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L'étude de Paul McGale (Oxford, UK) et ses collègues permettra probablement de combler un vide, car si les guidelines sont très claires en ce qui concerne la place de la radiothérapie pour les patientes ne présentant pas d'envahissement des ganglions ou ayant développé des métastases dans au moins 4 ganglions, elles restent floues en ce qui concerne les patientes présentant entre 1 et 3 ganglions envahis. On ne sait pas en effet si la radiothérapie a un effet positif ou pas.Pour lever cette ambigüité, l'équipe anglaise a mené une méta-analyse portant sur des études très éloignées de nous puisqu'il s'agissait de comprendre les bénéfices à long terme. Ces études ont, en effet, été menées entre 1964 et 1982. Le suivi a duré au moins 10 ans pour évaluer les récidives et jusqu'en 2009 pour déterminer la mortalité. Pour être sélectionnées, les 14 études ont répondu aux critères de randomisation et ont rassemblé 3786 patientes. Ceci a représenté 43.000 années de suivi jusqu'en 2009.Pour les 700 femmes ne présentant pas d'envahissement ganglionnaire, les chercheurs n'ont retrouvé aucun bénéfice à pratiquer une radiothérapie ni sur les récidives ni sur la mortalité par cancer du sein. Pour les 1314 patientes faisant partie du groupe ayant 1 à 3 ganglions, la diminution des récidives à 10 ans des patients avec radiothérapie par rapport aux autres est de 32% (RR=0,68 ; 95%CI=0,57-0,82 ; 2p=0,00006) et de 20% (RR=0,80 ; 95%CI=0,67-0,95 ; 2p=0,01) la mortalité par cancer du sein à 20 ans. De ces 1314 patientes, 1133 ont reçu un traitement systémique (cyclophosphamide, methotrexate et fluorouracil ou tamoxifène). Il est intéressant de noter que la radiothérapie a permis de réduire les récidives et la mortalité de la même manière. La méta-analyse confirme aussi l'intérêt de la radiothérapie pour les patientes avec 4 ganglions positifs ou plus (n=1772) permettant une baisse des récidives de 21% et de la mortalité spécifique de 13%.Les auteurs restent néanmoins modestes par rapport à leurs résultats, car il est probable que les risques de récidives sont moins importants aujourd'hui qu'hier. Néanmoins on pourrait leur rétorquer que la radiothérapie elle-même a progressé, ce qui pourrait contrebalancer. Quoi qu'il en soit, selon les auteurs, il pourrait être intéressant d'adapter dès à présent les guidelines.