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Tout a commencé à l'été 2015, lorsqu'une femme de 33 ans se rend à l'hôpital régional du Mans pour une échographie de routine lors de sa 22e semaine d'aménorrhée. Bien qu'elle ne présente aucun signe clinique extérieur et qu'elle ne sent rien, les médecins découvrent alors que la future maman a développé une petite déchirure de 2,5 cm de diamètre sur la paroi gauche de l'utérus, déchirure par laquelle une partie du sac amniotique est sortie. Les jambes de son bébé ont été entraînées avec le fluide, tandis que son corps est resté dans l'utérus, avec très peu de liquide amniotique.Passée la surprise de l'IRM, l'équipe médicale comprend que la paroi utérine de la mère n'a pas réussi à recouvrir complètement le foetus. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce phénomène n'a rien à voir avec les coups de pied du bébé mais il est dû à l'historique de la patiente qui avait subi cinq césariennes successives et dont l'utérus avait conservé une certaine forme de rigidité. Au gré de sa sixième grossesse, cette rigidité a provoqué une déchirure de la paroi utérine.Autre fait inhabituel : alors que les femmes qui subissent des ruptures utérines ressentent des douleurs intenses causées par des saignements internes, la patiente, elle, est restée asymptomatique. Mais la hernie ombilicale a comprimé les bords de la déchirure utérine, et a eu un effet hémostatique. De plus, les jambes du foetus ont "bouché" la déchirure, ce qui explique qu'il n'y ait pas eu de pertes sanguines.Face à cette découverte, les médecins du Mans contactent le service de gynécologie obstétrique du CHU d'Angers. "Il y avait un risque très important de rupture de l'utérus, qui aurait pu entraîner une hémorragie interne, et mettre ainsi en danger la vie de la mère et de son enfant," explique, dans les colonnes du Washington Post (1), le Dr Pierre-Emmanuel Bouet. C'est la première fois que le gynécologue angevin, auteur principal du rapport publié dans le New England Journal of Medicine (2), était confronté à un tel cas.Trois pistes sont ensuite envisagées : la chirurgie, pour réintroduire la poche des eaux dans l'utérus et colmater la fissure de ce dernier, l'interruption de grossesse en raison du risque encouru, ou la poursuite de la grossesse sous surveillance rapprochée. Informé des risques, le couple choisit de poursuivre la grossesse, la première option s'avérant impossible en raison de la trop grande fragilité de la poche des eaux.Deux mois plus tard, à la 30e semaine de grossesse, un nouvel examen révèle que l'incision utérine s'est élargie à 5 centimètres et que la partie du sac amniotique située en dehors a également augmenté. À ce moment-là, elle contient aussi l'abdomen du bébé."Son tronc commençait à glisser à travers la fente dans le liquide amniotique," se souvient le Dr Bouet. "Si nous n'étions pas intervenus, cela aurait conduit à une compression du cordon ombilical, par lequel passent les vaisseaux sanguins, et donc à une asphyxie du foetus."Au mois de septembre 2015, après six mois de gestation, les médecins décident en effet d'extraire le bébé de sexe masculin par césarienne. Aujourd'hui, la mère et l'enfant, qui pesait 1,385 kilogrammes à sa naissance et qui présentait un léger oedème aux jambes à cause de la compression exercée par les parois de l'utérus à ce niveau, se portent, paraît-il, à merveille. Une histoire peu banale qui, heureusement, se termine bien...(références :