Trois questions très asymétriquement posées

Le COMMENT est toujours local, au chevet d'un malade, autour d'une table d'opération, sur le lieux précis où se joue un drame précis avec des personnes précises. Agir sur le réel exige des connaissances et des savoir-faire pointus, de l'écoute et du jugement. Dès ce moment, la question du SENS peut surgir, par exemple de poursuivre ou non une réanimation. Par contre, dans le feu de l'action, la question de l'argent, du COMBIEN, s'élude. Mais dès que les problèmes se posent à plus grande échelle, engageant de multiples compétences, même les décisions techniques doivent se prendre d'en haut, avec le double souci de leur donner du sens acceptable pour toutes les parties et de trancher entre les avis divergents des experts, mission éminemment politique, toujours assortie d'enjeux financiers.

Les médecins généralistes du Nord et du Sud n'auraient plus confiance que dans leurs cercles et les spécialistes se confinent de plus en plus dans leurs disciplines.

Entre métiers pratiques et fonctions politiques, une incompréhension abyssale

Les praticiens tendent à s'unir autour de disciplines scientifiques ou techniques particulières, officiellement reconnues ou non. D'autres s'attachent plutôt à des types d'organisations, non sans connotation idéologique. Enfin, les organisations dites représentatives des médecins siègent de droit dans les innombrables commissions du système. Elles peinent à trouver des jeunes intéressés à reprendre le flambeau. Et pour cause. Les administrations fixant les agendas, ils devraient s'adapter en voyant moins de patients et donc, en perdant de l'argent. En outre, les réunions nocturnes de leur propre organisation les privent d'une bonne partie de leur vie familiale et les épuisent dans d'inutiles conflits, encore et toujours les forces erratiques des egos. La plupart des collègues n'ont aucune idée du travail de bénédictin de leurs représentants. Si rien ne les oblige à s'investir, ils peuvent au moins donner du poids à l'organisation de leur choix en devenant membre et en votant aux élections médicales. Les associations de praticiens reproduisent donc en leur sein, le fossé entre leurs propres bases et leurs représentants actifs. Fossé à combler d'urgence.

Les associations de médecins et de soignants veulent-elles vraiment un pacte d'avenir?

Hélas, au stade actuel, la réponse est non: les associations concernées ne semblent pas prêtes aux inéluctables changements. Trop repliées sur elles-mêmes, trop occupées à de vaines polémiques, elles ne peuvent contrebalancer le poids de groupes qui, comme les mutuelles, ont compris l'importance des fonctions généralistes. Pourtant, les associations de praticiens devraient s'entendre autour du défi, très généraliste, de contenir les dérives managériales, bureaucratiques et comptables dont leurs membres et beaucoup de malades se plaignent.

Mais pour cela, ils doivent garder le soutien d'une base forte. Or celle-ci se sent moins attirée par les syndicats traditionnels. Les médecins généralistes du Nord et du Sud n'auraient plus confiance que dans leurs cercles et les spécialistes se confinent de plus en plus dans leurs disciplines.

Une culture généraliste à remettre à l'honneur à travers toute la société

1) Inverser la tendance à toujours plus d'exigences administratives

2) Inverser la tendance à toujours plus de décisions imposées d'en haut comme si, malades, médecins, soignants et gestionnaires d'établissements de soins n'avaient aucune compétence pour prendre des initiatives. En matière vaccinale ou de gestion des lits par temps de pandémie par exemple.

3) Se préoccuper d'une valorisation juste des uns et des autres, une nouvelle fois sans que toutes les décisions en la matière soient imposées unilatéralement d'en haut.

Cet effort doit se faire non pas contre les mutuelles et les administrations mais avec elles, en retrouvant du poids face à elles.

Trois questions très asymétriquement poséesLe COMMENT est toujours local, au chevet d'un malade, autour d'une table d'opération, sur le lieux précis où se joue un drame précis avec des personnes précises. Agir sur le réel exige des connaissances et des savoir-faire pointus, de l'écoute et du jugement. Dès ce moment, la question du SENS peut surgir, par exemple de poursuivre ou non une réanimation. Par contre, dans le feu de l'action, la question de l'argent, du COMBIEN, s'élude. Mais dès que les problèmes se posent à plus grande échelle, engageant de multiples compétences, même les décisions techniques doivent se prendre d'en haut, avec le double souci de leur donner du sens acceptable pour toutes les parties et de trancher entre les avis divergents des experts, mission éminemment politique, toujours assortie d'enjeux financiers. Entre métiers pratiques et fonctions politiques, une incompréhension abyssaleLes praticiens tendent à s'unir autour de disciplines scientifiques ou techniques particulières, officiellement reconnues ou non. D'autres s'attachent plutôt à des types d'organisations, non sans connotation idéologique. Enfin, les organisations dites représentatives des médecins siègent de droit dans les innombrables commissions du système. Elles peinent à trouver des jeunes intéressés à reprendre le flambeau. Et pour cause. Les administrations fixant les agendas, ils devraient s'adapter en voyant moins de patients et donc, en perdant de l'argent. En outre, les réunions nocturnes de leur propre organisation les privent d'une bonne partie de leur vie familiale et les épuisent dans d'inutiles conflits, encore et toujours les forces erratiques des egos. La plupart des collègues n'ont aucune idée du travail de bénédictin de leurs représentants. Si rien ne les oblige à s'investir, ils peuvent au moins donner du poids à l'organisation de leur choix en devenant membre et en votant aux élections médicales. Les associations de praticiens reproduisent donc en leur sein, le fossé entre leurs propres bases et leurs représentants actifs. Fossé à combler d'urgence. Les associations de médecins et de soignants veulent-elles vraiment un pacte d'avenir? Hélas, au stade actuel, la réponse est non: les associations concernées ne semblent pas prêtes aux inéluctables changements. Trop repliées sur elles-mêmes, trop occupées à de vaines polémiques, elles ne peuvent contrebalancer le poids de groupes qui, comme les mutuelles, ont compris l'importance des fonctions généralistes. Pourtant, les associations de praticiens devraient s'entendre autour du défi, très généraliste, de contenir les dérives managériales, bureaucratiques et comptables dont leurs membres et beaucoup de malades se plaignent. Mais pour cela, ils doivent garder le soutien d'une base forte. Or celle-ci se sent moins attirée par les syndicats traditionnels. Les médecins généralistes du Nord et du Sud n'auraient plus confiance que dans leurs cercles et les spécialistes se confinent de plus en plus dans leurs disciplines. Une culture généraliste à remettre à l'honneur à travers toute la société1) Inverser la tendance à toujours plus d'exigences administratives 2) Inverser la tendance à toujours plus de décisions imposées d'en haut comme si, malades, médecins, soignants et gestionnaires d'établissements de soins n'avaient aucune compétence pour prendre des initiatives. En matière vaccinale ou de gestion des lits par temps de pandémie par exemple. 3) Se préoccuper d'une valorisation juste des uns et des autres, une nouvelle fois sans que toutes les décisions en la matière soient imposées unilatéralement d'en haut. Cet effort doit se faire non pas contre les mutuelles et les administrations mais avec elles, en retrouvant du poids face à elles.