Qui a dit que l'industrie sidérurgique avait disparu de nos régions? À Dessel, en Campine, existe depuis 1996 un festival métal dont l'idée fut glissée à l'oreille des deux codirecteurs fondateurs actuels par un certain Herman Schueremans.

Au fil des éditions, l'affiche a monté le son. Le nombre de grands noms frise presque le barnum à la Kiss, tant le nombre de groupes est important - plus de cent. Mais tout en maintenant cet aspect 'grande famille' qu'entretient ce genre musical, souvent décrié (parce que certains chanteurs hurlent? ), voire méprisé.

Peter Van Geel, cofondateur du Graspop Metal Meeting avec Bob Schoenmaekers, évoque l'évolution de son festival comme du genre musical.

Seriez-vous en Belgique le "Werchter" du métal, tandis que le festival Alcatraz de Courtrai en serait le "Pukkelpop"?

(il sourit) Nous sommes en tout cas parmi de grands festivals avec une jauge de 135.000 spectateurs sur quatre jours. Avec Werchter ou Tomorrowland. Au niveau du métal, nous sommes les plus grands en comparaison d'un Courtrai un peu moins imposant, sans doute plus pointu encore, et que l'on peut peut-être comparer au Pukkelpop en termes d'affiche et d'audience.

© BELGA

Comment se répartit le public du Graspop?

Il se révèle très international, puisque nous avons dénombré plus de 100 nationalités différentes parmi les spectateurs. Mais évidemment, la plus grande partie est originaire de Flandre, des Pays-Bas tout proches et d'Allemagne qui n'est pas beaucoup plus loin. Un gros contingent d'amateurs de hard-rock provient aussi de France. Et, bien entendu, nous pouvons également compter sur un public francophone extrêmement fidèle.

High fidelity

La fidélité est le maître mot s'agissant du public métal?

Oui, nous écoulons beaucoup de tickets 'week-end' auprès d'amateurs qui viennent automatiquement quatre jours, nous sont très fidèles depuis 25 ans. Les ventes à la journée se révèlent beaucoup moindres. La plupart assistent à toute la durée du festival, et nombre d'entre eux viennent depuis des années et sont présents lors de chaque édition.

© BELGA

Au cours de vos 26 années d'existence, avez-vous constaté une division en sous-genres de plus en plus grande de ce genre musical?

En fait, le festival existe depuis 36 ans. Après une décennie de propositions musicales plutôt familiales et diverses, nous avons décidé de nous spécialiser dans le genre hard-rock / heavy metal. Nous avons débuté par un jour de festival, puis deux, trois et finalement quatre. D'un podium, nous sommes désormais passés à six. Et, effectivement, nous proposons tous les sous-genres qui constituent désormais le 'metal'. Nous avons étendu notre offre à des sphères beaucoup plus étendues que le heavy metal pur et traditionnel. Désormais, tout le genre metal dans sa diversité y est représenté.

© BELGA

Parmi les six podiums, nous avons les deux "Main Stages" où se produisent tous les genres musicaux du style ; le "Marquee", par contre, est plutôt réservé au black metal ; le "Metal Dome", quant à lui, accueille les inclassables à qui l'on peut difficilement attribuer un podium spécifique. Nous pouvons donc facilement répartir les divers sous-genres sur les différentes scènes.

Les plus vieilles formations originelles du hard se retrouvent dès lors sur les podiums principaux?

Non, pas forcément. En quatre jours, nous programmons 130 groupes, parmi lesquels nous essayons toujours de proposer une quarantaine de nouvelles formations. Ce que nous faisons depuis dix ans: nous avons par exemple programmé à l'époque un groupe comme Sabaton, qui est désormais une des têtes d'affiche du festival. Et dans le "Metal Dome" a débuté Volbeat, qui est désormais l'un des grands noms du festival et qui est en mesure de remplacer les anciens groupes en train de disparaître peu à peu comme Whitesnake, Deep Purple, Judas Priest ou Alice Cooper.

Mais les nouveaux sont-ils aussi populaires que les anciens comme Black Sabbath?

Oui, je le crois. Certains comme Volbeat doivent certes encore laisser leur empreinte dans l'histoire de cette musique, mais ils plaisent à la fois à un public jeune et vieux, et peuvent facilement remplacer les anciens. Ce groupe danois a fait des progrès remarquables en quelques années en termes de popularité.

Le virus... du métal

L'édition des 25 ans était prévue en 2020 et a finalement été repoussée à l'an dernier, vu la situation sanitaire. Avez-vous malgré tout proposé quelque chose en 2020?

Nous avons imprimés des t-shirts (rires) et puis nous avons proposé un festival online durant lequel, avec l'accord des artistes, nous avons retransmis certains concerts des éditions précédentes ; beaucoup de spectateurs habituels les ont regardés tout en organisant un barbecue chez eux, dans leur jardin, histoire de recréer l'ambiance conviviale du Graspop. Un beau succès en termes d'audience... digitale.

Quelle est la réaction des groupes vis-à-vis du festival?

Nous faisons tout pour leur confort sur et en dehors de la scène. Nous sommes très attentifs au son et à la lumière bien entendu, nous soignons la cuisine, tout un village est réservé uniquement aux artistes sur le terrain du festival. Vu la qualité de l'ensemble proposé, ils se montrent en général très enthousiastes à l'idée de se produire au Graspop. Tout le confort est proposé de façon à ce qu'ils puissent se relaxer avant et après leur prestation.

Vous leur proposez également de la bière belge?

Certes. Mais ce sont des sportifs avant tout désormais, qui gagnent leur dû en jouant tout l'été dans différents festivals.

Quel est le profil type du spectateur du Graspop?

Nous avons de tout: travailleurs, employés, directeurs, CEO d'entreprises. C'est une vraie communauté, une vraie famille, le heavy metal. Peu importe que vous soyez riche ou pauvre, vous êtes accueilli ici en tant que headbanger, les gens ne viennent pas seulement pour les groupes, mais aussi pour l'ambiance, celle d'une grande communauté dans laquelle chacun peut s'amuser et faire ce qu'il a envie, dans les limites du raisonnable bien entendu. Et ce sentiment d'amitié est très important dans ce festival.

Beaucoup de gens viennent d'abord pour l'atmosphère très détendue et en contraste d'une musique parfois violente. Même s'il y a eu deux ans d'interruption avec le covid, certains se retrouvent toujours au même endroit sur le terrain du festival, venant de pays différents et font de leurs retrouvailles, d'édition en édition, une vraie fête au son des riffs de guitare.

Qui a dit que l'industrie sidérurgique avait disparu de nos régions? À Dessel, en Campine, existe depuis 1996 un festival métal dont l'idée fut glissée à l'oreille des deux codirecteurs fondateurs actuels par un certain Herman Schueremans. Au fil des éditions, l'affiche a monté le son. Le nombre de grands noms frise presque le barnum à la Kiss, tant le nombre de groupes est important - plus de cent. Mais tout en maintenant cet aspect 'grande famille' qu'entretient ce genre musical, souvent décrié (parce que certains chanteurs hurlent? ), voire méprisé. Peter Van Geel, cofondateur du Graspop Metal Meeting avec Bob Schoenmaekers, évoque l'évolution de son festival comme du genre musical. Seriez-vous en Belgique le "Werchter" du métal, tandis que le festival Alcatraz de Courtrai en serait le "Pukkelpop"? (il sourit) Nous sommes en tout cas parmi de grands festivals avec une jauge de 135.000 spectateurs sur quatre jours. Avec Werchter ou Tomorrowland. Au niveau du métal, nous sommes les plus grands en comparaison d'un Courtrai un peu moins imposant, sans doute plus pointu encore, et que l'on peut peut-être comparer au Pukkelpop en termes d'affiche et d'audience. Comment se répartit le public du Graspop? Il se révèle très international, puisque nous avons dénombré plus de 100 nationalités différentes parmi les spectateurs. Mais évidemment, la plus grande partie est originaire de Flandre, des Pays-Bas tout proches et d'Allemagne qui n'est pas beaucoup plus loin. Un gros contingent d'amateurs de hard-rock provient aussi de France. Et, bien entendu, nous pouvons également compter sur un public francophone extrêmement fidèle. La fidélité est le maître mot s'agissant du public métal? Oui, nous écoulons beaucoup de tickets 'week-end' auprès d'amateurs qui viennent automatiquement quatre jours, nous sont très fidèles depuis 25 ans. Les ventes à la journée se révèlent beaucoup moindres. La plupart assistent à toute la durée du festival, et nombre d'entre eux viennent depuis des années et sont présents lors de chaque édition. Au cours de vos 26 années d'existence, avez-vous constaté une division en sous-genres de plus en plus grande de ce genre musical? En fait, le festival existe depuis 36 ans. Après une décennie de propositions musicales plutôt familiales et diverses, nous avons décidé de nous spécialiser dans le genre hard-rock / heavy metal. Nous avons débuté par un jour de festival, puis deux, trois et finalement quatre. D'un podium, nous sommes désormais passés à six. Et, effectivement, nous proposons tous les sous-genres qui constituent désormais le 'metal'. Nous avons étendu notre offre à des sphères beaucoup plus étendues que le heavy metal pur et traditionnel. Désormais, tout le genre metal dans sa diversité y est représenté. Parmi les six podiums, nous avons les deux "Main Stages" où se produisent tous les genres musicaux du style ; le "Marquee", par contre, est plutôt réservé au black metal ; le "Metal Dome", quant à lui, accueille les inclassables à qui l'on peut difficilement attribuer un podium spécifique. Nous pouvons donc facilement répartir les divers sous-genres sur les différentes scènes. Les plus vieilles formations originelles du hard se retrouvent dès lors sur les podiums principaux? Non, pas forcément. En quatre jours, nous programmons 130 groupes, parmi lesquels nous essayons toujours de proposer une quarantaine de nouvelles formations. Ce que nous faisons depuis dix ans: nous avons par exemple programmé à l'époque un groupe comme Sabaton, qui est désormais une des têtes d'affiche du festival. Et dans le "Metal Dome" a débuté Volbeat, qui est désormais l'un des grands noms du festival et qui est en mesure de remplacer les anciens groupes en train de disparaître peu à peu comme Whitesnake, Deep Purple, Judas Priest ou Alice Cooper. Mais les nouveaux sont-ils aussi populaires que les anciens comme Black Sabbath? Oui, je le crois. Certains comme Volbeat doivent certes encore laisser leur empreinte dans l'histoire de cette musique, mais ils plaisent à la fois à un public jeune et vieux, et peuvent facilement remplacer les anciens. Ce groupe danois a fait des progrès remarquables en quelques années en termes de popularité. L'édition des 25 ans était prévue en 2020 et a finalement été repoussée à l'an dernier, vu la situation sanitaire. Avez-vous malgré tout proposé quelque chose en 2020? Nous avons imprimés des t-shirts (rires) et puis nous avons proposé un festival online durant lequel, avec l'accord des artistes, nous avons retransmis certains concerts des éditions précédentes ; beaucoup de spectateurs habituels les ont regardés tout en organisant un barbecue chez eux, dans leur jardin, histoire de recréer l'ambiance conviviale du Graspop. Un beau succès en termes d'audience... digitale. Quelle est la réaction des groupes vis-à-vis du festival? Nous faisons tout pour leur confort sur et en dehors de la scène. Nous sommes très attentifs au son et à la lumière bien entendu, nous soignons la cuisine, tout un village est réservé uniquement aux artistes sur le terrain du festival. Vu la qualité de l'ensemble proposé, ils se montrent en général très enthousiastes à l'idée de se produire au Graspop. Tout le confort est proposé de façon à ce qu'ils puissent se relaxer avant et après leur prestation. Vous leur proposez également de la bière belge? Certes. Mais ce sont des sportifs avant tout désormais, qui gagnent leur dû en jouant tout l'été dans différents festivals. Quel est le profil type du spectateur du Graspop? Nous avons de tout: travailleurs, employés, directeurs, CEO d'entreprises. C'est une vraie communauté, une vraie famille, le heavy metal. Peu importe que vous soyez riche ou pauvre, vous êtes accueilli ici en tant que headbanger, les gens ne viennent pas seulement pour les groupes, mais aussi pour l'ambiance, celle d'une grande communauté dans laquelle chacun peut s'amuser et faire ce qu'il a envie, dans les limites du raisonnable bien entendu. Et ce sentiment d'amitié est très important dans ce festival. Beaucoup de gens viennent d'abord pour l'atmosphère très détendue et en contraste d'une musique parfois violente. Même s'il y a eu deux ans d'interruption avec le covid, certains se retrouvent toujours au même endroit sur le terrain du festival, venant de pays différents et font de leurs retrouvailles, d'édition en édition, une vraie fête au son des riffs de guitare.