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L'ancienne prime de pratique pour les médecins généralistes et la prime télématique ont disparu en 2016. Depuis cette année, les généralistes bénéficient d'une " prime de pratique intégrée ". Une prime qui combine les deux anciennes, mais qui avantage les généralistes qui utilisent les services e-health grâce à leur logiciel. Sans surprise, ce sont ces derniers qui s'arrogent la plus grande part du gâteau.La Commission nationale médico-mutualiste a fixé les seuils d'utilisation pour 2017 (voir tableau). Petit rappel : ceux qui ont atteint la valeur seuil pour quatre ou cinq critères ont reçu une prime de 3.400 euros. Ceux qui ont atteint six critères ont reçu 4.550 euros. La prime a encore été augmentée de 500 euros si le généraliste comptant 400 patients plaçait un SumEHR dans le RSW ou Brusafe portant le total de la prime à 3.900 et 5.050 euros respectivement. Enfin, ceux qui n'utilisaient pas de logiciel accepté ou qui avaient atteint le seuil pour moins de quatre paramètres en ce qui concerne l'utilisation des e-services recevaient une prime de 1.500 euros.La prime pour 2017 a été payée en 2018. Les chiffres de l'Inami pour cette année montrent que 8.908 médecins généralistes "actifs" ont été payés, ce qui représente un peu plus de 31 millions d'euros. Le groupe le plus nombreux était constitué de médecins répondant à quatre ou cinq critères (mais ne revendiquant pas plus de 400 SumEHR en 2017). Ils représentent 31% de l'ensemble du groupe et ont reçu 30% des primes versées.Le deuxième groupe en importance est constitué des médecins qui remplissent les six critères et qui ont également placé plus de 400 SumEHR uniques dans un coffre-fort. En d'autres termes, il s'agit des médecins qui avaient droit au montant maximum. Ils représentent 22% de l'ensemble du groupe et reçoivent 32% du montant divisé.Les médecins qui remplissent quatre ou cinq critères et qui ont également facturé plus de 400 SumEHR constituent le groupe le plus petit avec seulement 7% (et 8% des primes payées).Les médecins qui ont dépassé les seuils fixés pour les six critères mais qui n'ont pas placé suffisamment de SumEHR dans un coffre-fort représentent 14% du groupe.Enfin, un quart des médecins n'a pas atteint la valeur seuil sur au moins quatre critères ou n'a tout simplement pas encore adopté de logiciel accepté. Ils se répartissent seulement 11% des 31 millions en jeu.En d'autres termes :38,5% des généralistes actifs répondaient à quatre ou cinq critères ;36% répondaient à six critères ;29% ont envoyé plus de 400 SumEHR en 2017.La prime pratique et la prime télématique allaient de pair depuis des années. En 2015, les médecins généralistes " actifs " ont reçu une prime pratique de 1.672,94 euros (plus 500 euros pour les médecins conventionnés). Ceux qui avaient installé un logiciel reconnu ont reçu une prime à la télématique de 817,20 euros. S'ajoutaient encore 500 euros pour ceux qui publiaient des sumEHRS dans les coffres-forts dédiés. Au total, en 2015, un médecin généraliste pouvait donc toucher des primes d'un montant maximal de 3.490,14 euros. Mais pour y arriver, il fallait déjà satisfaire à des critères importants par rapport aux années précédentes.En 2017, la grande moitié des omnipraticiens a reçu une " prime intégrée " nettement plus importante que le montant total des primes qu'ils pouvaient recevoir en 2015. Ce sont surtout les médecins qui ne satisfont pas à quatre critères et plus particulièrement ceux qui n'ont pas de logiciel accepté qui perdent au change entre 2015 et 2017.Les chiffres de l'Inami révèlent en outre qu'en 2017, 937 médecins généralistes en formation utilisaient un logiciel reconnu. Ces médecins ont reçu une prime de 800 euros.Il est aussi important de noter que l'Inami avait prévu au budget une dépense de 37,3 millions d'euros pour la prime de pratique intégrée. Les médecins généralistes y laissent donc quelques millions : 5,4 millions d'euros sont restés inutilisés.La prime de pratique intégrée est-elle un bon incitant pour l'informatisation de la pratique médicale ? Il est difficile de répondre à la question en l'absence de groupe contrôle. Les trois quarts des médecins satisfont déjà aux seuils minimaux pour au moins quatre critères et utilisent un logiciel accepté. Et plus d'un médecin sur cinq satisfait à tous les critères.Il faut également garder à l'esprit que ces incitants peuvent avoir des effets pervers. Pour arriver au seuil des 400 sumEHR envoyés, un médecin peut faire fi de la qualité de ceux-ci. Tandis qu'un autre médecin qui n'atteint pas ce seuil des 400 sumEHR envoyés a peut-être 350 dossiers plus qualitatifs, mais il ne touchera pas de prime. C'est un point que l'Inami voudra peut-être corriger.