Les perturbateurs endocriniens (PE), sont désormais bien connus. Présents dans l'alimentation, les produits d'entretien, ou encore les cosmétiques, ces substances ont des propriétés d'actions sur l'ensemble des glandes endocrines et possèdent la capacité d'altérer une ou plusieurs fonctions du système endocrinien.

Dans leur panel d'action très large, les PE sont responsables de très nombreuses pathologies démontrées, comme divers cancers, mais aussi de troubles tels que la stérilité, la précocité de la puberté, ou encore des troubles de l'attention et du comportement. Une perte de QI est également incriminée. " La civilisation industrielle serait responsable d'une chute moyenne de 14 unités de QI en seulement trois générations ", explique Barbara Demeneix, experte internationalement reconnue pour son travail sur le fonctionnement thyroïdien et la perturbation endocrinienne. " Un retrait de 5 point de QI, c'est évidemment moins d'enfants doués, mais c'est aussi beaucoup plus d'enfants intellectuellement handicapés. Ce qui est très inquiétant pour notre société. "

L'hygiène environnementale

" Beaucoup d'innovations de la société contiennent des perturbateurs endocriniens comme le triclosan, sans compter les parfums associés dont les phtalates ", détaille le Pr Jean-Pierre Bourguignon, pédiatre-endocrinologue (ULg). " Des serviettes rafraîchissantes peuvent contenir par exemple du butylphenyl methylpropional. "

Détaillant les produits que l'on utilise pour l'hygiène des mains, le professeur liégeois explique comment la société a remplacé la menace bactérienne invisible par une menace de perturbateurs endocriniens tout aussi invisible. " Cela constitue un problème de santé publique. "

Mais, pour l'homme, ce ne sont pas les autorités qui régleront le problème, en tout cas, pas dans l'immédiat. " Réglementer une de ces substances prend des années, voire des dizaines d'années. " Il faut donc agir autrement. " A côté de ce travail de réglementation des substances par les autorités, nous pensons utile de promouvoir une action et une recherche scientifique sur l'hygiène environnementale. Parmi les raisons, un fait crucial, admis par tous les chercheurs, nous pousse à agir : c'est avant la naissance que les interactions de substances chimiques avec l'organisme, celui du foetus, chamboulent la santé, et ce, pour toute la vie. Ainsi, aider la femme enceinte à se protéger et ainsi protéger son foetus est une priorité. "

Aujourd'hui, 30 substances sont clairement identifiées et partiellement interdites. 1000 sont reconnues comme suspectes et à investiguer. Enfin, 10.000 sont potentiellement suspectes.

Trois actions

Le chercheur prévoit trois actions à mener. " Premièrement,constituer un ensemble de recommandations pour réduire voire prévenir l'exposition aux PE. Elles existent, mais elles doivent être cohérentes avec les données de la science et gérables pratiquement. Il est important qu'un collège scientifique valide ces recommandations. "

" Deuxième action : montrer que de telles recommandations réduisent, si elles sont appliquées, un certain nombre d'expositions. Cette partie de la recherche-action est essentielle pour valider la démarche. Et ceci n'a pas été fait, à ma connaissance. "

" Troisième action : mettre sur pied une étude de suivi à long terme d'un groupe suffisamment important pour évaluer les effets de ces recommandations protectrices chez les nouveau-nés de mamans ayant appliqué ces mesures pendant la grossesse, et suivre ces enfants au moins jusqu'à l'adolescence. Des effets bénéfiques sont escomptés, mais encore faut-il les démontrer. "

Et le professeur de conclure : " Une telle étude requiert des millions d'euros. Mais le prix des conséquences des perturbateurs endocriniens sur la santé a été évalué à 170 milliards d'euros par an dans l'Union européenne. "

Un combat mené à l'Europe

À côté de ce travail de recherche, les états-membres de l'UE voteront le 4 juillet un projet de réglementation des PE proposé par la Commission européenne. " Le fameux vote du 4 juillet, c'est quoi ? Ce sont les états-membres qui vont (ou non) adopter une proposition qui traîne depuis un an, qui est en retard de trois ans ", constate Sophie Perroud, conseillère au Groupe des Verts au Parlement européen.

Pourquoi l'Union européenne n'arrive pas à s'accorder sur une définition des PE ? L'action des lobbies de l'industrie est pointée du doigt, au même titre que la passivité des gouvernements. Car le projet est jugé trop laxiste par de nombreuses ONG, dont trois sociétés savantes internationales représentant des milliers de chercheurs et de cliniciens.

" C'est une tâche compliquée, mais nous allons veiller à ce que nos ministres belges ne votent pas pour ce que la Commission présente, et arrêtent également de s'abstenir pour voter contre, au nom de tous les dangers qui ont été exposés aujourd'hui ", adresse en guise de conclusion Muriel Gerkens, députée fédérale Ecolo siégeant à la Commission santé. " Il faut travailler à l'identification des perturbateurs endocriniens, établir des critères de risques, et interdire les produits qui en contiennent. Il faut évidemment soutenir et encourager la recherche scientifique indépendante qui permettra de déterminer ces critères. Il faut aussi veiller à trouver des alternatives, grâce à la recherche. Ces interdictions doivent s'accompagner d'un changement du modèle de consommation. "

Dans une prochaine édition, le journal du Médecin abordera la dépollution de l'air ainsi que le développement de compétences santé-environnement des professions médicales.

Les perturbateurs endocriniens (PE), sont désormais bien connus. Présents dans l'alimentation, les produits d'entretien, ou encore les cosmétiques, ces substances ont des propriétés d'actions sur l'ensemble des glandes endocrines et possèdent la capacité d'altérer une ou plusieurs fonctions du système endocrinien.Dans leur panel d'action très large, les PE sont responsables de très nombreuses pathologies démontrées, comme divers cancers, mais aussi de troubles tels que la stérilité, la précocité de la puberté, ou encore des troubles de l'attention et du comportement. Une perte de QI est également incriminée. " La civilisation industrielle serait responsable d'une chute moyenne de 14 unités de QI en seulement trois générations ", explique Barbara Demeneix, experte internationalement reconnue pour son travail sur le fonctionnement thyroïdien et la perturbation endocrinienne. " Un retrait de 5 point de QI, c'est évidemment moins d'enfants doués, mais c'est aussi beaucoup plus d'enfants intellectuellement handicapés. Ce qui est très inquiétant pour notre société. "" Beaucoup d'innovations de la société contiennent des perturbateurs endocriniens comme le triclosan, sans compter les parfums associés dont les phtalates ", détaille le Pr Jean-Pierre Bourguignon, pédiatre-endocrinologue (ULg). " Des serviettes rafraîchissantes peuvent contenir par exemple du butylphenyl methylpropional. "Détaillant les produits que l'on utilise pour l'hygiène des mains, le professeur liégeois explique comment la société a remplacé la menace bactérienne invisible par une menace de perturbateurs endocriniens tout aussi invisible. " Cela constitue un problème de santé publique. "Mais, pour l'homme, ce ne sont pas les autorités qui régleront le problème, en tout cas, pas dans l'immédiat. " Réglementer une de ces substances prend des années, voire des dizaines d'années. " Il faut donc agir autrement. " A côté de ce travail de réglementation des substances par les autorités, nous pensons utile de promouvoir une action et une recherche scientifique sur l'hygiène environnementale. Parmi les raisons, un fait crucial, admis par tous les chercheurs, nous pousse à agir : c'est avant la naissance que les interactions de substances chimiques avec l'organisme, celui du foetus, chamboulent la santé, et ce, pour toute la vie. Ainsi, aider la femme enceinte à se protéger et ainsi protéger son foetus est une priorité. "Le chercheur prévoit trois actions à mener. " Premièrement,constituer un ensemble de recommandations pour réduire voire prévenir l'exposition aux PE. Elles existent, mais elles doivent être cohérentes avec les données de la science et gérables pratiquement. Il est important qu'un collège scientifique valide ces recommandations. "" Deuxième action : montrer que de telles recommandations réduisent, si elles sont appliquées, un certain nombre d'expositions. Cette partie de la recherche-action est essentielle pour valider la démarche. Et ceci n'a pas été fait, à ma connaissance. "" Troisième action : mettre sur pied une étude de suivi à long terme d'un groupe suffisamment important pour évaluer les effets de ces recommandations protectrices chez les nouveau-nés de mamans ayant appliqué ces mesures pendant la grossesse, et suivre ces enfants au moins jusqu'à l'adolescence. Des effets bénéfiques sont escomptés, mais encore faut-il les démontrer. "Et le professeur de conclure : " Une telle étude requiert des millions d'euros. Mais le prix des conséquences des perturbateurs endocriniens sur la santé a été évalué à 170 milliards d'euros par an dans l'Union européenne. "À côté de ce travail de recherche, les états-membres de l'UE voteront le 4 juillet un projet de réglementation des PE proposé par la Commission européenne. " Le fameux vote du 4 juillet, c'est quoi ? Ce sont les états-membres qui vont (ou non) adopter une proposition qui traîne depuis un an, qui est en retard de trois ans ", constate Sophie Perroud, conseillère au Groupe des Verts au Parlement européen.Pourquoi l'Union européenne n'arrive pas à s'accorder sur une définition des PE ? L'action des lobbies de l'industrie est pointée du doigt, au même titre que la passivité des gouvernements. Car le projet est jugé trop laxiste par de nombreuses ONG, dont trois sociétés savantes internationales représentant des milliers de chercheurs et de cliniciens." C'est une tâche compliquée, mais nous allons veiller à ce que nos ministres belges ne votent pas pour ce que la Commission présente, et arrêtent également de s'abstenir pour voter contre, au nom de tous les dangers qui ont été exposés aujourd'hui ", adresse en guise de conclusion Muriel Gerkens, députée fédérale Ecolo siégeant à la Commission santé. " Il faut travailler à l'identification des perturbateurs endocriniens, établir des critères de risques, et interdire les produits qui en contiennent. Il faut évidemment soutenir et encourager la recherche scientifique indépendante qui permettra de déterminer ces critères. Il faut aussi veiller à trouver des alternatives, grâce à la recherche. Ces interdictions doivent s'accompagner d'un changement du modèle de consommation. "