Les TKI dirigés contre l'EGFR constituent la première ligne de traitement pour les patients présentant un NSCLC muté pour l'EGFR. Mais la stratégie adoptée actuellement est-elle optimale ? Une étude chinoise s'est penchée sur la question.
...
L'étude FASTACT-2 avait montré que les patients traités par l'erlotinib, combiné à l'association gemcitabine+carboplatine ont une survie médiane sans progression de 16,8 mois, qui est supérieur à la PFS obtenue par les TKI utilisés seuls. Par ailleurs, des chercheurs japonais ont également montré que la combinaison gefitinib+permetrexed comme traitement de première ligne permet d'obtenir un taux de réponse global de 84,6% et une PFS médiane de 18 mois. Une autre étude menée également en Asie avait mis en évidence que la même association augmente la PFS médiane de 5 mois par rapport au gefitinib seul.Une étude avec la PFS comme objectif primaire Baohui Han (Shanghai, Chine) et ses collègues ont comparé trois groupes de patients atteints d'un NSCLC de stade IIIB/IV. Il s'agit d'une étude randomisée vers trois groupes : le premier (n=40) a reçu l'association permetrexed+carboplatine et gefitinib, durant 6 cycles puis un traitement combiné permetrexed+gefitinib toutes les 4 semaines ; le deuxième groupe (n=41) a reçu uniquement le gefitinib jusqu'à progression ; le troisième groupe (n=40) a été traité par chimiothérapie seule : permetrexed+carboplatine pendant 6 cycles puis permetrexed seul pendant 4 semaines. L'objectif primaire était de comparer la PFS dans chacun des trois groupes. Secondairement, les auteurs avaient comme objectifs de connaitre les différences dans la survie globale, dans les taux de réponse objective, dans la qualité de vie et dans la sécurité d'emploi. Aucun des patients n'avait reçu au préalable de chimiothérapie ou de thérapie ciblée. Un déséquilibre dans la répartition de la pyramide des âges au sein des 3 groupes est apparue à l'analyse des données avec 57,5% des patients ayant moins de 60 ans dans le groupe 1, 72,5% dans le groupe 2 et 43,9% dans le groupe 3. La répartition homme/femme était de l'ordre de 40/60% dans les 3 groupes. Il faut noter aussi que 30% des patients n'avaient jamais fumé. Enfin, environ 80% des patients présentaient un NSCLC de grade IV dans chacun des groupes.Allongement de la survie Le taux global de réponse objective était de 82,5%, de 32,5% et de 65,9% respectivement. La répartition de la PFS suit la même tendance avec 18,83 mois pour la combinaison, 5,75 mois pour la chimiothérapie seule et 12 mois pour le gefitinib seul. Par rapport à la chimiothérapie seule, le traitement combiné diminue le risque de progression de 89% et de 51% vis-vis du gefitinib seul. Les chercheurs ont également stratifié leurs patients en fonction de la mutation qu'ils présentaient sur l'EGFR. Il est intéressant de noter que la combinaison a permis d'atteindre une diminution du risque de progression de 97% pour les patients avec la mutation 19del par rapport à la chimiothérapie seule et de 51% par rapport au gefitinib seul. La PFS médiane du groupe combiné est de 19,12 mois versus 5,88 mois pour la chimiothérapie seule et 12,39 mois pour le gefitinib. Pour la mutation L858R, cette diminution était respectivement de 78% et de 62%. Les effets secondaires de grade 3, essentiellement des neutropénies, ont atteint 10% des patients du groupe 1, 12,5% de ceux du groupe 2 et aucun du groupe 3. Les troubles hépatiques ont concerné 10% des patients du groupe 1, aucun de ceux du groupe 2 et 10% de ceux du groupe 3. Ce profil de toxicité est donc, selon les auteurs, franchement acceptable et pour eux cette combinaison constitue un nouveau choix pour le traitement de ce type de cancer du poumon.