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Pour la première fois en Europe, à Athènes, un petit garçon est né le 9 avril 2019 d'une technique de conception assistée qui utilise trois ADN différents : la technique dite de "transfert de fuseau maternel." Le bébé pèse 2,960 kg et se porte bien, a précisé le centre grec Institute of Life où a été réalisée la manipulation génétique et qui s'est associé avec le centre de recherche Embryotools de l'Université de Barcelone. (1)La femme grecque qui a donné naissance au petit garçon est âgée de 32 ans. Elle avait déjà subi quatre cycles de FIV mais toutes les tentatives avaient échoué à cause d'un dysfonctionnement cytoplasmique de ses ovocytes. La seule solution pour elle aurait alors été de bénéficier d'un don d'ovocyte, mais dans ce cas, elle n'aurait pas transmis son patrimoine génétique à son enfant, ce que permet la méthode mise en oeuvre par l'équipe médicale gréco-espagnole que dirige l'embryologiste grec Panagiotis Psathas.Cette méthode consiste à transférer le noyau de l'ovocyte de la mère, qui contient ses chromosomes, dans l'ovocyte d'une donneuse saine, préalablement vidé de son propre noyau. Le nouvel ovocyte contient alors l'ADN nucléaire de la mère et l'ADN mitochondrial de la donneuse. La fécondation a ensuite été réalisée in vitro avec le sperme du père et l'embryon ainsi formé - contenant donc trois ADN différents - a été implanté dans l'utérus de la mère.Génétiquement, le bébé possède donc trois parents, même si seulement 0,14% de son patrimoine génétique provient d'une tierce personne. Il s'agit des quelques dizaines de gènes qui se trouvent à l'extérieur du noyau, sur les mitochondries, ces minuscules usines chargées de fournir aux cellules de l'énergie."Il est désormais possible pour des femmes ayant subi de multiples échecs de FIV ou souffrant de rares maladies génétiques mitochondriales de devenir mère avec leur propre matériel génétique," s'est félicité l'équipe à l'origine de cet exploit. "C'est une révolution dans la reproduction assistée," a évoqué le Dr Costa-Borges, cofondateur du centre Embryotools.L'utilisation du procédé de "transfert de fuseau maternel" pour traiter des cas d'infertilité suscite toutefois la controverse parmi la communauté scientifique à cause du nombre inhabituel de parents. Auparavant, elle n'avait été employée qu'une seule fois. En 2016, des médecins américains y avaient recouru pour permettre à un couple jordanien de ne pas transmettre à leur enfant le syndrome de Leigh, une maladie mitochondriale rare et très grave qui se caractérise par la dégénérescence du système nerveux central. (2)La mère avait déjà transmis ses gènes malades à deux petites filles qui avaient perdu la vie à l'âge de 6 ans et de 8 mois et elle avait également fait deux fausses couches.L'objectif était donc différent, et la procédure s'était déroulée dans une clinique mexicaine car interdite aux Etats-Unis pour des questions éthiques.(références : https://www.iolife.eu/news-press/news/press-release-9-april-2019/https://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/09/28/premiere-naissance-d-un-bebe-a-trois-parents_5004492_1650684.html