Les TKI de troisième génération constitueront bientôt une part de la prise en charge des patients résistants aux autres TKI. L'osimertinib en fait partie et a démontré son efficacité chez des patients préalablement traités, mais qu'en est-il de son efficacité en première ligne ?
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L'inhibition de l'EGFR par les TKI fait partie aujourd'hui du traitement standard des cancers pulmonaires non-à-petites-cellules présentant un gène muté pour l'EGFR. Cependant dans 50 à 60% des cas, les patients développent une mutation adaptative aux TKI. L'osimertinib est un TKI de troisième génération dirigé contre l'EGFR muté (exon19 et exon21) et le T790M muté. Les résultats présentés par Suresh Ramalingam (Atlanta, GA, USA) sont ceux d'une extension de deux cohortes de patients inclus dans l'étude de phase 1 Aura. Les 60 patients inclus dans ces deux cohortes ont reçu soit 80 mg/j (n=30) soit 160 mg/j (n=30) d'osimertinib comme traitement de première ligne.Un traitement bien toléré Les patients sont issus d'une étude préalable concernant l'augmentation progressive des doses. Tous ces patients souffraient d'un NSCLC métastatique ou localement avancé EGFR+. Le suivi a été de 16,6 mois. On constate dans les caractéristiques des patients que la gent féminine représente 67% des patients dans une cohorte et 83% dans l'autre. Les suivis médians ont été respectivement de 16,5 et 16,6 mois. Sur l'ensemble, 21 patients ont arrêté le traitement et 39 sont toujours sous traitement : 19 sous 80 mg/j et 20 sous 160 mg/j. L'âge médian est de 64 ans. Le taux de réponse global a atteint 77% pour l'ensemble des deux cohortes : 67% pour celle sous 80 mg/j et 87% pour celle sous 160 mg/j. Le taux de contrôle de la maladie a été de 93% et 100% respectivement, soit 98% en moyenne. Deux patients dans le groupe le plus dosé ont présenté une réponse complète. Les réponses partielles ont concerné 20 et 24 patients. Deux patients ont progressé dans le groupe 80 mg/j.Mais aussi un traitement efficace " Ce taux de réponse global est le plus élevé jamais rapporté pour un traitement de première ligne anti-EGFR ", explique Suresh Ramalingam. La durée médiane de la réponse au traitement n'a pas été atteinte dans le groupe 80 mg et a été de 16,7 mois dans le groupe 160 mg. La durée maximale de traitement est de 22,1 mois et de 18 mois. La PFS médiane n'est pas atteinte non plus dans le groupe faiblement dosé et atteint 19,3 mois dans l'autre groupe. " Ceci est particulièrement intéressant, car cela dépasse de loin les durées de 10 à 13 mois obtenues dans les cohortes historiques avec les TKI de première et de deuxième génération ", poursuit-il. " Beaucoup de patients n'ont plus de maladie détectable et bénéficient encore du traitement ", précise le spécialiste américain. L'analyse montre également que 8% des patients avaient une mutation T790M de novo à l'entrée dans l'étude. En revanche, les patients qui ont connu une progression de leur maladie n'ont pas développé de mutation T790M comme mécanisme de résistance. Cela signifie qu'il est donc possible de modifier la biologie de la maladie en traitant les patients en première ligne avec l'osimertinib. La question qui demeure est de savoir comment prendre en charge les patients après qu'ils aient progressé. Suresh Ramalingam est confiant. Il espère que l'étude FLAURA qui est en cours actuellement et qui compare l'osimertinib à un anti EGFR classique associé au gefitinib ou à l'erlotinib confirmera ces résultats très positifs.