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Avant de parler des résultats de l'étude proprement dite, peut-être est-il bon de rappeler que la survie à 5 ans des patients avec un cancer pulmonaire non-à-petites-cellules ne dépasse toujours pas les 35 à 50%, malgré une chimiothérapie adjuvante administrée très tôt, dès le stade IB. La moitié de candidats ne reçoivent pas ces traitements.Bien présent L'usage de l'immunothérapie peut donc sembler logique. Le choix de MAGE-3 ne s'est pas fait au hasard. " Le vaccin MAGE-3 est très bien toléré et des études précédentes ont montré que l'on trouvait un marqueur prédictif qui aurait pu désigner les patients pouvant bénéficier le plus de ces traitements " a expliqué J. Vansteenkiste. Il faut dire que MAGE-3 avait également montré une belle efficacité dans le mélanome et sur un petit nombre de patients avec un cancer pulmonaire réséqué. Pour mémoire, MAGE-3 ne se retrouve que dans les cellules cancéreuses et pas dans les cellules normales, cela en faisait donc un marqueur idéal. Dans MAGRIT, dont on connait maintenant les résultats finaux, environ 13500 patients ont été inclus pour le dépistage du marqueur prédictif MAGE-3. Comme attendu, environ un tiers des patients présentait MAGE-3 et pouvaient être repris dans l'étude. Après exclusion des patients qui ne rentraient pas dans les critères de sélection, il en est resté 2272 qui ont été randomisés à raison de deux pour un, recevant alors le vaccin (n=1515) ou le placebo (n=757). Les patients se répartissaient en fonction des stades comme suit : stade IB (47%), II (36%) et IIIA (17%).Un échec, des questions Malheureusement, les résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes des investigateurs et des chercheurs. " La médiane de survie est de 60 mois dans le groupe traité et de 57,9 mois dans le groupe placebo. Cette différence n'est pas significative (p=0,7379). Quelle est alors la leçon que l'on peut tirer de cette étude ? " a demandé le spécialiste louvaniste. Premier constat : il semble très difficile de progresser dans le traitement de cette maladie pour les patients qui ont été opérés. " Par ailleurs, l'immunothérapie par un vaccin MAGE-3 ne permet pas d'améliorer la survie sans maladie par rapport aux standards de traitement actuel alliant chirurgie et chimiothérapie. " Ce n'est pas d'ailleurs le seul échec pour ces patients particuliers puisque d'autres mesures se sont également révélées impuissantes à contrôler la maladie. " En revanche, nous avons confirmé par cette étude que les vaccins de ce type ont des effets secondaires très légers. De plus, il faut dire que seuls 15% des patients subissent aujourd'hui une ablation pulmonaire totale, ce qui est un gage de la qualité des soins. Actuellement, le taux de survie à 5 ans dépasse les 50%."Atteindre le check-point ! La seconde implication de ce travail est qu'il rend des résultats définitifs sur les possibilités d'obtenir un vaccin thérapeutique chez ce type de patients avec les possibilités technologiques actuelles. En d'autres mots, les limites ont été atteintes. " Je pense que c'est la bonne voie : nous devons après la chirurgie éliminer le maximum de cellules tumorales qui pourraient rester. " Enfin, les chercheurs ont démontré que le vaccin provoquait l'apparition de cellules à même de détruire la tumeur. Cependant, et c'est là où le bât blesse, " une fois qu'elles ont atteint la tumeur, elles semblent paralysées au niveau de la tumeur. Les soldats sont là, mais ils ne combattent pas sur le champ de bataille " a expliqué Johan Vansteenkiste. " Pour le futur, peut-être que la solution passera par les molécules agissant sur les check-points immunitaires en combinaison avec ces vaccins. "