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C'est aussi un exploit tant les cordes vocales constituent un ensemble complexe, délicat et extrêmement difficile à répliquer. Elles se présentent sous la forme de replis situés au niveau des muqueuses du larynx. Ces replis sont constitués d'un tissu spécial suffisamment souple pour vibrer au passage de l'air mais aussi assez solide pour s'entrechoquer des centaines de fois par seconde. Capable de transformer " biomécaniquement " l'énergie aérodynamique en vibrations de haute fréquence, ce tissu fait aussi office de barrière au flux et aux agents pathogènes et irritants des voies respiratoires. Pour relever cet énorme défi, le Dr. Nathan Welham, orthophoniste, et ses collègues ont recréé artificiellement, dans un incubateur, les muqueuses parsemées de plis. Pour ce faire, des fibroblastes et des cellules épithéliales humaines, nécessaires à la bonne élasticité des tissus, ont été isolées, purifiées et cultivées avant d'être assemblées sur une matrice de collagène en trois dimensions, faisant office d'échafaudage. Ce système est similaire à celui qui est utilisé pour cultiver de la peau artificielle en laboratoire. La croissance des cellules sur la structure a ainsi conduit à la formation de tissus élastiques ayant l'aspect de cordes vocales naturelles, humides et élastiques. Produits en deux semaines, les tissus de cordes vocales ont résisté trois mois dans l'organisme d'une souris dont le système immunitaire avait été modifié pour imiter celui des humains. C'est remarquable en regard du risque de rejet pour la plupart des greffes. De plus, après avoir transplanté ces mêmes tissus sur des cadavres de chiens, les scientifiques ont testé leur potentiel de vibration en soufflant de l'air humidifié sur les replis. Contre toute attente, ils sont parvenus à produire des sons aux mêmes caractéristiques que des aboiements. Toutefois, la méthode de culture est loin d'être achevée et la structure des fibres obtenues en laboratoire reste, à ce stade, bien plus simple que celle de cordes vocales matures. Il faudra donc sans doute encore une dizaine d'années avant de procéder à des greffes de cordes vocales artificielles sur l'être humain. Néanmoins, la prouesse qui vient d'être réalisée se veut encourageante et significative. Elle laisse entrevoir la possibilité de traiter efficacement dans le futur les patients souffrant d'un dysfonctionnement des cordes vocales suite à une lésion, une fibrose ou encore un cancer du larynx. Pouvoir restaurer la voix quand elle fait défaut est sans conteste un enjeu de taille. A travers le monde, les personnes qui " n'ont plus de voix " se comptent en effet par dizaines de millions et on sait à quel point la voix est indispensable à la communication et la vie sociale.