...

Pour ma part, je ferais une autre analyse. Et je commencerais par quelques citations :" On ne meurt pas plus parce que (l'euthanasie) est disponible. La grande majorité, ce sont des cancers, ce sont des personnes qui vont mourir, explique-t-il ". " Comme gériatre, la peur d'être en (maison de repos), je l'entends beaucoup et donc ça m'interpelle. C'est triste, mais je ne le vois pas comme un échec. Ce que les gens ne veulent pas, c'est être dans cet état de dépendance et de perte d'autonomie sévère, analyse le Dr L.". "Si je peux être assuré de pouvoir choisir l'(euthanasie) si la vie devient trop pénible, cela me permettra de mieux vivre jusque-là, avec moins d'inquiétude et d'appréhension, poursuit le gériatre ". " La mort avec souffrance ne fait plus partie du choix des (patients). Ils veulent contrôler leur vie et leur mort de façon étonnante. C'est l'autodétermination ". " Pour le Dr L,, cette évolution est le signe que les (patients) acquièrent progressivement de la maturité devant leur choix de fin de vie et que les prestataires de soins s'investissent davantage. "J'ai volontairement 'belgisé' ces citations. Car en vérité, je les ai lues sur le site de radio Canada : Les médecins analysaient les derniers chiffres de l'aide médicale à mourir : en 2023, 5.686 personnes ont obtenu l'aide médicale à mourir au Québec, soit 7,3 % de l'ensemble des décès. En Belgique, même avec l'augmentation de 15 % enregistrée en 2023, le taux des euthanasies déclarées à la Commission est de 3,1% par rapport au total des décès enregistrés en 2023. Je ne m'attacherai pas à la comparaison des taux Québec/Belgique. Nous ne sommes pas en compétition. Il me paraît plus important de relever quelques tendances que révèlent ces chiffres 2023.Le cancer reste la cause principale des demandes d'euthanasie : 55,5 %. Dans les premières années de l'entrée en vigueur de la loi, le deuxième groupe était constitué par les maladies neurologiques évolutives, SLA, sclérose en plaques, Parkinson, etc. Certes, cela représente 9,6 % des euthanasies. Mais viennent à présent en deuxième position les polypathologies avec 23,2 %. Dans son communiqué de presse, la CFCEE donnait à titre d'exemple une combinaison de plusieurs affections : une insuffisance cardiaque terminale, une hémiplégie due à un AVC et un cancer du poumon métastatique. Si la conjonction de maladies chroniques réfractaires à tout traitement peut affecter un patient encore jeune, la toute grande majorité des cas de polypathologie se manifeste chez des personnes âgées. Les demandes d'euthanasie sur la base d'affections psychiatriques représentent 1,4 %. En proportion inverse des réactions négatives exprimées dans les médias, surtout à l'étranger, au sujet des euthanasies demandées par des patients atteints de troubles psychiatriques.Rares sont les euthanasies pratiquées sur la base d'une déclaration anticipée : 19 déclarations en font mention. Il faut dire que le champ d'application de la déclaration anticipée d'euthanasie est très restrictif : le patient, atteint d'une affection grave et incurable, doit être inconscient et dans une situation estimée irréversible eu égard à l'état actuel de la science. L'interprétation qui en est donnée est de limiter ces cas aux " comas irréversibles " en excluant les patients qui, atteints de troubles cognitifs, ne sont plus jugés capables de formuler une demande actuelle. Faut-il pour autant rejeter la déclaration anticipée ? Certainement pas mais il faut penser à faire sauter le carcan de cette déclaration anticipée afin qu'elle puisse entrer en considération pour des patients affectés de démences évolutives.Progressivement le delta entre les déclarations rédigées en néerlandais et celles en français tend à se réduire. En 2003, il était question de 80% de déclarations rédigées en néerlandais contre 20 % en français. Aujourd'hui, il est question en chiffres arrondis de 70% versus 30%. En 2023, la CFCEE a reçu 1001 déclarations rédigées en français.La Belgique est un des rares pays à accueillir des non-résidents demandeurs d'euthanasie. En 2023, 110 déclarations concernaient ces patients venus de l'étranger, dont 101 Français.En 2023, nous avons enregistré le cinquième cas d'une euthanasie d'une mineure, " Nénette ", selon le prénom repris dans la presse à propos de l'euthanasie de cette jeune fille de 16 ans. Et il faut souligner qu'il s'agit d'un des cas d'euthanasie suivie de don d'organes.En 2024, la CFCEE publiera son onzième rapport bisannuel. Ce sera l'occasion d'entrer plus en détail par rapport à l'application de l'euthanasie. Pour l'instant, il s'agit de la seule représentation de l'euthanasie en Belgique. À quand une étude transversale portant sur toutes les décisions médicales de fin de vie, en ce compris la sédation terminale et abordant les cas de refus de demandes d'euthanasie ?