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Lors d'une " educational session ", le Pr Andreas Engert, Université de Cologne, s'est particulièrement intéressé aux patients âgés chez qui un LH est diagnostiqué. Le pronostic des patients de 60 ans ou plus est encore très mauvais et peu de grandes percées ont été réalisées ces dernières années. Des études populationnelles laissent supposer que ce groupe représente 20 % de tous les patients atteints d'un LH. Il n'existe pas de traitement standard pour cette catégorie d'âge, car la plupart de ces patients sont traités en dehors de la recherche clinique.La cause de ces mauvais résultats est attribuée à une combinaison de facteurs : comorbidités, mauvais état de santé général, incapacité à supporter la dose totale de chimiothérapie et plus grande sensibilité aux toxicités liées au traitement, notamment.Les patients atteints d'un LH au stade I ou II sont subdivisés en deux groupes : " favorable " et " défavorable ", sur base de facteurs pronostiques. Pour les patients du premier groupe, le traitement standard, dans le cadre du Groupe d'étude allemand sur le lymphome de Hodgkin (GHSG), repose sur l'étude HD10. Elle montre que deux cycles d'ABVD suivis par une radiothérapie de type " involved field " (IFRT) à 20 Gy sont tout aussi efficaces que quatre cycles d'ABVD suivis d'une IFRT à 30 Gy.Lors de l'étude HD11 menée chez des patients du groupe défavorable, un traitement combiné comportant quatre cycles d'ABVD a obtenu d'aussi bons résultats que quatre cycles de BEACOPP suivis d'une IFRT à 20 ou 30 Gy, mais la réduction de la dose de 30 à 20 Gy après quatre cycles d'ABVD a conduit à une efficacité moindre.Lors de ces études, très peu de patients étaient âgés de plus de 60 ans (68 vs 528 à un stade favorable de LH et 49 vs 654 à un stade défavorable de LH). En revanche, le nombre de patients ayant dû interrompre le traitement prématurément était considérable parmi les patients plus de 60 ans (18/68 patients du groupe favorable et 8/49 patients du groupe défavorable). La dose-intensité relative était également inférieure dans le groupe des plus de 60 ans, par rapport au groupe total, tant parmi les patients à un stade favorable chez ceux à un stade défavorable.La toxicité aiguë était également plus marquée parmi la population de plus de 60 ans. Les taux de rechute ou de progression étaient plus élevés parmi les patients de plus de 60 ans. En ce qui concerne la mortalité, 22% (stade favorable) et 37% (stade défavorable) de décès ont été observés parmi les patients plus de 60 ans, contre 3% (stade favorable) et 6% (stade défavorable) parmi les patients plus jeunes. Selon le Pr Engert, ces données montrent clairement qu'il existe des différences significatives entre les patients de moins et de plus de 60 ans atteints d'un LH. D'autres études confirment uniquement ce mauvais pronostic pour les patients plus âgés encore.Peu d'études cliniques s'intéressent à ces patients plus âgés atteints d'un LH. Une nouvelle combinaison rassemblant la prednisone, la vinblastine, la doxorubicine et la gemcitabine (PVAG) a été évaluée par le GHSG lors d'une étude de phase II multicentrique. Celle-ci incluait 59 patients à un stade défavorable précoce ou à un stade avancé, traités au moyen de 6 à 8 cycles de PVAG et d'une radiothérapie complémentaire. 46 patients ont eu une rémission complète. La survie globale (OS) à 3 ans et la survie sans progression (PFS) étaient, respectivement, de 66% (IC 95%, 50%-78%) et de 58% (IC 95%, 43%-71%).Une autre approche intéressante pour les patients âgés atteints d'un LH consiste à utiliser du brentuximab vedotin (BV). Lors d'une étude clinique de phase II, menée par Evens et collaborateurs, des patients âgés ont reçu 2 cycles de BV, suivis par 6 cycles d'AVD chez les patients qui avaient réagi. Ceux qui ont présenté une rémission complète ou une réponse partielle (PR) suite à ce traitement ont alors reçu 4 doses standard de BV comme traitement de consolidation. 48 patients ont été inclus (âge médian : 69 ans). Ce schéma a montré une activité raisonnable. Après les 2 cycles de départ par BV, le pourcentage total de réponse (OR) était de 82%, parmi lesquels 36% de rémissions complètes. Après 6 cycles supplémentaires d'AVD chez 42 patients évaluables, le pourcentage total de réponses s'est élevé à 95%, avec 90% de rémissions complètes. Les effets indésirables les plus fréquents étaient une neutropénie (44%), une neutropénie fébrile (8%), une pneumonie (8%) et une diarrhée (6%). Les pourcentages de PFS et de OS à 2 ans étaient, respectivement, de 84% et 93%.Il est clair que de nombreuses recherches sont encore nécessaires afin de parvenir à des schémas de traitement standard adaptés à la population de patients de plus de 60 ans atteints d'un LH. Le Pr Engert a dès lors lancé un appel afin d'inclure autant que possible ces patients âgés dans les études.