines de réactions spontanées des patients : 'je comprends les informations, elles me rassurent quant à l'intervention, cela m'apaise...' Ces feedbacks nous font avancer, nous et les hôpitaux d'ailleurs. "En 2021, ce projet s'est vu couronner par le ZorgVoorZorgPrijs de l'Union de la langue néérlandaise, institution créée pour discuter des questions relatives à la langue néérlandaise entre ses trois membres (les Pays-Bas, la Belgique et le Suriname). " Ca nous a fait chaud au coeur que notre projet, majoritairement basé sur l'image, soit sélectionné comme le meilleur exemple d'utilisation du langage dans les soins de soins, pour améliorer la communication avec les patients ", se réjouit le Dr Koppers.