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Les pachydermes auraient-ils une arme anti cancer dont sont dépourvus les autres mammifères, humains compris ? Compte tenu de leur taille et de leur longévité (jusqu'à 80 ans), les éléphants devraient, au contraire, avoir un risque non négligeable de développer un cancer. Or, ce n'est pas le cas.Certes, direz-vous, ils ne fument pas, ne boivent pas, ne sont pas sédentaires... bref, leur mode de vie joue plutôt en leur faveur. Oui, mais alors pourquoi les chiens et les chats, qui ont aussi peu de facteurs de risque que les éléphants et qui vivent moins longtemps, développent-ils, eux, des cancers ?Pour le savoir, des chercheurs américains ont analysé toutes les données disponibles dans les cellules d'éléphants décédés d'une mort naturelle.Leur conclusion ? Que ces pachydermes sont dotés d'au moins vingt copies (40 allèles) du gène TP53, alors que l'homme n'en a qu'une copie (2 allèles). Ce gène joue un rôle important dans la prolifération cellulaire à l'état normal. Il permet notamment de produire la protéine P53 qui contrôle la réponse cellulaire aux dommages causés à l'ADN."Si on détruit les cellules dont l'ADN est endommagé, on empêche qu'elles ne deviennent cancéreuses, ce qui est beaucoup plus efficace comme prévention du cancer que de tenter d'arrêter la réplication de cellules mutantes incapables de s'auto réparer", a commenté Joshua Schiffman, l'un des scientifiques et co-auteur de la publication (voir ci-dessous).Plus l'organisme dispose de copies du gène TP53, plus il produit de protéines P53, plus grande serait donc la protection anti cancer.C'est sérieux tout ça ? Bien sûr que oui et ce pour deux raisons : d'une part parce que l'étude a été publiée dans le JAMA et d'autre part parce que le Dr. Joshua Schiffman est oncopédiatre. Difficile de faire plus sérieux...Pour en savoir plus :Abegglen LM et al. :Potential Mechanisms for Cancer Resistance in Elephants and Comparative Cellular Response to DNA Damage in Humans. JAMA. 2015;314(17):1850-1860.