Le daratumumab (DARA) est un anticorps monoclonal anti-CD38 qui a fait ses preuves dans divers schémas de traitement des myélomes multiples (MM). Il existe désormais une formulation sous-cutanée (SC) qui a démontré sa non-infériorité par rapport à la formulation IV en termes de pharmacocinétique et d'efficacité, qui engendre moins de réactions lors des injections et autorise des injections de bien moindre durée. Echos de l'ASH virtuel 2020.
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APOLLO est un essai randomisé contrôlé de phase 3 mené par l'European Myeloma Network auquel ont participé 12 pays dont la Belgique. Cet essai a évalué l'impact de l'ajout du DARA SC à l'association pomalidomide-dexamethasone (D-Pd) chez des patients ayant un MM en rechute ou réfractaires (R/R) avec au moins une ligne préalable de traitement comprenant le lénalidomide et un inhibiteur du protéasome. Au total 304 patients dont les profils démographiques et pathologiques étaient similaires et représentatifs de ce type de patients ont été enrôlés, 151 alloués à un bras D-Pd et 153 à un bras Pd.Les traitements étaient administrés dans le cadre de cycles de 28 jours, • DARA SC 1.800 mg chaque semaine lors des cycles 1 et 2, chaque 2 semaines lors des cycles 3 à 6 puis chaque 4 semaines à partir du cycle 7.• P 4 mg per os de J1 à 21 de chaque cycle.• d 40 mg per os (20 mg si ≥75 ans) à J1, J8, J15 et J22 de chaque cycle.Les traitements étaient poursuivis jusqu'à progression ou toxicité non acceptable.EfficaceAu moment de l'analyse (suivi médian de 16,9 mois), une progression ou un décès a été constaté chez 51% des malades du bras D-Pd et chez 63% des malades du bras Pd.Les médianes de survie sans progression (PFS, critère principal de jugement) étaient de 12,4 mois pour le bras D-Pd vs 6,9 mois pour le bras Pd (HR 0,63 ; IC 95% 0,47-0,85 ; p=0,0018). Les médianes respectives de PFS pour les patients réfractaires au lénalidomide (80% de la population globale) étaient de 9,9 et 6,5 mois. Le bénéfice lié à l'ajout du DARA SC était retrouvé dans la quasi totalité des sous-groupes analysés et sensiblement de même amplitude.Les taux de réponses globales (69%), de réponses complètes ou mieux (25%), de très bonnes réponses partielles (26%) et de maladie résiduelle indétectable (9%) étaient significativement supérieurs dans le bras D-Pd (vs respectivement 46%, 4%, 16% et 2%).SûrLe profil d'innocuité et de sécurité d'emploi de l'association D-Pd correspond aux profils connus du DARA SC et de l'association Pd et aucun signal nouveau n'a été observé. L'ajout du DARA SC a essentiellement augmenté la probabilité de neutropénie (y compris fébrile) et d'infections respiratoires. Dans le bras D-Pd, des réactions aux injections (grade 1 ou 2) ont été signalées par 5% des patients et par ailleurs 2% ont fait des réactions au site d'injection (grade 1). Les principaux effets secondaires sérieux (D-Pd/Dp) étaient de nature hématologique (neutropénie 68%/51% [fébrile 9%/3%] ; leucopénie 17%/5% ; lymphopénie 12%/3%) et respiratoire (pneumonies 13%/7% ; infections basses 11%/9%). Il y a eu 7% de décès liés à des effets secondaires sérieux dans les deux bras. Les arrêts de traitement pour effets secondaires sérieux étaient rares et similaires dans les deux bras (2%/3%). CommodeLa formulation SC présente l'avantage d'une durée d'administration très réduite par rapport à la formulation IV. Alors que cette dernière impliquait souvent une hospitalisation d'une journée, il ne faut guère que quelques minutes pour la formulation SC (médiane 5 minutes, extrêmes 1-22 minutes), un atout auquel patients et médecins sont sensibles.Au finalMeletios Dimopoulos, Athènes, Grèce, qui présentait ces résultats lors de l'ASH virtuel 2020 conclut : • Cette première étude évaluant une combinaison comportant le DARA SC montre une diminution de 37% du risque de progression ou de décès par rapport à l'association Pd chez des patients ayant un MM R/R avec au moins une ligne préalable. • Les réponses tumorales sont plus marquées avec notamment 6 fois plus de réponses complètes ou mieux et 4 fois plus de maladie résiduelle indétectable.• Le bénéfice en PFS concerne tous les sous-groupes évalués, notamment les sujets réfractaires au lénalidomide.• Les problèmes de tolérance sont sans surprise et gérables. Le faible taux de réactions aux injections et le temps réduit pour l'administration sont des atouts. En clair un traitement efficace et sûr et dont l'utilisation commode concourt à l'allégement des inconvénients liés au traitement.