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Le sous-financement évident du code de la reconstruction du sein par un DIEP (lambeau de peau et de graisse prélevé sur l'abdomen, ndlr) a été confirmé par une étude approfondie du KCE. A partir de ce moment, il y eut en effet de longues négociations auxquelles nous avons participé. Nous n'étions pas loin d'aboutir à un accord juste et équitable, qui prévoyait de doubler la valeur du code pour qu'enfin celui-ci soit correct, en regard de la difficulté technique et du temps opératoire requis. Malheureusement le 20 avril 2016, nous avons été informés que cela se ferait dans le cadre d'un accord particulier, parallèle à la nomenclature traditionnelle, avec en sus des conditions strictes qui sont pour certaines inadéquates, injustes ou même infamantes. Depuis lors, nous n'avons plus été écoutés et encore moins impliqués. Nous nous opposons à cette proposition car majorer de manière très significative un code chirurgical dans le cadre d'une convention parallèle à la nomenclature traditionnelle constitue un redoutable précédent. Si tout le monde s'accorde à dire que cette valeur était très insuffisante, pourquoi ne pas simplement la corriger dans la nomenclature accessible à tous le plasticiens ?Cela pourrait séduire les centres les plus pragmatiques mais en y regardant de plus près, le bénéfice financier n'est pas si évident : les demandes d'agrément et leur maintien par des contrôles de qualité seront chronophages. Les assistances opératoires traditionnelles de 10% se voient supprimées. Le deuxième sein des reconstructions bilatérales voit sa valeur réduite de moitié. Les temps ultérieurs de symétrisation, retouches et reconstruction du mamelon, sont assimilés dans un package unique, avec parfois même une valeur réduite. Tous ces codes ne sont applicables qu'une seule fois par sein. Quid des reprises immédiates pour thrombose au milieu de la nuit ? Quid de la gestion des nécroses et de la nécessité d'un second lambeau ? Quid des cas plus complexes où un seul temps de symétrisation ne satisferait pas la patiente ? Tous les éventuels gestes complémentaires ne pourraient plus être tarifés ! C'est en outre la première fois que pour attester d'un code, un chirurgien devrait, outre sa reconnaissance dans sa spécialité, apporter des preuves complémentaires de ses compétences, jusqu'à ses publications. De plus, ce n'est pas le rôle de l'Inami de contrôler les compétences des chirurgiens mais cela incombe aux commissions d'agrément et au Conseil supérieur. Mis à part les situations de cancers avérés, on considère que le chirurgien plasticien n'est plus compétent pour poser une indication opératoire honnête. Dans certains cas, il faudra l'accord d'une COM (consultation oncologique multidiscipliniare, ndlr) et dans d'autres, il faudra même attendre la décision du Collège des médecins-directeurs.·Le plus inacceptable est de lier cette convention à une limitation des compléments d'honoraires pourtant bien légaux en chambre particulière. C'est un tout autre débat qui n'a pas sa place ici. Depuis des décennies, il est clair que les accords médicomutualistes conviennent des honoraires de base et "sociaux", heureusement compensés par les honoraires complémentaires en chambre particulière. Bien entendu, le patient doit toujours avoir la liberté du choix de sa chambre.Enfin, nous dénonçons le conflit d'intérêts majeur de mutualité(s) très puissante(s) dans notre pays. Il est évident que c'est parce qu'elle(s) propose(nt) des assurances complémentaires que les honoraires privés ont été ici plafonnés ! Si on analyse bien cette situation paradoxale : on augmente le code INAMI, au détriment de notre sécurité sociale déficitaire mais on restreint les suppléments, au bénéfice des assurances hospitalisation privées. Cherchez l'erreur.Fermer les yeux sur cette tactique, qui ne cible actuellement que notre discipline, c'est encourager des mesures similaires, pilotées par certaine(s) mutuelle(s) qui toucheront tour à tour d'autres spécialités ou d'autres modes de financement des hôpitaux. Nous ne comprenons pas que nos syndicats, le GBS et l'ABSYM aient laissé passer cela.