Le repos du patient n'est pas une bonne raison, à l'exception peut-être des services d'obstétrique où beaucoup se pressent à voir... le nouveau-né plutôt que la mère fatiguée. En général, le besoin de repos du malade est un leurre, car si la fatigue doit être évitée, un repos excessif ne mène qu'à la faiblesse et à la prolongation de la convalescence. Aujourd'hui, on encourage les patients à être stimulés intellectuellement et physiquement et à éviter l'alitement prolongé.

La facilitation des soins n'est pas une bonne raison non plus. Les visiteurs ont (à peine) leurs droits, mais surtout leurs devoirs. Ils doivent quitter la chambre à la demande du personnel et de manière générale, ne pas interférer avec les soins. Pas question non plus qu'ils freinent le travail par des mêmes questions lancinantes ou une conversation trop engageante. Pas question non plus de jeter ne fut-ce qu'un oeil dans la chambre du voisin...

Confort du personnel

Le confort du personnel soignant n'est pas non plus une bonne raison. Les proches peuvent aider à la surveillance des patients et même aider à leur prise en charge. Par ailleurs, la présence de proches à des moments divers de la journée leur permet de mieux comprendre la vie du personnel soignant et d'ainsi de réduire le risque de conflits. Lorsque les heures de visite étaient contingentées, les infirmier(e)s en profitaient pour prendre à ce moment un peu de repos, voire se permettre une période de distraction avec les collègues. Ceci pouvait donner une impression d'inactivité voire de désinvolture. En arrivant à différents moments et en restant plus longtemps, les proches apprennent à mieux comprendre la vie dans les hôpitaux et apprécient que les infirmier(e)s ont aussi besoin de repos et de distraction. L'hôpital n'est plus un monde à part, que l'on hésite à découvrir, où on s'avance avec réticence, en s'excusant presque de déranger.

De toute évidence, le problème majeur des heures de visites était la limitation globale des temps de visites. On ne pouvait pas toujours se libérer pendant les heures de visite, on hésitait à se renseigner, ou simplement on se trompait et faisait demi-tour à l'entrée de l'hôpital. Et on finissait par postposer : 'j'irai quand il/elle ira mieux....'

Or les visites sont favorables aux patients hospitalisés. Les distractions du malade conscient sont bienvenues. Le contact avec le monde extérieur, des nouvelles directes sont stimulants, et propices à la récupération. Dans tous les cas, c'est surtout le sentiment d'intérêt et de soutien qui est important.

Rôle des proches

Les proches ont toujours été bien accueillis (espérons-le), mais pourraient l'être davantage. Après tout, nous avons déjà introduit café, restaurant, banque et magasins dans les hôpitaux. On peut souvent faire mieux. Les proches doivent quitter la chambre pour des soins ? Ou le malade doit quitter la chambre quelque temps pour un acte technique ? Ou simplement la famille veut 'souffler' un peu ? Au lieu des quelques strapontins au bout du couloir, bon nombre d'hôpitaux ont introduit des salons d'accueil des proches qui peuvent y rester aussi longtemps qu'ils le souhaitent, dans des conditions confortables. Ces endroits disposent d'un salon où on peut se reposer, d'un appareil de télévision pour se distraire, et même d'un four à micro-ondes pour se préparer un petit plat chaud.

Les proches font partie de l'environnement immédiat du patient. Ils peuvent jouer un rôle actif, notamment en signalant une anomalie, une dégradation clinique. Dans les hôpitaux américains commencent à apparaître des petites brochures indiquant comment les proches peuvent rapporter une désorientation qui n'était pas présente, une discrète dégradation respiratoire... Les proches peuvent parfois contribuer directement aux soins, par exemple en donnant à manger ou en aidant à faire la toilette. Il est intéressant de se rappeler que ces pratiques sont restées bien vivantes dans bon nombre de pays aux ressources limitées, où les proches n'ont jamais abandonné la personne malade. C'est dans nos sociétés que la prise en charge a été entièrement enlevée aux proches pour les remettre à des professionnels, ce qui aboutit parfois à l'infantilisation du malade...

Le Wall Street Journal du 1er aout 2016 rapporte une suppression totale d'heures de visite d'un grand nombre d'hôpitaux américains. Il en va de même en France qui connaît actuellement une campagne de sensibilisation pour une plus grande ouverture des hôpitaux. Les proches ne sont nullement en opposition avec le personnel. Il faut éviter de parler en termes d' "eux" et de "nous" : le patient est au centre des préoccupations et nous sommes tous autour de lui pour apporter les meilleures chances de récupération sans complications.

"Les visites sont terminées"

Il faut évidemment respecter le besoin de repos des malades, mais ceci peut être contrôlé de manière individuelle, en concertation avec le malade. La présence d'un proche dans la chambre n'empêche pas nécessairement le sommeil. Par ailleurs, nous devons parfois rappeler aux proches qu'ils ont eux aussi besoin de se reposer, en particulier la nuit. De toute manière, l'accès à l'hôpital la nuit reste en général limité, sécurité oblige.

Vous souvenez-vous du temps où une infirmière parfois autoritaire indiquait aux proches la fin des heures de visite ? Souvent aujourd'hui, il faut au contraire inciter les proches à rester plus longtemps, surtout lorsqu'ils sont peu nombreux et que le malade se sent isolé. Il en va de leur bien. Les visites des proches font partie de l'humanisation des soins.

Que dites-vous ? Il y a encore des heures de visites dans votre hôpital ? Gageons que cela ne durera pas.

Le repos du patient n'est pas une bonne raison, à l'exception peut-être des services d'obstétrique où beaucoup se pressent à voir... le nouveau-né plutôt que la mère fatiguée. En général, le besoin de repos du malade est un leurre, car si la fatigue doit être évitée, un repos excessif ne mène qu'à la faiblesse et à la prolongation de la convalescence. Aujourd'hui, on encourage les patients à être stimulés intellectuellement et physiquement et à éviter l'alitement prolongé. La facilitation des soins n'est pas une bonne raison non plus. Les visiteurs ont (à peine) leurs droits, mais surtout leurs devoirs. Ils doivent quitter la chambre à la demande du personnel et de manière générale, ne pas interférer avec les soins. Pas question non plus qu'ils freinent le travail par des mêmes questions lancinantes ou une conversation trop engageante. Pas question non plus de jeter ne fut-ce qu'un oeil dans la chambre du voisin...Le confort du personnel soignant n'est pas non plus une bonne raison. Les proches peuvent aider à la surveillance des patients et même aider à leur prise en charge. Par ailleurs, la présence de proches à des moments divers de la journée leur permet de mieux comprendre la vie du personnel soignant et d'ainsi de réduire le risque de conflits. Lorsque les heures de visite étaient contingentées, les infirmier(e)s en profitaient pour prendre à ce moment un peu de repos, voire se permettre une période de distraction avec les collègues. Ceci pouvait donner une impression d'inactivité voire de désinvolture. En arrivant à différents moments et en restant plus longtemps, les proches apprennent à mieux comprendre la vie dans les hôpitaux et apprécient que les infirmier(e)s ont aussi besoin de repos et de distraction. L'hôpital n'est plus un monde à part, que l'on hésite à découvrir, où on s'avance avec réticence, en s'excusant presque de déranger.De toute évidence, le problème majeur des heures de visites était la limitation globale des temps de visites. On ne pouvait pas toujours se libérer pendant les heures de visite, on hésitait à se renseigner, ou simplement on se trompait et faisait demi-tour à l'entrée de l'hôpital. Et on finissait par postposer : 'j'irai quand il/elle ira mieux....'Or les visites sont favorables aux patients hospitalisés. Les distractions du malade conscient sont bienvenues. Le contact avec le monde extérieur, des nouvelles directes sont stimulants, et propices à la récupération. Dans tous les cas, c'est surtout le sentiment d'intérêt et de soutien qui est important. Les proches ont toujours été bien accueillis (espérons-le), mais pourraient l'être davantage. Après tout, nous avons déjà introduit café, restaurant, banque et magasins dans les hôpitaux. On peut souvent faire mieux. Les proches doivent quitter la chambre pour des soins ? Ou le malade doit quitter la chambre quelque temps pour un acte technique ? Ou simplement la famille veut 'souffler' un peu ? Au lieu des quelques strapontins au bout du couloir, bon nombre d'hôpitaux ont introduit des salons d'accueil des proches qui peuvent y rester aussi longtemps qu'ils le souhaitent, dans des conditions confortables. Ces endroits disposent d'un salon où on peut se reposer, d'un appareil de télévision pour se distraire, et même d'un four à micro-ondes pour se préparer un petit plat chaud.Les proches font partie de l'environnement immédiat du patient. Ils peuvent jouer un rôle actif, notamment en signalant une anomalie, une dégradation clinique. Dans les hôpitaux américains commencent à apparaître des petites brochures indiquant comment les proches peuvent rapporter une désorientation qui n'était pas présente, une discrète dégradation respiratoire... Les proches peuvent parfois contribuer directement aux soins, par exemple en donnant à manger ou en aidant à faire la toilette. Il est intéressant de se rappeler que ces pratiques sont restées bien vivantes dans bon nombre de pays aux ressources limitées, où les proches n'ont jamais abandonné la personne malade. C'est dans nos sociétés que la prise en charge a été entièrement enlevée aux proches pour les remettre à des professionnels, ce qui aboutit parfois à l'infantilisation du malade... Le Wall Street Journal du 1er aout 2016 rapporte une suppression totale d'heures de visite d'un grand nombre d'hôpitaux américains. Il en va de même en France qui connaît actuellement une campagne de sensibilisation pour une plus grande ouverture des hôpitaux. Les proches ne sont nullement en opposition avec le personnel. Il faut éviter de parler en termes d' "eux" et de "nous" : le patient est au centre des préoccupations et nous sommes tous autour de lui pour apporter les meilleures chances de récupération sans complications.Il faut évidemment respecter le besoin de repos des malades, mais ceci peut être contrôlé de manière individuelle, en concertation avec le malade. La présence d'un proche dans la chambre n'empêche pas nécessairement le sommeil. Par ailleurs, nous devons parfois rappeler aux proches qu'ils ont eux aussi besoin de se reposer, en particulier la nuit. De toute manière, l'accès à l'hôpital la nuit reste en général limité, sécurité oblige. Vous souvenez-vous du temps où une infirmière parfois autoritaire indiquait aux proches la fin des heures de visite ? Souvent aujourd'hui, il faut au contraire inciter les proches à rester plus longtemps, surtout lorsqu'ils sont peu nombreux et que le malade se sent isolé. Il en va de leur bien. Les visites des proches font partie de l'humanisation des soins. Que dites-vous ? Il y a encore des heures de visites dans votre hôpital ? Gageons que cela ne durera pas.