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Depuis le toit-terrasse de l'Hôtel Littéraire, au coeur de Clermont-Ferrand, on aperçoit l'imposante cathédrale en pierre volcanique noire et, dans le lointain, la silhouette du mythique Puy de Dôme qui semble veiller sur la ville comme un géant endormi.En route vers le célèbre volcan, nous faisons brièvement halte sur une hauteur pour contempler la faille de Limagne. Nulle part ailleurs dans le monde l'effondrement de la croûte terrestre n'est aussi palpable qu'au bord de cette déchirure profonde de 700 mètres et longue de 32 kilomètres, qui marque l'endroit où un nouveau continent a manqué d'apparaître après la formation des Alpes, il y a 35 millions d'années. L'affaissement a fait remonter le magma depuis les entrailles de la terre, provoquant dans la région une formidable activité volcanique.Les 80 volcans monogéniques que l'on peut admirer aujourd'hui se sont formés il y a 95.000 à 8.000 ans - autant dire hier à peine, en termes géologiques ! Le terme de monogénique désigne des volcans qui, contrairement à leurs homologues polygéniques, n'entreront en éruption qu'une seule fois, ce qui signifie en d'autres termes qu'il s'en forme sans cesse de nouveaux.Le plus grand volcan de cet ensemble baptisé Chaîne des Puys, c'est ce fameux Puy de Dôme où se sont affrontés autrefois des légendes du cyclisme comme Fausto Coppi, Jacques Anquetil et Raymond Poulidor, et où le coup de poing en plein foie d'un spectateur a coûté la victoire au Tour de France à Eddy Merckx en 1975. Le sommet mythique est désormais définitivement fermé aux compétitions cyclistes, depuis que la Chaîne des Puys et la faille de Limagne sont venues rejoindre, le 2 juillet 2018, des hauts-lieux comme le Grand Canyon, le Kilimandjaro ou la Grande Barrière de Corail sur la liste du patrimoine naturel de l'Unesco. La zone fait partie du Parc Naturel Régional des Volcans, grand de 395.000 hectares, qui recouvre également le Plomb du Cantal, le plus grand stratovolcan d'Europe avec une superficie de 2.500 km2 (soit deux fois plus que l'Etna).Notre parcours à la découverte de la Chaîne des Puys commence assez logiquement en haut du Puy de Dôme, la plus haute des 80 montagnes du massif avec ses 1.465 mètres. Depuis 2010, ses flancs ont été complètement fermés à la circulation, même cycliste. Pour rallier le sommet, reste donc la marche... ou le Panoramique des Dômes, un train à crémaillère avec vue imprenable sur les environs. Non sans surprise, nous découvrons à l'arrivée les restes d'un temple romain.Le panorama à 360° depuis le sommet est à couper le souffle : d'ici, on distingue parfaitement le chapelet de volcans qui se déroule à perte de vue de part et d'autre. Sur leurs flancs, des troupeaux de moutons broutent inlassablement la végétation qui risquerait, au fil du temps, de masquer complètement les cratères. Pour ceux qui aspireraient à un changement de carrière radical, signalons à tout hasard qu'on recherche de nouveaux bergers pour s'en occuper - les candidats peuvent s'adresser à la direction du Parc Naturel !Nous prenons place sur un rocher pour admirer le paysage. On a peine à croire que, il y a 270 ans à peine, personne n'avait conscience qu'il se trouvait ici un spectaculaire massif volcanique ! C'est le vulcanologue français J.-E. Guettard qui a découvert que, sous l'épaisse couverture végétale qui les dissimulait à l'époque, ces montagnes étaient en réalité autant de volcans. L'histoire est d'autant plus surprenante qu'on ne trouve nulle part ailleurs une telle concentration de volcans (et dans une région parfaitement accessible, de surcroît ! ) dont les formes variées et extrêmement bien préservées représentent une véritable manne pour les spécialistes. La Chaîne des Puys est ni plus ni moins qu'un immense musée de vulcanologie en plein air !