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Perte musculaire, extension de la colonne vertébrale, vision détériorée, décalcification osseuse, troubles de la mémoire, déformation du coeur, hausse de la température corporelle... : on savait déjà que les missions spatiales de longue durée n'étaient pas sans effet sur la santé des astronautes. Un risque supplémentaire vient d'être découvert : le ralentissement de la circulation sanguine, pouvant aller jusqu'à une inversion du sens d'écoulement.Une équipe internationale a examiné les données médicales de 11 astronautes (9 hommes et 2 femmes) ayant passé une moyenne de 210 jours à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS). Les chercheurs ont réalisé une échographie duplex de la veine jugulaire interne afin de mesurer la section transversale, la pression, le débit sanguin et toute formation de thrombus, en position assise, couchée, la tête inclinée vers le bas de 15°, avant le départ de la mission et environ 40 jours après l'atterrissage.Les mêmes mesures ont été réalisées par les astronautes eux-mêmes après 50 et 150 jours de séjour dans l'espace, dans des conditions de vol normales ainsi qu'avec une pression négative au bas du corps. Les données ont été analysées en juin 2019.Les conclusions s'avèrent plutôt inquiétantes pour les voyageurs de l'espace. Les échographies ont notamment montré que sept membres d'équipage présentaient un flux sanguin stagnant ou même inversé (deux d'entre eux) dans la veine jugulaire interne gauche pendant leur vol spatial. L'un d'eux a développé un thrombus occlusif découvert au 50e jour de la mission et confirmé par un suivi clinique. Un autre s'est vu diagnostiquer une thrombose partielle à son retour. Les deux ont subi un traitement à base d'anticoagulants pour se remettre sur pied.Cette découverte inattendue a montré l'importance de mener des recherches plus approfondies sur les risques encourus par les astronautes dans l'espace. Par ailleurs, la pression négative dans le bas du corps peut être une solution prometteuse pour améliorer le flux sanguin veineux dans le haut du corps pendant le vol spatial.(référence : JAMA network open, 13 novembre 2019, doi : 10.1001/jamanetworkopen.2019.15011)