Le dernier film de Wes Anderson, "Asteroid City", se veut à nouveau poétiquement co(s)mique, et est en effet constellé d'une pluie... d' étoiles.
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Asteroid city, au milieu du désert entre Nevada, Utah et Arizona, accueille comme chaque année le concours des meilleurs jeunes astronomes. Parmi eux, Woodrow Steenbeck qui, en compagnie de son père Augie au volant et ses trois soeurs cadettes, tombe en panne dans ce milieu de nulle part. Un paternel démuni, reporter de guerre, qui n'ose annoncer à ses enfants que leur mère n'est plus de ce monde, ni de cet univers, encore moins du cosmos... Et alors que la remise des prix récompensant les surdoués pubères, dont le jeune homme, se déroule dans le cratère creusé par la fameuse astéroïde il y a des millions d'années, un vaisseau extraterrestre surgit: une alien en descend et, devant l'assemblée hypnotisée et médusée, s'empare de l'aérolithe, regagne tranquillement son engin interstellaire qui s évanouit dans l'espace et la nuit. Comme toujours avec Wes Anderson, l'animation à l'ancienne (comme dans "La vie aquatique", "L'île aux chiens" ou "Fantastic Mr Fox") et les images réelles se chevauchent harmonieusement, notamment dans ces grands travellings latéraux que le réalisateur affectionne (pas étonnant qu'il y ait souvent un train dans ses films). Ce perpétuel glissement (souvent latéral, parfois d'avant en arrière) peut énerver, mais on ne peut nier à ce style de réalisation une poésie, une absurdité et un sens de l'humour donnant à plaisir dans le loufoque. Le cinéma d'Anderson est un théâtre, au sens propre comme au figuré dans "Astéroid City", une 'représentation' nostalgique du milieu des années 50, que le réalisateur n'a pas connues: une époque de menace étrangère (où les Russes sont souvent remplacés par les aliens), atomique (auquel il est directement fait référence) ou de la révélation de l'existence de la fameuse 'Zone 51', renfermant soi-disant les restes de corps étranges et étrangers venus de l'espace. Que l'on accroche ou pas à cet univers (cosmique), on reste subjugué, comme dans le cas de Woody Allen, par la force d'attraction de la planète Anderson sur les stars de cinéma. Outre l'habituel Willem Dafoe (Bill Murray qui faisait office de porte-bonheur est remplacé par Tom Hanks), Scarlett Johansson, Steve Carell, Jason Schwartzman, Adrien Brody, Tilda Swinton ou Edward Norton (ces trois derniers ont rejoint la "famille" Anderson depuis quelques films), entre autres, font partie des étoiles qui constellent cet "Asteroid City". Leur jeu volontairement poker face, à l'in-'star' des images, est donc en harmonie avec la mise en scène du film. Lequel n'est pas simplement divertissant mais, par ses mises en abîme vertigineuses, interroge le sens de la vie, l'existence extraterrestre, l'amour, la mort... Et forcément les trous noirs. Un film idéalement destiné aux salles obscures et qui, si l'on adhère au système (solaire) de Wes Anderson, met des étoiles plein les yeux.