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Il faut d'abord rappeler qu'il existe deux types de VIH : le VIH-1, qui est responsable de la pandémie de sida et qui a infecté 75 millions de personnes dans le monde, et le VIH-2, qui n'est guère répandu, surtout hors d'Afrique. Mais la ramification ne s'arrête pas là. On sait aussi que le VIH-1 se divise en quatre variants génétiques ayant une histoire épidémiologique propre : le M, le plus répandu, qui infecte 99% des porteurs du virus, le N, identifié chez une vingtaine de personnes, le O, responsable de plus de 100.000 cas d'infection au virus du sida en Afrique centrale et occidentale, et le P, détecté jusqu'à présent chez seulement deux individus. Si l'origine du VIH2 et celle des groupes M et N du VIH-1 ne faisait plus mystère, le premier ayant été transmis par le mangabey, un petit singe à longue queue habitant en Afrique centrale, les deux autres par des chimpanzés du Cameroun, a contrario on ignorait encore la provenance de souches O et P. Des analyses moléculaires et génétiques de déjections de grand singes (chimpanzés et gorilles) du Cameroun, du Gabon, de la République Démocratique du Congo et d'Ouganda ont permis de déterminer que O et P sont dues à une transmission inter-espèces à partir de gorilles des plaines du sud-ouest du Cameroun. Sur 2.932 échantillons, 70 gorilles étaient positifs au virus simien de l'immunodéficience (SIV). Cette étude permet donc de mieux comprendre l'origine du sida et de mieux évaluer les risques futurs pour les populations humaines.