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L'intervention du Pr Brigitte Velkeniers la semaine dernière au Parlement fédéral n'aura pas suffi. La présidente de la Commission de planification a pourtant présenté l'impressionnante avancée méthodologique, à savoir leur nouveau modèle stock-and-flow. Autrement dit, d'une part, les médecins en stock et le flux des praticiens quittant la profession. Mais cette modélisation tient également compte de la demande de soins sur la base de la démographie et de l'épidémiologie. "Grâce à ce modèle, des projections chiffrées relatives à l'évolution des médecins en activité et à leur densité par rapport à la population ont été réalisées pour 29 spécialités", a expliqué le Pr Velkeniers.Les prévisionnistes sont ainsi parvenus à établir des sous-quotas par discipline et par communauté, dont la somme donne les quotas fédéraux. "Pour 2022, il s'agit de 1.320 médecins pour la Belgique, dont 745 pour la Flandre et 575 pour la Fédération Wallonie-Bruxelles", remémore la présidente de la Commission de planification.Mais le modèle scientifique, accepté à l'unanimité par les membres de la Commission, n'a pas servi à éteindre les inimitiés communautaires dans le dossier du contingentement. Au contraire.La N-VA et le Vlaams Belang sont encore montés au créneau pour dénoncer les irrégularités. "Les calculs du Pr Velkeniers reposent sur un filtre (en communauté française) qui fonctionne correctement et l'Inami s'appuie sur des paramètres qui sont susceptibles d'induire de fortes distorsions. On parviendra toujours à la conclusion que le besoin de médecins est plus important en Belgique francophone qu'en Flandre", a sanctionné Valerie Van Peel.Les séparatistes flamands ne digèrent pas le fait que Maggie De Block ait repris à son compte les recommandations des planificateurs, rompant le sacro-saint ratio de 60 % de médecins flamands pour 40 % francophones. "Un problème francophone qui risque d'obtenir une solution typiquement belge", a épinglé la parlementaire flamingante Barbara Pas (VB), "récompensant de ce fait la politique défaillante" du sud du pays, pour ne pas dire socialiste.La ministre libérale flamande reconnaît qu'il y a eu un énorme gaspillage au sein de la Communauté française ces dernières années mais "ne rien faire serait pire", s'est-elle dédouanée moralement. "Sans intervention de notre part, la prochaine génération en paiera le prix." Et d'estimer que le modèle développé chez nous est un "système unique" qui n'existe nulle part ailleurs, la Belgique étant le seul pays qui prend ses responsabilités dans ce domaine.La dirigeante Open Vld a d'ailleurs tenu à nuancer cette prétendue répartition 58/42 favorable aux francophones. "Près d'un tiers des étudiants francophones sont d'origine étrangère et ne feront pas partie des praticiens belges à l'issue de leurs études", insiste-t-elle.Plus précisément, 90 % des non-Belges porteurs d'un diplôme belge commencent leur spécialisation en Communauté française, contre 50 % du côté néerlandophone. "Les médecins non belges sont moins actifs que leurs confrères et consoeurs belges dans les deux Communautés. Il y a donc une perte considérable de généralistes et de spécialistes qui ayant été formés en Belgique émigrent ensuite", a d'ailleurs indiqué le Pr Brigitte Velkeniers.Sans oublier que dans la proposition qu'elle a soumise au gouvernement fédéral depuis des semaines, où elle s'inspire certes des conclusions des prévisionnistes du SPF Santé, la ministre De Block a ajouté un verrou supplémentaire."Si trop de candidats médecins devaient être malgré tout formés dans l'une ou l'autre partie du pays, ce verrou fera que nous devrons également octroyer un numéro Inami, qui donne seul accès à la formation", a-t-elle fait valoir. L'étape suivante sera un arrêté royal. Et à l'heure où aucune décision n'a encore été prise par le Conseil des ministres, les représentants de la N-VA n'y trouveraient rien à redire au modèle, a senti bon de préciser la ministre De Block.