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"Le ministre de la Justice a pris récemment des mesures similaires à celles prises par son prédécesseur voici un an. Or, force est de constater qu'elles n'ont pas permis de contenir l'épidémie (diminution de près de 10% des détenus en 2020)", avance le CCSP. Ces mesures ont, par contre, eu pour conséquence "d'aggraver les effets préjudiciables de la détention en privant les personnes détenues de bon nombre de leurs droits fondamentaux", poursuit-il. D'après les statistiques, sur les trois premières semaines du mois d'avril, 225 détenus ont été contaminés sur une population pénitentiaire de 10.423 détenus. Soit 22% du nombre total de détenus testés positifs (1.027 détenus) au Covid-19 depuis le début de la pandémie. En outre, au cours de la semaine écoulée, deux prisons (Forest et Gand), ont été placées temporairement en confinement total tandis que celle de Termonde est toujours confinée depuis le 1er avril et que trois ailes de la prison de Jamioulx sont en quarantaine. Sans compter le cortège de restrictions imposées à certains détenus: privation d'activités et/ou de cours, de travail, pas de douche régulière ni sortie au préau ou visite, plus d'accès à des modalités de peine destinées à préparer leur sortie (congé pénitentiaire, permission de sortie, détention limitée,...). La vie carcérale est compressée. "Malgré les mesures extrêmement restrictives prises par l'administration pénitentiaire pour éviter la propagation du virus au sein des prisons - et notamment celle visant à interdire tout contact entre les détenus et leurs visiteurs sous peine de privation de visite et de quarantaine consécutive -, le Covid-19 entre de manière croissante en prison", déplore le Conseil. "La surpopulation que connaissent certains établissements contraint parfois la mise en quarantaine d'un détenu positif avec un co-détenu négatif, faute de places suffisantes pour les séparer", ajoute-t-il. Le CCSP s'adresse donc au ministre de la Justice pour qu'il rappelle à toutes les parties prenantes, en ce compris les intervenants judiciaires, l'importance de diminuer la population pénitentiaire. Il invite également Vincent Van Quickenborne (Open VLD) et l'administration pénitentiaire à veiller à ce que les exceptions à la suspension des permissions de sortie et des congés pénitentiaires puissent être décidées par les directeurs d'établissement. Il demande enfin aux autorités d'accélérer la vaccination chez les détenus. Le 15 avril dernier, le Conseil supérieur de la santé avait recommandé que tous les groupes de personnes séjournant en même temps dans le même espace fermé, donc notamment les détenus et le personnel pénitentiaire, fassent l'objet d'une vaccination prioritaire contre le coronavirus. Toutefois, à ce stade, il est prévu que seuls les détenus âgés de 65 ans ou plus, ainsi que les internés et les personnes atteintes de comorbidité (environ 1.800 à 2.000 détenus) qui y consentent seront vaccinés dans un premier temps. Les 8.500 autres personnes détenues doivent attendre une phase 2 encore indéterminée dans le temps.