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La proposition du gouvernement d'assurer la pérennité du financement de la sécu dans les années à venir via un système "plus équilibré" a débouché ces dernières semaines et ces derniers jours sur une belle opposition gauche-droite. Alexander De Croo (Open-VLD) a critiqué les syndicats qui croient que la sécu "c'est leur argent", alors qu'elle est financée pour un tiers de son budget par des voies alternatives. Les ministres Maggie De Block et Willy Borsus ont défendu le principe de ne pas donner un chèque en blanc aux gestionnaires de la sécu (patrons, syndicats et mutuelles) et assurent vouloir gérer l'argent du contribuable convenablement. Muriel Gerkens (Ecolo) parle de "fourberie" du gouvernement qui surestime les recettes systématiquement. Pour le PS, le nouveau système ne garantit pas la pérennité de la sécu car celle-ci est devenue, comme d'autres budgets de l'Etat, une variable d'ajustement (lire ci-dessous). La polémique tourne autour de la dotation de l'Etat d'un montant de 7,7 milliards et la dotation d'équilibre qui comble automatiquement le déficit s'il se présente et qui s'ajoute à la dotation de l'Etat. Le gouvernement veut conditionner ces dotations à des critères de responsabilisation. Dans le premier cas, il faudra une croissance économique d'au moins 1,5% l'an et une augmentation effective de l'âge de départ à la retraite. La dotation d'équilibre sera, elle, actionnée seulement si un certain nombre de mesures ont été prises, comme la lutte contre la fraude sociale. Des accords sociaux conclus entre patrons et syndicats ne seraient donc plus automatiquement financés s'ils s'avèrent trop onéreux. Il faut dire que l'ardoise est lourde: 77 milliards d'euros dont 32,4 milliards pour les soins de santé (dont environ 7 milliards pour les honoraires médicaux) auxquels s'ajoutent les pensions des fonctionnaires, ce qui porte la somme des dépenses sociales belges à 112,3 milliards annuels sur un total de dépenses publiques d'environ 221 milliards.Le financement provient aux trois quarts des cotisations sociales personnelles et patronales et un quart de la TVA, du précompte mobilier, des accises et du budget de l'Etat proprement dit. En 2016, un déficit de la sécu de 2,3 milliards était à déplorer.