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Actuellement, les femmes qui font face à un diagnostic de cancer peuvent déjà faire prélever et congeler du tissu ovarien avant de recevoir les traitements qui nuisent à la fertilité. Une fois qu'elles sont guéries, le tissu est alors décongelé et remis en place de telle sorte qu'elles puissent continuer à avoir des bébés naturellement.Pour la plupart des patientes, la procédure est sûre, mais certains cancers, comme celui des ovaires ou la leucémie, peuvent envahir le tissu ovarien lui-même et il y a donc un risque que la maladie réapparaisse.En partant de ce constat, et en espérant apporter une solution à l'infertilité des femmes ayant subi des traitements agressifs pour soigner le cancer mais aussi certaines maladies génétiques telles que la sclérose en plaques et la bêta-thalassémie, une équipe de l'hôpital Rigshospitalet de Copenhague vient de présenter une alternative intéressante et plus sûre aux quelque 8000 spécialistes présents au 34e Congrès européen de médecine de la reproduction, à Barcelone. Les chercheurs ont d'abord commencé par dépouiller un tissu ovarien de toutes ses cellules, y compris les cancéreuses, même latentes, obtenant un tissu nu, fait en grande partie de collagène, la protéine qui donne sa force à la peau.Ensuite, ils ont ensemencé cette trame tissulaire ovarienne artificielle avec des centaines de follicules humains prélevés chez des femmes ayant fait congeler leurs ovaires pour préserver leur fertilité avant la prise des traitements médicaux susceptibles de compromettre leur fonction ovarienne ultérieure.Au total, 958 follicules ont été prélevés chez 286 femmes, âgées en moyenne de 28 ans (16 à 43 ans). Le nombre de follicules prélevés chez chaque femme variait de 1 à 13 (moyenne de 3,3 follicules /patiente, médiane de 3,0). Les scientifiques ont alors expliqué comment ils ont implanté un ovaire artificiel contenant 20 follicules humains dans une souris, pour finalement constater qu'un quart d'entre eux avaient survécu et s'étaient développé pendant au moins trois semaines. Pendant ce temps, les vaisseaux sanguins avaient commencé à se développer autour de l'ovaire pour le nourrir."C'est la première fois que des follicules humains isolés à un stade précoce ont pu ainsi se développer", a précisé le Dr Susanne Pors, tout en estimant "qu'il faudra de nombreuses années avant que l'expérience ne soit menée sur une femme." "Cinq à 10 ans de travail sont nécessaires pour que les ovaires artificiels soient applicables aux êtres humains," a-t-elle estimé.La recherche à ce sujet n'en est qu'à ses débuts, mais elle paraît très prometteuse et les médecins semblent unanimes quant au caractère novateur et révolutionnaire de cette nouvelle technique de conception... à condition qu'il n'y ait aucun risque de réintroduire le cancer...(référence : Frontiers in Endocrinology, 12 janvier 2018, doi : 10.3389/fendo.2017.00376)https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fendo.2017.00376/full