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ADI-15946 : le nom n'est pas facile à retenir, mais son potentiel est important ! Cet anticorps monoclonal humain largement neutralisant a été trouvé par des scientifiques américains chez un survivant de la plus grave épidémie d'Ebola à ce jour, celle survenue entre 2013 et 2016 en Afrique de l'Ouest, qui a fait plus de 11 000 morts et provoqué une panique internationale. A l'occasion de cette épidémie, le ZMapp, un vaccin expérimental, a été développé. Il est actuellement utilisé dans une campagne de vaccination ciblée en République démocratique du Congo (RDC), pays touché par une nouvelle épidémie qui a déjà fait au moins 500 morts. Un essai de grande ampleur conduit par l'OMS en Guinée en 2015 a montré que ce vaccin était très protecteur mais seulement contre l'une des souches du virus : Ebola "Zaïre", la souche responsable de la grande épidémie de 2013 à 2016. Il n'a donc aucune vertu protectrice contre les espèces Ebolavirus Soudan et Ebolavirus Bundibugyo, deux autres souches qui touchent l'être humain et dont la réémergence est tout à fait possible.L'anticorps ADI-15946 pourrait permettre d'aller plus loin en développant un vaccin efficace contre les trois souches de virus Ebola car il cible une région qui leur est commune : la β17 β18. Kartik Chandran, professeur de microbiologie et d'immunologie à l'Albert Einstein College of Medicine de New York, est convaincu que son équipe est parvenue à identifier "le talon d'Achille" du virus."La structure moléculaire révèle que l'anticorps arrive à atteindre une poche cachée, encastrée du virus", a expliqué pour sa part Erica Ollmann Saphire du La Jolla Institute for Immunology, en Californie. "En déjouant les leurres mis en place par le virus, il est donc capable de viser efficacement une cible qui est commune à toutes les variétés d'Ebola."C'est une avancée potentiellement cruciale dans la lutte contre le virus sachant que la vaccination est actuellement la principale stratégie mise en place. Des expérimentations in vitro ont de plus mis en évidence une synergie possible entre ADI-15946 et l'anticorps non neutralisant FVM09 qui cible une deuxième poche vulnérable cachée du virus. Les chercheurs évoquent la possibilité de coupler l'action de ces deux anticorps afin d'augmenter l'efficacité in vivo d'un futur vaccin. Mais avant même de commencer l'élaboration d'un tel vaccin, des études complémentaires seront nécessaires pour vérifier l'efficacité de l'anticorps ADI-15946 chez l'Homme.(référence : Nature Structural and Molecular Biology, 4 mars 2019, doi : 10.1038/s41594-019-0191-4)https://www.nature.com/articles/s41594-019-0191-4