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N'organisant actuellement que le cycle de bachelier en médecine, l'UMons souhaitait pouvoir organiser également à l'avenir le cycle de master dans cette filière, en plus de l'ULB, de l'UCLouvain et de l'ULiège. L'UNamur, elle aussi dotée du seul bachelier en médecine, demande pour sa part à pouvoir organiser le master de médecine générale.La majorité semble particulièrement divisée sur cette question. A la mi-février, le gouvernement avait en effet recalé ce refus de Mme Glatigny de permettre à l'UMons d'organiser un master en médecine.Lors d'un débat thématique mercredi devant le parlement de la FWB, les mêmes divisions sont apparues. Plusieurs partis ont rappelé la position de l'Académie de recherche et d'enseignement supérieur (Ares), qui avait accordé l'an dernier son accord auprès de l'UNamur et de l'UMons quant aux habilitations de ces deux universités à intégrer le master de médecine dans leur éventail de formations disponibles.Défendant leur ministre, les députées MR Diana Nikolic (photo) et Jacqueline Galant ont pointé le fait qu'un master à Mons ne permettrait par exemple pas de diplômer un médecin en plus en FWB, puisque le nombre de numéros Inami est contingenté. Plus globalement, le Hainaut se trouve juste derrière Bruxelles en matière d'habilitations toutes formations confondues, ont-elles relevé. "Ce n'est pas l'instauration d'un master en médecine qui va nous aider à redresser le niveau socio-économique de la province de Hainaut, mais plutôt le taux d'emploi", a estimé Jacqueline Galant, par ailleurs bourgmestre de la commune hennuyère de Jurbise. Les raisons du refus sont "objectives et incontestables", a-t-elle insisté.Dans la foulée, la ministre Glatigny a répété son opposition. L'ouverture de ces deux nouveaux masters en médecine ne peut, selon elle, se justifier alors que le nombre de médecins est contingenté. Elle a redit craindre l'augmentation des coûts que généreraient ces deux nouvelles habilitations alors que la situation budgétaire de la FWB est très dégradée. De plus, l'enseignement supérieur fonctionne dans une enveloppe fermée, l'argent donné aux uns devant bien souvent être pris à d'autres.Pour la libérale, "il est, au mieux, prématuré de prendre une décision positive pour ces deux programmes de médecine", ce qu'elle a expliqué lors d'un échange "franc et cordial" aux recteurs des deux universités concernées."La solution est dans le développement culturel, social et économique de certaines régions défavorisées, la solution est dans les incitants à l'installation locale des médecins. La solution n'est pas dans la multiplication des cursus", a-t-elle dit."Pour ma part, je pense que l'intérêt de la Fédération Wallonie-Bruxelles se trouve dans la recherche de complémentarités et de spécificités propres plutôt que dans la duplication de cursus identiques sur tout notre territoire."Au sein de la majorité, le PS s'est offusqué de l'attitude de la ministre libérale. "Priver le Hainaut d'un master en médecine, c'est priver la moitié de la population de la FWB d'un avenir serein en matière de santé", a lancé Joëlle Kompopolé, rappelant la pénurie de médecins généralistes actuelle en Belgique. "Refuser ce master à l'UMons et à l'UNamur équivaut à affirmer à plus de deux millions de Belges francophones que leur santé n'est pas prioritaire ou moins que celle de l'autre moitié de la population de la Belgique francophone."Le Hainaut, province la plus peuplée du territoire wallon, qui contribue le plus au financement de la Fédération et où l'espérance de vie est la plus faible, ne doit pas en être le parent pauvre, a insisté la députée socialiste hennuyère. Accueillir un master permettrait de lutter contre la pénurie de médecins qui y est constaté.Chez Ecolo, on estime qu'aucun des arguments avancés par la ministre Glatigny pour justifier son refus ne tient la route, comme l'a expliqué Stéphane Hazée. Il n'y a en outre pas de requête pour avoir un hôpital universitaire dans les demandes de l'UMons et de l'UNamur, a appuyé son collègue Manu Disabato. Pour le député écologiste, il y a bien un effet sur le recrutement de médecins généralistes à la présence d'une faculté complète, comme celle de l'ULiège (ou celles de l'ULB et de l'UCL à Bruxelles). Il y a ainsi 11 fois plus de ces médecins en province de Liège que dans celle du Hainaut. Le vieillissement de la population des médecins est en outre plus important dans cette dernière province qu'ailleurs.Dans les rangs de l'opposition, John Beugnies, pour le PTB, a évoqué les difficultés, dans certaines zones du pays, d'obtenir un rendez-vous chez le médecin et des services d'urgences qui sont dès lors débordés. Il a aussi pointé les inégalités existant actuellement dans l'enseignement supérieur en FWB, où 25.000 étudiants émargent au CPAS.Du côté des Engagés, on a estimé que si la ministre devait être déjugée, elle perdrait beaucoup de sa crédibilité et on a rappelé la qualité des deux dossiers.Le budget lié à ces deux masters est évalué à 400.000 euros, soit 0,01% du budget de la FWB, a situé Jean-Luc Crucke, fraichement arrivé des rangs du MR. "Je n'oserais pas parler de pognon quand on parle de santé! Il faut être passé par là pour savoir qu'on a besoin effectivement d'argent", a insisté celui qui a été atteint d'un cancer.Enfin, par voie de communiqué, DéFI a également défendu l'octroi des deux masters. Le parti amarante a insisté sur la nécessité de mettre en place des synergies et des complémentarités entre universités en vue de garantir l'épanouissement des futurs étudiants en médecine ainsi que de garantir un enseignement de qualité.Les débats vont sans doute se poursuivre en commission du parlement de la FWB puisque une proposition de résolution visant à créer un master en médecine à l'UMons et un master de spécialisation en médecine générale à l'UNamur, émanant de plusieurs députés du PTB, a été renvoyée vers la dite commission.BELGA