Le papillomavirus humain (HPV) est responsable d'une morbi-mortalité significative à l'échelle mondiale. Le lancement du vaccin HPV nonavalent offrant une protection étendue nous invite à revoir notre politique de santé. Le Dr Mireille Merckx (UZ Gent) demande son remboursement à la fois pour les filles et pour les garçons, et recommande de vacciner les enfants victimes d'abus sexuels.
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Disponible en Belgique depuis 2006, le vaccin HPV quadrivalent (qHPV) Gardasil® protège contre les sérotypes 6, 11, 16 et 18 du HPV. En octobre 2007, il a été rejoint sur le marché par Cervarix® (bHPV), un vaccin bivalent dirigé contre les sérotypes 16 et 18. Les sérotypes 16 et 18 sont responsables de quelque 70 % des cancers du col de l'utérus. Quant aux sérotypes 6 et 11, ils provoquent 90 % des verrues génitales. Le HPV occasionne en outre une partie des autres cancers anogénitaux (vulve, vagin, anus et pénis), ainsi que des cancers de la bouche.Depuis 2010, les jeunes Flamandes peuvent se faire vacciner gratuitement contre le HPV durant leur première année secondaire (12-13 ans). En 2014, le vaccin quadrivalent a laissé place au bivalent, et les 3 doses aux 2 actuellement en vigueur. Un an plus tard, la Communauté française lançait son programme de vaccination, avec le vaccin bivalent, pour les jeunes filles inscrites en deuxième année secondaire (13-14 ans). Nouveau vaccinGardasil 9® (9vHPV) a été lancé sur le marché belge en octobre 2016. Le nouveau vaccin est dirigé contre 9 sérotypes du HPV (6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52, 58) et offre, grâce aux 5 sérotypes ajoutés, 20 % de protection supplémentaire contre le cancer du col de l'utérus.1 Le vaccin présente un bon profil de sécurité et une immunogénicité équivalente à celle du qHPV, et ce, pour les deux sexes. Le Conseil Supérieur de la Santé se penche actuellement sur le dossier relatif à une révision de la vaccination contre le HPV. En sa qualité de gestionnaire de la FIGIJ (Fédération Internationale de Gynécologie Infantile et Juvénile), le Dr Mireille Merckx soulève un coin du voile sur la prochaine réunion de printemps de la VVOG (l'association flamande d'obstétrique et de gynécologie), le 18 mars prochain : "En tant que gynécologue infantile, mon choix se porte sur une protection optimale. Nous sommes actuellement en attente du remboursement, mais nous espérons le voir arriver au printemps. Idéalement sans différence entre les sexes." En effet, 30 % des cancers associés au HPV touchent des hommes.2 Plusieurs pays ont déjà des programmes de vaccination à grande échelle - tant pour les jeunes garçons que pour les jeunes filles - avec le vaccin 9vHPV. "Il est temps que cela bouge ici aussi. Par ailleurs, le vaccin est administré à l'âge de 9 ans dans bon nombre de pays."Abus sexuelsLa prévalence du HPV augmente avec l'âge, tout comme le risque d'abus sexuels sur mineurs.3 D'après les estimations, 3 à 17 % des garçons et 8 à 31 % des filles sont victimes de ce type d'abus, dont 70 % avant l'âge de la vaccination. Sans oublier que les abus sexuels conduisent à des comportements à risque, associés à une plus grande exposition aux virus. "Le schéma de vaccination devrait plutôt débuter à l'âge de 9 ans, et les enfants abusés sexuellement devraient être vaccinés immédiatement, car ils s'exposent à d'autres types de virus en adoptant souvent un comportement à risque", conclut le Dr Merckx.Références1. Zhai L, Tumban E. Antiviral Res. 2016; 130: 101-109. 2. Marty R, et al. BMC Cancer 2013; 13: 10 doi:10.1186/1471-2407-13-10.3. Garland SM, et al. Lancet 2015; 386: 1919-1920.