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Le psoriasis, une dermatose de type auto-immunitaire et souvent familiale, touche principalement les personnes de race blanche et caucasienne, avec une prévalence de 2 à 3 % de la population. Génétiquement elle concerne une quarantaine de gènes différents. La maladie est plus fréquente dans les pays septentrionaux, probablement en raison d'un ensoleillement moins important.L'expression clinique du psoriasis est multiforme, mais dans 90 % des cas il s'agit du psoriasis vulgaris, caractérisé par des plaques rouges bien délimitées, recouvertes de croûtes blanchâtres ou squames, situées de préférence sur le cuir chevelu, les coudes, les genoux et le bas du dos. Un patient sur dix présente également une atteinte articulaire, sous forme d'arthrite.L'étiologie précise du psoriasis reste inconnue, mais il existe indubitablement des facteurs déclenchants ou aggravants de la maladie. " Chez les enfants et les jeunes adultes la forme dite psoriasis guttata apparaît souvent suite à une angine à streptocoques. Actuellement on évite de donner des antibiotiques pour des infections bénignes, mais dans ce cas précis le généraliste ne doit certainement pas hésiter à en prescrire ", souligne le pr. Segaert.Parmi d'autres facteurs déclenchants il faut citer le stress, les infections (parmi lesquelles le vih), les traumatismes de tout genre, l'obésité, le tabac, l'abus d'alcool et un certain nombre de médicaments, tels que l'interféron, les bèta-bloquants, les inhibiteurs de l'enzyme de conversion, le lithium, les produits contre la malaria, ... " Là aussi le rôle du médecin généraliste est primordial. En prenant quelques mesure d'hygiène de vie on parvient à éviter ou à endiguer pas mal de rechutes de psoriasis. Pour les angines, on obtient souvent un résultat spectaculaire après tonsillectomie. L'alimentation joue-t-elle un rôle ? C'est une question largement étudiée et commentée, mais il est plus que probable que la nourriture ne joue qu'un rôle marginal. Toutefois, il est indéniable que le surpoids et l'obésité sont des facteurs aggravants et qu'ils doivent être combattus. Les formes graves de psoriasis apparaissent d'ailleurs deux fois plus souvent chez les hommes que chez les femmes, et là le surpoids, la bonne chère et l'abus d'alcool sont en cause. Il est également important de signaler qu'un traitement oral à la cortisone, pour quel motif que ce soit, ne peut jamais être interrompu brusquement. Il faut par contre diminuer la dose très progressivement, de préférence sur une période de plusieurs semaines, sinon on risque une rechute encore plus importante de la maladie. "Le psoriasis se traite pas à pas, en fonction de la gravité et de l'étendue des lésions. " Le traitement local se fait avec des pommades et des gels à base de cortisone et de vitamine D, le premier composant donnant un résultat rapide et puissant, tandisque le second vise la durabilité. A ce propos, signalons l'introduction imminente d'un spray mousseux (Enstilum®), qui présente non seulement l'avantage d'être moins gras, mais dont l'action est encore plus efficace. Les produits actifs sont identiques, mais l'excipient permet une pénétration plus performante. Par ailleurs, il y a la photothérapie, avec les rayons UV-B et surtout le PUVA, où l'on associe les psoralènes aux UV-A. Le traitement complet ne peut comporter plus de 150 à 200 séances, afin d'éviter tout effet carcinogène. "Pour le traitement peroral, citons les rétinoïdes, qui se prescrivent surtout pour le psoriasis des paumes de la main et des plantes du pied, et le méthotrexate, également indiqué en cas d'arthrite psoriasique. A cause de ses effets secondaires toxiques, la ciclosporine est réservée aux traitements de courte durée.L'apremilast (Otezla®) est un nouveau médicament oral, que l'on prescrit en cas de lésions cutanées et d'arthrite. C'est un inhibiteur de l'enzyme PDE4 (phosphodiësterase 4) qui agit sur la production de plusieurs cytokines. " Ce produit est efficace dans deux cas sur trois et a peu d'effets secondaires. Comme pour les médicaments biologiques, son remboursement est lié à un certain nombre de critères en ce qui concerne la gravité de la maladie et les traitements préalables, et il ne peut être prescrit que par des spécialistes ", explique le dermatologue.Enfin, il y a les médicaments biologiques, avec tout d'abord les produits anti-TNF, tels que l'étanercept, l'adalimumab, l'infliximab, que nous employons déjà depuis une dizaine d'années et pour lesquels il faut tenir compte de la possibilité d'infections granulomateuses comme la tuberculose.Les inhibiteurs de l'interleukine ont une action rapide et puissante. L'ustekinab inhibe l'IL-12 et l'IL-23, tandisque le sécukinumab et l'ixékizumab agisse sur l'IL-17. " Ce sont surtout les cas plus graves qui profitent de l'apparition sur le marché de ces nouveaux médicaments. Par contre, pour les patients souffrant de psoriasis plus léger ou d'intensité moyenne, le traitement a subi moins de changements, " ajoute le Pr Segaert.Et pour terminer, encore un mot sur les cures spécialisées dans le traitement du psoriasis, comme par exemple le long de la mer Morte. " Il est indéniable que pour le traitement du psoriasis la mer Morte, par sa situation au-dessous du niveau de la mer (ce qui augmente les rayons UV) et sa forte concentration de sel, favorise les rémissions. Mais l'atmosphère détendue propre aux vacances y joue également un rôle non négligeable. Un séjour le long de la Méditerranée ou dans un autre endroit ensoleillé aura probablement le même effet, et sera sans doute moins coûteux. Mais ces avantages sont malheureusement de courte durée. Certains cas de psoriasis connaissent de longues périodes rémission, mais la maladie requiert toujours un traitement à vie, " conclue le Pr Segaert.