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À la ménopause, qui survient en moyenne vers l'âge de 52 ans, les ovaires cessent de fonctionner entraînant l'arrêt de la production d'hormones sexuelles féminines et parfois l'apparition de symptômes difficiles à vivre et variant d'une femme à l'autre : prise de poids, bouffées de chaleur, sudation nocturne, insomnies, ostéoporose, troubles génito-urinaires, sécheresse vaginale, troubles de l'humeur...Pour remédier à ces effets secondaires incommodants de la ménopause ou à tout le moins les limiter, une équipe de l'institut de Wake Forest, en Caroline du Nord, a exploré la possibilité de transplanter des ovaires artificiels, élaborés en laboratoire. Les spécialistes ont ainsi mis au point une méthode d'ingénierie médicale qui a permis la création de tissus ovariens artificiels pour des rates. Ils ont d'abord prélevé deux types de cellules qui composent les ovaires, les cellules de granulosa et de la thèque, sur des rates de 21 jours encore immatures. Ces cellules ont été cultivées en laboratoire et divers procédés ont été utilisés pour former des tissus tridimensionnels fonctionnels. Enfin, ces ovaires artificiels ont alors été implantés dans des rates matures âgées de 3 mois et préalablement amputées de leurs propres ovaires.Après une semaine d'implantation sur les cobayes, les ovaires artificiels avaient déjà commencé à sécréter de manière personnalisée des oestrogènes, de la progestérone et deux autres hormones naturelles qu'on ne trouve pas dans les traitements hormonaux de substitution actuels. Autre constat : une diminution des effets désagréables de la ménopause. Pour les rates testées, la santé osseuse et utérine s'est révélée meilleure qu'avec un traitement hormonal classique, et la prise de poids a été moindre."Le traitement est conçu pour secréter des hormones de manière naturelle en fonction des besoins du corps, plutôt que de faire prendre à la patiente une dose journalière spécifique de médicaments," explique l'auteur principal de l'étude, le Pr Emmanuel Opara. La méthode aurait par ailleurs un autre avantage : en délivrant une quantité personnalisée d'hormones à chaque femme, il n'y aurait plus de risques cardio-vasculaires et cancéreux comme c'est le cas avec les traitements actuels qui ne sont pas recommandés pour des usages à long terme.Le système de remplacement hormonal à base de cellules pourrait être aussi être utilisé par des patientes ayant perdu leur fonction ovarienne à la suite d'une ablation chirurgicale ou d'une chimiothérapie.Reste à tester ces résultats chez la femme. Plusieurs questions restent cependant à résoudre, telle que l'origine des cellules nécessaires à la conception de ces ovaires bioartificiels. L'étude évoque par exemple la possibilité de prélever du tissu ovarien chez des jeunes donneuses volontaires qui en feraient don.(référence : Nature Communications, 5 décembre 2017, doi:10.1038/s41467-017-01851-3)