2020 a été désignée comme l'Année internationale des sages-femmes et du personnel infirmier. Un thème du programme pour les infirmiers en hématologie au congrès annuel de la BHS mérite dès lors notre attention : l'entretien motivationnel et l'accompagnement à l'autogestion.
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L'entretien motivationnel est essentiel pour tous les prestataires de soins de santé. Les efforts accomplis par le personnel infirmier pour motiver le patient à changer son comportement à l'égard de sa maladie, de son traitement, de son mode de vie, etc. seront en effet peu productifs si le médecin adopte une attitude thérapeutique paternaliste. Selon Marijke Quaghebeur (UZ Gent), nous devrions emprunter une autre approche afin de motiver le patient à adapter son comportement et le convaincre qu'il en est capable. Ce qui ne fonctionne pasDésapprouver, accuser, confronter en faisant part de ses propres valeurs et opinions, engager la discussion, étiqueter, mal interpréter les mots du patient, être trop directif ou pas assez, menacer, commander, convaincre, juger... font partie des attitudes inadéquates de la part du prestataire de soins. Les conseils non sollicités ne sont également pas idéaux. Il est préférable de demander par exemple au patient : "puis-je vous donner plus d'informations à propos de... ?" ou "êtes-vous d'accord que je vous explique pourquoi le traitement est important ?" Il est toujours plus efficace de demander l'autorisation au patient, plutôt que de lui imposer d'accepter ces informations.Quelles sont les conditions préalables à un changement de comportement ? Le patient doit comprendre l'importance du changement ("dans quelle mesure est-il important pour vous, actuellement, que quelque chose change ?"), avoir confiance en ses capacités ("dans quelle mesure vous sentez-vous actuellement capable de changer quelque chose ?") et être prêt à changer ("dans quelle mesure vous sentez-vous actuellement prêt à changer quelque chose ?"). Vous pouvez ensuite utiliser les réponses du patient (sur une échelle de 0 à 10) comme point de départ. Vous pouvez alors pratiquer l'écoute réflective, analyser la résistance (p. ex. si le patient a arrêté de prendre son traitement, vous pouvez lui demander : "qu'est-ce qui vous dérange le plus ?"), rebondir sur les raisons en faveur du changement données par le patient lui-même (p. ex. s'il met 4/10, vous pouvez demander : "vous avez indiqué 4/10, pourquoi pas moins ? Quels seraient donc les avantages ?"), lui rappeler la motivation dont il a déjà fait preuve (p. ex. la volonté de guérir), le défier avec empathie, aller dans son sens de manière positive...