L'étude PROfound a examiné l'effet d'un traitement de précision par olaparib chez des patients atteints d'un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration (CPRCm), avec mutation d'un des 15 gènes HRR (réparation par recombinaison homologue), pour lesquels un traitement antérieur par abiratérone ou enzalutamide n'était plus efficace (1).

Cancer de la prostate

Les patients ont été randomisés (2: 1) pour recevoir un traitement par olaparib ou un traitement par un anti-androgène (abiratérone ou enzalutamide). Après l'impact très prometteur de l'olaparib sur la survie sans progression (PFS) radiologique médiane, les données relatives à la survie globale (OS) ont été présentées. Au moment de la date limite de collecte des données (mars 2020), l'OS médiane dans le groupe de patients porteurs de mutations BRCA1/2 ou ATM était considérablement meilleure avec l'olaparib qu'avec le traitement témoin (19,1 mois contre 14,7 mois ; HR 0,69 ; IC 95% 0,50-0,97 ; p = 0,0175). Dans le groupe de patients présentant une modification d'une des 12 autres mutations génétiques, l'effet de l'olaparib n'était pas significatif, y compris après correction pour le cross-over.

L'orateur, le Dr Grönberg (Stockholm, Suède), a indiqué que le groupe témoin de cette étude n'avait pas été bien choisi, car les patients qui ne réagissaient plus à l'abiratérone ou à l'enzalutamide recevraient l'hormonothérapie qu'ils n'avaient pas encore reçue. La réponse du PSA était inférieure à 10% et moins de 5% des patients réagissaient encore à ce traitement. En conséquence, deux tiers des patients qui avaient commencé par l'abiratérone ou l'enzalutamide sont passés à l'olaparib après la progression de la maladie, ce qui complique l'interprétation des résultats de l'étude. Une analyse plus approfondie au niveau des gènes montre que les patients porteurs de mutations BRCA1/2 sont ceux qui profitent le plus d'un traitement par olaparib. Vu ces beaux résultats, l'on s'attend à une adaptation du schéma thérapeutique pour les patients atteints d'un CPRCm porteurs de mutations BRCA1/2 ou ATM. L'olaparib a récemment été approuvé par la FDA pour le traitement des patients atteints d'un CPRCm porteurs de mutations des gènes HRR après progression sous enzalutamide ou abiratérone. À court terme, une autorisation est également attendue en Europe pour cette indication.

L'ipatasertib est un nouveau médicament étudié dans le cadre du cancer de la prostate et du cancer du sein. Ce médicament administré par voie orale cible les trois isoformes de l'AKT (protéine kinase B), afin de bloquer la voie de signalisation PI3K-AKT. Cette voie peut contribuer au cancer de la prostate et engendrer une résistance contre les traitements anti-androgéniques. Les premiers résultats de l'étude IPATential150 ont été présentés lors du congrès de l'ESMO (2). Dans cette étude de phase III, la combinaison de l'ipatasertib et de l'abiratérone a été comparée à l'abiratérone chez des patients atteints d'un CPRCm asymptomatique ou légèrement symptomatique. Le critère d'évaluation principal de la PFS radiologique n'a pas été atteint dans la population totale. Parmi le sous-groupe de patients présentant une perte de PTEN, la PFS radiologique médiane était de 18,5 mois, contre 16,5 mois dans le groupe témoin (HR 0,77 ; IC 95% 0,61-0,98, p = 0,0335). Le Dr Grönberg a indiqué que seuls 18% des patients inclus dans cette étude avaient reçu un traitement antérieur par taxanes, ce qui, selon lui, ne reflète pas la pratique clinique. En outre, il s'est avéré que l'avantage apparent de l'ipatasertib était moindre chez les patients qui avaient reçu du docétaxel. Les effets indésirables de grade III-IV, principalement la diarrhée et les éruptions cutanées, étaient plus fréquents chez les patients qui recevaient le traitement combiné. Ces effets indésirables ont également plus souvent conduit à un arrêt du traitement, à une diminution de la dose ou à une interruption de l'administration, dans ce groupe.

Le Dr Nicholas James (Birmingham, Royaume-Uni) a présenté de nouveaux résultats de l'étude STAMPEDE, menée auprès de 1003 hommes atteints d'un cancer de la prostate métastatique hormonosensible, avec un suivi médian de 6,1 ans (3). L'OS après cinq ans était de 60% dans le groupe de patients recevant l'abiratérone et le traitement anti-androgénique (ADT), contre 41% dans le groupe ADT (HR 0,60 ; IC 95% 0,50-0,71 ; p < 0,001). L'OS moyenne était plus élevée dans le groupe ADT + abiratérone, par rapport à l'ADT seul (6,6 ans contre 3,8 ans). Les effets étaient indépendants de la stratification des risques selon les critères de LATITUDE. Après quatre ans de traitement, aucune différence n'a été observée en termes d'effets indésirables graves, et seule une petite augmentation des effets indésirables de grade II/III était à noter dans les deux groupes. Selon l'oratrice Maria De Santis, ces données montrent à nouveau que l'ADT en monothérapie est insuffisant pour les patients atteints d'un cancer de la prostate métastatique hormonosensible.

Le Dr Tran (Melbourne, Australie) a présenté les résultats encourageants d'une étude de phase I évaluant l'AMG 160, une nouvelle immunothérapie par anticorps anti-lymphocyte T bispécifique ciblant le PSMA (BiTE®) dans le CPRCm (4). BiTE est génétiquement programmé pour lier les lymphocytes T aux cellules tumorales par liaison aux CD3 et au PSMA. Une réponse du PSA a été observée chez 69% des patients qui avaient reçu plusieurs traitements différents auparavant. La toxicité de BiTE était acceptable. De plus amples recherches en vue de l'optimisation de la dose sont en cours.

Cancer de la vessie

Chez les patients atteints d'un carcinome urothélial avancé, les inhibiteurs de point de contrôle immunitaire sont pour l'instant uniquement approuvés comme traitement de première ligne pour les patients qui n'entrent pas en ligne de compte pour la chimiothérapie à base de platine ou pour les patients présentant une forte expression de PD-L1 qui ne sont pas pris en considération pour la chimiothérapie au cisplatine. Cette autorisation repose sur des études de phase II. Comme la chimiothérapie ne donne généralement pas lieu à une rémission durable, il est urgent de disposer d'un meilleur traitement pour le carcinome urothélial avancé. Les résultats d'études de phase III sont donc attendus avec grande impatience.

L'étude KEYNOTE-361 a comparé le pembrolizumab (anti-PD-1) en monothérapie avec la combinaison de pembrolizumab et d'une chimiothérapie par platine/gemcitabine et la chimiothérapie par platine/gemcitabine seule (5). Une légère amélioration de la PFS et de l'OS a été observée pour la combinaison pembrolizumab/chimiothérapie, mais la significativité statistique prédéterminée n'a pas été atteinte. Chez les patients qui ont bien réagi à l'immunothérapie de première ligne, la réponse était durable, ce qui laisse supposer qu'une partie des patients profite plus longtemps de l'immunothérapie. Il reste toutefois difficile de les identifier.

L'étude DANUBE a comparé l'anticorps anti-PD-L1 durvalumab en monothérapie avec la combinaison durvalumab/tremelimumab (anti-CTLA4), et une chimiothérapie par platine/gemcitabine (6). Cette étude n'a pas non plus mis en évidence d'avantage en termes de survie pour la combinaison durvalumab/tremelimumab par rapport à la chimiothérapie (HR: 0,85 ; IC 95% 0,72-1,02 ; p = 0,075). Parmi la population PD-L1 positive, le durvalumab n'a pas induit d'avantage en termes de survie par rapport à la chimiothérapie (HR: 0,89 ; IC 95% 0,71-1,11, p = 0,30).

L'orateur, le Dr Richard Cathomas (Chur, Suisse), a insisté sur le fait que les combinaisons "immuno- chimio" ou "immuno-immuno" n'avaient permis d'observer aucun avantage en termes d'OS par rapport à la chimiothérapie, dans la population totale. Aucun avantage significatif en faveur de l'immunothérapie, par rapport à la chimiothérapie, n'a été observé, quelle que soit l'expression de PD-L1. Le plus intrigant selon le Dr Cathomas, est que l'immunothérapie double, par durvalumab et tremelimumab, a donné lieu à un pourcentage de réponse comparable à celui de la chimiothérapie à base de platine, parmi la sous-population PD-L1 positive. Selon lui, cet aspect doit être étudié davantage.

Cancer du rein

Le Dr Toni Choueiri (Boston, États-Unis) a présenté les résultats de l'étude CheckMate 9ER, une étude de phase III randomisée, menée auprès de patients atteints d'un carcinome rénal à cellules claires avancé ou métastatique qui n'avaient pas été traités précédemment (7). Des patients appartenant à tous les groupes de risque IMDC ont été inclus et randomisés (1: 1), pour se voir attribuer la combinaison nivolumab/cabozantinib ou le sunitinib. Après un suivi médian de 18,1 mois, la PFS médiane était considérablement plus élevée dans le groupe nivolumab/cabozantinib que dans le groupe sunitinib (16,6 mois contre 8,3 mois ; HR 0,51 ; IC 95% 0,41-0,64 ; p < 0,001). L'OS était également supérieure dans le groupe recevant la combinaison.

L'OS médiane n'avait encore été atteinte dans aucun des deux groupes, mais le risque de décès était 40% plus faible dans le groupe nivolumab/cabozantinib (HR 0,60 ; p = 0,001). En outre, la réponse objective était supérieure chez les patients recevant la combinaison nivolumab/cabozantinib, par rapport aux patients recevant le sunitinib (55,7% contre 27,1% ; p < 0,001). La durée de la réponse était également supérieure dans le groupe nivolumab/cabozantinib. L'incidence des effets indésirables les plus fréquents était comparable dans les deux groupes. Le traitement combiné a été arrêté par plus de patients que le traitement par sunitinib (15,3% contre 8,8%). Les patients du groupe recevant le traitement combiné ont rapporté une amélioration de leur qualité de vie, contrairement aux patients qui recevaient le sunitinib.

Le Dr Choueiri a conclu que ces données de l'étude CheckMate 9ER démontraient la supériorité de la combinaison de nivolumab/cabozantinib comme traitement de première ligne pour les patients atteints d'un carcinome à cellules claires du rein avancé. L'amélioration de la qualité de vie joue également un rôle important. L'orateur, le Dr Dominik Berthold (Lausanne, Suisse), a reconnu que cette combinaison pouvait effectivement constituer un nouveau traitement de première ligne, mais a précisé qu'il estimait personnellement qu'un suivi de 18 mois était encore relativement court. Il attend les données à long terme avec impatience. Il a, en outre, fait remarquer qu'actuellement, nous ne savons pas encore clairement si l'instauration de deux immunothérapies est préférable à l'instauration d'une seule immunothérapie en combinaison avec un anti-angiogène, étant donné l'impact sur les traitements suivants pouvant être administrés.

Plusieurs traitements combinés sont déjà disponibles pour les patients atteints d'un carcinome à cellules claires du rein avancé ou métastatique, et le choix est opéré sur la base des groupes de risque IMDC. L'étude Bionikk a été mise en place en vue d'une meilleure sélection des différentes combinaisons disponibles (8). Cette étude française, multicentrique, de phase II repose sur l'examen génétique de tumeurs à cellules claires du rein. Les patients pouvaient être répartis en quatre groupes (ccrcc1-4) sur la base de caractéristiques immunitaires et angiogéniques. Les patients appartenant aux groupes ccrcc1 et ccrcc4 ont été randomisés pour recevoir la monothérapie par nivolumab vs la combinaison nivolumab + ipilimumab, tandis que les patients appartenant aux groupes ccrcc2 et ccrcc3 ont été randomisés pour recevoir le nivolumab + ipilimumab vs un inhibiteur de la tyrosine kinase des récepteurs du VEGF (sunitinib ou pazopanib). Chez les patients atteints de tumeurs ccrcc4, la monothérapie par nivolumab s'avère satisfaisante et entraîne une réponse durable (réponse objective de 50%, contre 53% pour le nivolumab/ ipilimumab). Chez les patients atteints de tumeurs ccrcc1, le traitement combiné par nivolumab et ipilimumab est nécessaire (réponse objective de 39,4%, contre 20,7% avec la monothérapie). Chez les patients atteints de tumeurs ccrcc2, les inhibiteurs de la tyrosine kinase donnent des pourcentages de réponse très élevés (53,8%, contre 48,3% avec le nivolumab/ipilimumab). Dans ce groupe, la survie médiane sans progression n'avait pas encore été atteinte après 16 mois de suivi, alors qu'elle était de 10,4 mois avec la combinaison de nivolumab/ipilimumab.

Durant la discussion, le Dr Albiges (Villejuif, France) a souligné qu'elle était impressionnée par cette étude innovante. Elle pense que l'intégration de la recherche moléculaire dans les études cliniques est l'avenir, mais a également signalé que pour ce faire, tous les centres d'étude devaient avoir accès aux techniques utilisées. Ainsi, dans cette étude, les tumeurs à cellules rénales ont été soumises à une analyse de sections congelées, alors que l'immunohistochimie est utilisée dans tous les laboratoires. Le Dr Albiges s'est également attardée sur les traitements sélectionnés pour les différents groupes ccrcc. Elle a indiqué que l'immunité des patients du groupe ccrcc1 était faible, et qu'elle privilégierait donc un traitement à l'aide d'un inhibiteur de la tyrosine kinase des récepteurs du VEGF ainsi qu'une immunothérapie pour ce groupe, pour voir si une infiltration immunitaire supérieure est possible. Le groupe ccrcc2, pro-angiogénique, devrait de préférence, selon elle, être traité à l'aide d'un inhibiteur de la tyrosine kinase des récepteurs VEGF et d'une immunothérapie.

1. De Bono JS et al. Ann Oncol 2020: 31(4): S508. https://doi.org/10.1016/j.annonc. 2020.08.870

2. De Bono JS et al. Ann Oncol 2020: 31(4): S1153-1154. https://doi.org/10.1016/j.annonc. 2020.08.2250

3. James N et al. Ann Oncol 2020: 31(4): S509. https://doi.org/10.1016/j.annonc. 2020.08.871

4. ran B et al. Ann Oncol 2020: 31(4): S507. https://doi.org/10.1016/j.annonc. 2020.08.869

5. Alva A et al. Ann Oncol 2020: 31(4): S1155. https://doi.org/10.1016/j.annonc. 2020.08.2252

6. Powles TB et al. Ann Oncol 2020: 31(4): S550-S551. https://doi.org/10.1016/j.annonc. 2020.08.769

7. Choueiri TK et al. Ann Oncol 2020: 31(4): S1159. https://doi.org/10.1016/j.annonc. 2020.08.2257

8. Vano Y et al Ann Oncol 2020: 31(4): S1157. https://doi.org/10.1016/j.annonc. 2020.08.2254

L'étude PROfound a examiné l'effet d'un traitement de précision par olaparib chez des patients atteints d'un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration (CPRCm), avec mutation d'un des 15 gènes HRR (réparation par recombinaison homologue), pour lesquels un traitement antérieur par abiratérone ou enzalutamide n'était plus efficace (1). Les patients ont été randomisés (2: 1) pour recevoir un traitement par olaparib ou un traitement par un anti-androgène (abiratérone ou enzalutamide). Après l'impact très prometteur de l'olaparib sur la survie sans progression (PFS) radiologique médiane, les données relatives à la survie globale (OS) ont été présentées. Au moment de la date limite de collecte des données (mars 2020), l'OS médiane dans le groupe de patients porteurs de mutations BRCA1/2 ou ATM était considérablement meilleure avec l'olaparib qu'avec le traitement témoin (19,1 mois contre 14,7 mois ; HR 0,69 ; IC 95% 0,50-0,97 ; p = 0,0175). Dans le groupe de patients présentant une modification d'une des 12 autres mutations génétiques, l'effet de l'olaparib n'était pas significatif, y compris après correction pour le cross-over. L'orateur, le Dr Grönberg (Stockholm, Suède), a indiqué que le groupe témoin de cette étude n'avait pas été bien choisi, car les patients qui ne réagissaient plus à l'abiratérone ou à l'enzalutamide recevraient l'hormonothérapie qu'ils n'avaient pas encore reçue. La réponse du PSA était inférieure à 10% et moins de 5% des patients réagissaient encore à ce traitement. En conséquence, deux tiers des patients qui avaient commencé par l'abiratérone ou l'enzalutamide sont passés à l'olaparib après la progression de la maladie, ce qui complique l'interprétation des résultats de l'étude. Une analyse plus approfondie au niveau des gènes montre que les patients porteurs de mutations BRCA1/2 sont ceux qui profitent le plus d'un traitement par olaparib. Vu ces beaux résultats, l'on s'attend à une adaptation du schéma thérapeutique pour les patients atteints d'un CPRCm porteurs de mutations BRCA1/2 ou ATM. L'olaparib a récemment été approuvé par la FDA pour le traitement des patients atteints d'un CPRCm porteurs de mutations des gènes HRR après progression sous enzalutamide ou abiratérone. À court terme, une autorisation est également attendue en Europe pour cette indication. L'ipatasertib est un nouveau médicament étudié dans le cadre du cancer de la prostate et du cancer du sein. Ce médicament administré par voie orale cible les trois isoformes de l'AKT (protéine kinase B), afin de bloquer la voie de signalisation PI3K-AKT. Cette voie peut contribuer au cancer de la prostate et engendrer une résistance contre les traitements anti-androgéniques. Les premiers résultats de l'étude IPATential150 ont été présentés lors du congrès de l'ESMO (2). Dans cette étude de phase III, la combinaison de l'ipatasertib et de l'abiratérone a été comparée à l'abiratérone chez des patients atteints d'un CPRCm asymptomatique ou légèrement symptomatique. Le critère d'évaluation principal de la PFS radiologique n'a pas été atteint dans la population totale. Parmi le sous-groupe de patients présentant une perte de PTEN, la PFS radiologique médiane était de 18,5 mois, contre 16,5 mois dans le groupe témoin (HR 0,77 ; IC 95% 0,61-0,98, p = 0,0335). Le Dr Grönberg a indiqué que seuls 18% des patients inclus dans cette étude avaient reçu un traitement antérieur par taxanes, ce qui, selon lui, ne reflète pas la pratique clinique. En outre, il s'est avéré que l'avantage apparent de l'ipatasertib était moindre chez les patients qui avaient reçu du docétaxel. Les effets indésirables de grade III-IV, principalement la diarrhée et les éruptions cutanées, étaient plus fréquents chez les patients qui recevaient le traitement combiné. Ces effets indésirables ont également plus souvent conduit à un arrêt du traitement, à une diminution de la dose ou à une interruption de l'administration, dans ce groupe. Le Dr Nicholas James (Birmingham, Royaume-Uni) a présenté de nouveaux résultats de l'étude STAMPEDE, menée auprès de 1003 hommes atteints d'un cancer de la prostate métastatique hormonosensible, avec un suivi médian de 6,1 ans (3). L'OS après cinq ans était de 60% dans le groupe de patients recevant l'abiratérone et le traitement anti-androgénique (ADT), contre 41% dans le groupe ADT (HR 0,60 ; IC 95% 0,50-0,71 ; p < 0,001). L'OS moyenne était plus élevée dans le groupe ADT + abiratérone, par rapport à l'ADT seul (6,6 ans contre 3,8 ans). Les effets étaient indépendants de la stratification des risques selon les critères de LATITUDE. Après quatre ans de traitement, aucune différence n'a été observée en termes d'effets indésirables graves, et seule une petite augmentation des effets indésirables de grade II/III était à noter dans les deux groupes. Selon l'oratrice Maria De Santis, ces données montrent à nouveau que l'ADT en monothérapie est insuffisant pour les patients atteints d'un cancer de la prostate métastatique hormonosensible. Le Dr Tran (Melbourne, Australie) a présenté les résultats encourageants d'une étude de phase I évaluant l'AMG 160, une nouvelle immunothérapie par anticorps anti-lymphocyte T bispécifique ciblant le PSMA (BiTE®) dans le CPRCm (4). BiTE est génétiquement programmé pour lier les lymphocytes T aux cellules tumorales par liaison aux CD3 et au PSMA. Une réponse du PSA a été observée chez 69% des patients qui avaient reçu plusieurs traitements différents auparavant. La toxicité de BiTE était acceptable. De plus amples recherches en vue de l'optimisation de la dose sont en cours. Chez les patients atteints d'un carcinome urothélial avancé, les inhibiteurs de point de contrôle immunitaire sont pour l'instant uniquement approuvés comme traitement de première ligne pour les patients qui n'entrent pas en ligne de compte pour la chimiothérapie à base de platine ou pour les patients présentant une forte expression de PD-L1 qui ne sont pas pris en considération pour la chimiothérapie au cisplatine. Cette autorisation repose sur des études de phase II. Comme la chimiothérapie ne donne généralement pas lieu à une rémission durable, il est urgent de disposer d'un meilleur traitement pour le carcinome urothélial avancé. Les résultats d'études de phase III sont donc attendus avec grande impatience. L'étude KEYNOTE-361 a comparé le pembrolizumab (anti-PD-1) en monothérapie avec la combinaison de pembrolizumab et d'une chimiothérapie par platine/gemcitabine et la chimiothérapie par platine/gemcitabine seule (5). Une légère amélioration de la PFS et de l'OS a été observée pour la combinaison pembrolizumab/chimiothérapie, mais la significativité statistique prédéterminée n'a pas été atteinte. Chez les patients qui ont bien réagi à l'immunothérapie de première ligne, la réponse était durable, ce qui laisse supposer qu'une partie des patients profite plus longtemps de l'immunothérapie. Il reste toutefois difficile de les identifier. L'étude DANUBE a comparé l'anticorps anti-PD-L1 durvalumab en monothérapie avec la combinaison durvalumab/tremelimumab (anti-CTLA4), et une chimiothérapie par platine/gemcitabine (6). Cette étude n'a pas non plus mis en évidence d'avantage en termes de survie pour la combinaison durvalumab/tremelimumab par rapport à la chimiothérapie (HR: 0,85 ; IC 95% 0,72-1,02 ; p = 0,075). Parmi la population PD-L1 positive, le durvalumab n'a pas induit d'avantage en termes de survie par rapport à la chimiothérapie (HR: 0,89 ; IC 95% 0,71-1,11, p = 0,30). L'orateur, le Dr Richard Cathomas (Chur, Suisse), a insisté sur le fait que les combinaisons "immuno- chimio" ou "immuno-immuno" n'avaient permis d'observer aucun avantage en termes d'OS par rapport à la chimiothérapie, dans la population totale. Aucun avantage significatif en faveur de l'immunothérapie, par rapport à la chimiothérapie, n'a été observé, quelle que soit l'expression de PD-L1. Le plus intrigant selon le Dr Cathomas, est que l'immunothérapie double, par durvalumab et tremelimumab, a donné lieu à un pourcentage de réponse comparable à celui de la chimiothérapie à base de platine, parmi la sous-population PD-L1 positive. Selon lui, cet aspect doit être étudié davantage. Le Dr Toni Choueiri (Boston, États-Unis) a présenté les résultats de l'étude CheckMate 9ER, une étude de phase III randomisée, menée auprès de patients atteints d'un carcinome rénal à cellules claires avancé ou métastatique qui n'avaient pas été traités précédemment (7). Des patients appartenant à tous les groupes de risque IMDC ont été inclus et randomisés (1: 1), pour se voir attribuer la combinaison nivolumab/cabozantinib ou le sunitinib. Après un suivi médian de 18,1 mois, la PFS médiane était considérablement plus élevée dans le groupe nivolumab/cabozantinib que dans le groupe sunitinib (16,6 mois contre 8,3 mois ; HR 0,51 ; IC 95% 0,41-0,64 ; p < 0,001). L'OS était également supérieure dans le groupe recevant la combinaison. L'OS médiane n'avait encore été atteinte dans aucun des deux groupes, mais le risque de décès était 40% plus faible dans le groupe nivolumab/cabozantinib (HR 0,60 ; p = 0,001). En outre, la réponse objective était supérieure chez les patients recevant la combinaison nivolumab/cabozantinib, par rapport aux patients recevant le sunitinib (55,7% contre 27,1% ; p < 0,001). La durée de la réponse était également supérieure dans le groupe nivolumab/cabozantinib. L'incidence des effets indésirables les plus fréquents était comparable dans les deux groupes. Le traitement combiné a été arrêté par plus de patients que le traitement par sunitinib (15,3% contre 8,8%). Les patients du groupe recevant le traitement combiné ont rapporté une amélioration de leur qualité de vie, contrairement aux patients qui recevaient le sunitinib. Le Dr Choueiri a conclu que ces données de l'étude CheckMate 9ER démontraient la supériorité de la combinaison de nivolumab/cabozantinib comme traitement de première ligne pour les patients atteints d'un carcinome à cellules claires du rein avancé. L'amélioration de la qualité de vie joue également un rôle important. L'orateur, le Dr Dominik Berthold (Lausanne, Suisse), a reconnu que cette combinaison pouvait effectivement constituer un nouveau traitement de première ligne, mais a précisé qu'il estimait personnellement qu'un suivi de 18 mois était encore relativement court. Il attend les données à long terme avec impatience. Il a, en outre, fait remarquer qu'actuellement, nous ne savons pas encore clairement si l'instauration de deux immunothérapies est préférable à l'instauration d'une seule immunothérapie en combinaison avec un anti-angiogène, étant donné l'impact sur les traitements suivants pouvant être administrés. Plusieurs traitements combinés sont déjà disponibles pour les patients atteints d'un carcinome à cellules claires du rein avancé ou métastatique, et le choix est opéré sur la base des groupes de risque IMDC. L'étude Bionikk a été mise en place en vue d'une meilleure sélection des différentes combinaisons disponibles (8). Cette étude française, multicentrique, de phase II repose sur l'examen génétique de tumeurs à cellules claires du rein. Les patients pouvaient être répartis en quatre groupes (ccrcc1-4) sur la base de caractéristiques immunitaires et angiogéniques. Les patients appartenant aux groupes ccrcc1 et ccrcc4 ont été randomisés pour recevoir la monothérapie par nivolumab vs la combinaison nivolumab + ipilimumab, tandis que les patients appartenant aux groupes ccrcc2 et ccrcc3 ont été randomisés pour recevoir le nivolumab + ipilimumab vs un inhibiteur de la tyrosine kinase des récepteurs du VEGF (sunitinib ou pazopanib). Chez les patients atteints de tumeurs ccrcc4, la monothérapie par nivolumab s'avère satisfaisante et entraîne une réponse durable (réponse objective de 50%, contre 53% pour le nivolumab/ ipilimumab). Chez les patients atteints de tumeurs ccrcc1, le traitement combiné par nivolumab et ipilimumab est nécessaire (réponse objective de 39,4%, contre 20,7% avec la monothérapie). Chez les patients atteints de tumeurs ccrcc2, les inhibiteurs de la tyrosine kinase donnent des pourcentages de réponse très élevés (53,8%, contre 48,3% avec le nivolumab/ipilimumab). Dans ce groupe, la survie médiane sans progression n'avait pas encore été atteinte après 16 mois de suivi, alors qu'elle était de 10,4 mois avec la combinaison de nivolumab/ipilimumab. Durant la discussion, le Dr Albiges (Villejuif, France) a souligné qu'elle était impressionnée par cette étude innovante. Elle pense que l'intégration de la recherche moléculaire dans les études cliniques est l'avenir, mais a également signalé que pour ce faire, tous les centres d'étude devaient avoir accès aux techniques utilisées. Ainsi, dans cette étude, les tumeurs à cellules rénales ont été soumises à une analyse de sections congelées, alors que l'immunohistochimie est utilisée dans tous les laboratoires. Le Dr Albiges s'est également attardée sur les traitements sélectionnés pour les différents groupes ccrcc. Elle a indiqué que l'immunité des patients du groupe ccrcc1 était faible, et qu'elle privilégierait donc un traitement à l'aide d'un inhibiteur de la tyrosine kinase des récepteurs du VEGF ainsi qu'une immunothérapie pour ce groupe, pour voir si une infiltration immunitaire supérieure est possible. Le groupe ccrcc2, pro-angiogénique, devrait de préférence, selon elle, être traité à l'aide d'un inhibiteur de la tyrosine kinase des récepteurs VEGF et d'une immunothérapie. 1. De Bono JS et al. Ann Oncol 2020: 31(4): S508. https://doi.org/10.1016/j.annonc. 2020.08.870 2. De Bono JS et al. Ann Oncol 2020: 31(4): S1153-1154. https://doi.org/10.1016/j.annonc. 2020.08.2250 3. James N et al. Ann Oncol 2020: 31(4): S509. https://doi.org/10.1016/j.annonc. 2020.08.871 4. ran B et al. Ann Oncol 2020: 31(4): S507. https://doi.org/10.1016/j.annonc. 2020.08.869 5. Alva A et al. Ann Oncol 2020: 31(4): S1155. https://doi.org/10.1016/j.annonc. 2020.08.2252 6. Powles TB et al. Ann Oncol 2020: 31(4): S550-S551. https://doi.org/10.1016/j.annonc. 2020.08.769 7. Choueiri TK et al. Ann Oncol 2020: 31(4): S1159. https://doi.org/10.1016/j.annonc. 2020.08.2257 8. Vano Y et al Ann Oncol 2020: 31(4): S1157. https://doi.org/10.1016/j.annonc. 2020.08.2254